[alinoe] Mes critiques en 2010

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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Mer 15 Sep 2010, 11:48

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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar droudrou » Mer 15 Sep 2010, 15:44

alinoe a écrit:
J'ai vu la Horde sauvage 2 fois. N'ayant pas particulièrement apprécié ce côté violent qui touche effectivement tout le monde, l'avoir vu 2 fois, le mois dernier, c'était déjà bien. .


j'ai été plusieurs années avant de revoir La horde sauvage et quand je l'ai revu me suis attaché beaucoup plus à ce qui ne se voyait pas car, de fait, le film comporte de nombreuses ellipses à partir de l'instant où ils ont enlevé les caisses du train. Il y surtout ce côté pessimiste qui marque la fin d'un monde et cette montée au trépas où, en fait, perdu pour perdu qu'importe qui nous accompagnera dans la mort ce qui justifie le carnage final suivi des coups de feux qui abattent les mecs qui accompagnent Thornton... On voit alors Thornton qui monte à cheval et part accompagnant Sikes et des rebelles pour de nouvelles aventures sans issue tandis que nous assistons à une franche partie de rigolade des mecs se riant et se défiant de la mort qui, il me semble, est typique dans la culture mexicaine ! Le grand défaut c'est que nous ne savons rien des paroles de la chanson qui les accompagne et que nous avons précédemment entendu quand ils défilent en procession (procession macabre qui annonce déjà leur destin fatal) devant les habitants du village d'Angel !...
maintenant pour expliquer et justifier aussi mes réactions : je suis un mec ce qui change mon regard sur les choses !
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Beauté du diable (La) - 10/10

Messagepar alinoe » Lun 20 Sep 2010, 21:35

La Beauté du diable

• Date de sortie : 1950
• Réalisé par René Clair
• Film franco-italien
• Avec Michel Simon, Gérard Philipe, Simone Valère...
• Durée : 1h37

10/10
La Beauté du diable (1950)

Résumé : à une époque qui n'est pas définie, dans un lieu qui ne l'est pas davantage… Le professeur Faust, comblé d'honneurs et ayant acquis les connaissances scientifiques les plus étendues, arrive au terme de sa vie et prend conscience de son ignorance. Tenté par Méphistophélès, un envoyé de Lucifer qui convoite son âme, il obtient sans s’engager avec le diable de retrouver sa jeunesse. Il prend l'aspect d'un jeune étudiant Henri, tandis que Méphisto prend lui, l'apparence du vieux professeur Faust…
René Clair, un maître du cinéma alliant avec élégance le fantastique et la poésie. Avec la Beauté du diable, il nous propose sa réinterprétation du mythe faustien.

Son histoire est moins axée sur la recherche de la gloire et du pouvoir que dans les légendes d’origine, et devient une parabole sur la quête de la jeunesse et sur le libre arbitre. Il ne s’agit pas pour Faust d’obtenir la jeunesse éternelle, mais de retrouver cette époque où l’insouciance, la liberté et les plaisirs sont rois. Comme un contrepoint à la solitude et au goût d’inachevé qui l’étreint au soir de sa vie. Plus que les richesses, le pouvoir et la gloire qu’il obtient grâce à Méphisto, c’est l’amour qui lui importe.

Une œuvre baignée d’une lumière et d’une photographie splendides, parsemée d’effets discrets propres à symbolisés le fantastique, telle la voix de Lucifer personnifiée par une musique tonitruante, ou ce miroir où se reflète l’avenir de Faust. Scène à la fois emprunte de poésie et de flamboyance.
Portée par des interprétations magistrales. Michel Simon aussi formidable en Méphistophélès, cabotin, rusé, inquiétant, charmeur, malicieux et faussement compatissant, qu’en Faust bourru, grincheux et désenchanté, au crépuscule de sa vie. Un rôle à la hauteur de cet acteur incomparable, véritable artiste de la démesure. Gérard Philipe, acteur fabuleux, capable de jouer sur tous les registres. Il incarne à la fois l’image de la beauté troublante et tentatrice du diable et un Henri Faust jeune, romantique, désarmant de naïveté et de rouerie.

Un chef d’œuvre du cinéma fantastique à découvrir ou à redécouvrir.
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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Lun 20 Sep 2010, 23:10

:super: jamais vu encore! un achat prochain!
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Zu, Les Guerriers de la montagne magique - 9/10

Messagepar alinoe » Mar 21 Sep 2010, 23:51

Zu

• Date de sortie : 1982
• Réalisé par Tsui Hark
• Film hongkongais
• Avec Yuen Biao, Mung Hoi, Adam Cheng, Damian Lau, Sammo Hung...
• Durée : 1h34

9/10
Zu, les guerriers de la montagne magique (1982)


L’histoire :
Dans le monde des hommes (la Chine féodale du Xème siècle), des soldats s’affrontent dans des guerres perpétuelles entre clans. Un jeune éclaireur tente d’échapper à cette fatalité et se retrouve plonger dans une guerre ancestrale entre des monstres, des démons, des moines et des chevaliers aux pouvoirs surnaturels. Un monstre légendaire est sur le point de renaître et menace l’équilibre de Zu et du monde…


Difficile de faire une critique originale de ce film, tant tout a déjà été dit à son sujet.
Zu c’est un peu le « Star Wars » de Tsui Hark, son film à effets spéciaux. Très éloigné du « réalisme » de The Blade ou de celui de Seven Swords, il nous plonge dans les légendes et dans l’imaginaire chinois.
Zu, c’est surtout le premier Wu Xia Pian que j’ai vu et à la fin de la séance, j’étais complètement déconcertée, mais aussi conquise. Les actions et la narration s’enchainent à un rythme survolté, dans un délire visuel surréaliste et hallucinant. Un foisonnement d’images, d’effets et de personnages propres à perdre le spectateur en chemin, mais aussi à le transporter et à l’enchanter.
Un film spectaculaire, exubérant, intense, frappé de frénésie et véritablement unique en son genre ! Il y a quasiment une idée à la minute ! Ne cligner pas de l’œil, ne vous absentez pas ne serait-ce qu’une minute, ou vous risquez de manquer un revirement capital !!

Le côté surnaturel est rendu par une pléthore d’effets et d’explosions pyrotechniques, de chorégraphies aériennes, d’objets et monstres volants, d’épées magiques et par un festival de lasers chatoyants. Des effets spéciaux « old school » qui ont pour moi, bien plus de charmes que les effets numériques de sa suite et relecture Legend of Zu.

Zu, ce n’est pas tant, l’histoire d’une lutte entre les forces du Bien et les forces du Mal. Mais plutôt l’impossible alliance des serviteurs du Bien, tous figés dans la certitude que leur art martial est le meilleur et qu’ils peuvent réussir sans l’aide des autres à terrasser le démon pour la plus grande gloire de leur école. Une certitude qui les voue à l’échec. Leurs élèves mettront de côté leurs dissensions et tendront à l’unité pour parvenir à leurs fins…
Peut-on y voir une allégorie de la situation de la Chine de l’époque ? Zu pourrait alors être considéré comme un plaidoyer pour la réconciliation et l’unité.

Immense film d’action et de divertissement, dans lequel, Tsui Hark a inventé le cinéma du mouvement perpétuel. Si, si, cherchez bien les passages « calmes », ils doivent se compter sur les doigts d’une main…ce sont le plus souvent des petites pauses comiques destinées à ralentir très légèrement le rythme et à désamorcer la tension.


A noter, que Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin seraient grandement inspirées par Zu. John Carpenter voulant faire découvrir à son public, ce qu’il avait ressenti en voyant le film.
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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Mer 22 Sep 2010, 13:32

Un film pour public averti :mrgreen:
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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Mer 22 Sep 2010, 19:39

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Mario Vs Luigi version jap' :eheh:

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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar alinoe » Lun 27 Sep 2010, 22:39

Un petit air de ressemblance effectivement :lol: :lol:
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Blade Runner - 10/10

Messagepar alinoe » Lun 27 Sep 2010, 23:33

Blade Runner

• Date de sortie : 1982
• Réalisé par Ridley Scott
• Film américain
• Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young...
• Durée : 1h57

10/10
Blade Runner (1982)

Blade Runner est un polar futuriste visuellement envoutant, voir hypnotique, porté par des acteurs habités par leur personnage, tels Harrison Ford ou Rutger Hauer.

Un monument de la science fiction qui frappe en premier lieu par son ambiance. Le spectateur est littéralement happé par l’atmosphère de cette mégalopole noyée dans le brouillard perpétuel généré par les flammes des cheminées industrielles, par cette Jungle urbaine battue par la pluie, faite d’acier, de verre et d’écrans publicitaires, par l’ esthétique rétro-futuriste, proche du style art déco et par la musique mélancolique de Vangelis qui colle parfaitement au rythme lancinant du film.
Dans la décadence de ce Los Angeles du XXIème siècle, se reflète celle de l’homme, désenchanté, qui survit plus qu’il ne vit dans cette atmosphère déprimante et étouffante. Il est en quelque sorte « déshumanisé » par son environnement, asphyxié par la pollution qu’il a crée et assommé par les panneaux publicitaires qui envahissent tout son univers.




D’une part, cette humanité sur le déclin et d’autre part, les réplicants, ces androïdes « esclaves » fugitifs qui cherchent par tous les moyens, même les plus extrêmes, à accroitre leur espérance de vie. Face au désarroi et à la perfection fragile et angélique de Rachael, face au magnifique discours de Batty, face à l’ambiguïté de la « nature » de Deckard, on en vient à ressentir une véritable empathie pour ces êtres éphémères, aux souvenirs factices, à la vie incandescente, qui sont pourtant pour la plupart violents et sanguinaires.
Et là, comme Deckard, on s’interroge inévitablement sur la nature de l’humanité ? Est-ce une question de génétique ? De sens moral ? De mémoires et de sentiments ?
La volonté désespérée de vivre et la peur de la mort, deux émotions intensément humaines qui touchent les réplicants. Bug de conception ou début d’une conscience d’exister, de vouloir partager des souvenirs et de vivre qui les rends plus humains que les fantômes d’êtres humains qui peuplent une Terre à l’agonie.
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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar Heatmann » Lun 27 Sep 2010, 23:41

une autre note que 10 pour blade runner c'est juste pas justifiable, classic , masterpiece intemporelle , hall of fame , GOAT . :love: belle critique :super: d'ailleur j'ai prevue de me le revoir en blu final cut ( enfin ) ces jour ci justment :super:
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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Mar 28 Sep 2010, 10:46

oui une belle critique pour ce film de intemporel et pour toute génération!
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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar Kareem Said » Mar 28 Sep 2010, 21:04

Je n'ai pas du tout le même engouement que la majeure partie de BoM, Blade Runner je lui met un 8, je le trouve trop contemplatif il lui manque un peu de vie. En tout cas c'est beau, c'est sale, ça donne une putain de photographie mais voilà il est un peu chiant quand même, c'est n'est pas LE film de SF.
Je comptais tellement pas le revoir que j'ai refourgué mon BR. :roll:
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Re: [alinoe] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Jeu 30 Sep 2010, 07:33

Pour ma part j'aime le film mais je reste sur la même note et avis que Kareem :super:
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Pour une Poignée de Dollars - 7,5/10

Messagepar alinoe » Dim 10 Oct 2010, 11:22

Pour une poignée de dollars

• Date de sortie : 12 septembre 1964
• Réalisé par Sergio Leone
• Film italien
• Avec Clint Eastwood, Gian Maria Volonté...
• Durée : 1h39

7,5/10
Pour une poignée de dollars (1964)


Résumé : Un cow-boy solitaire arrive à San Miguel, petite ville frontalière déchirée par deux familles rivales, Les Rojo et les Baxter. Il feint de prendre parti pour chacun des clans, afin de leur soutirer le plus de dollars possibles et utilise leur rivalité pour les anéantir.

Premier volet de la trilogie du dollar et première variation sur le thème du chasseur de primes. A mon sens le film le moins abouti de la trinité, qui sert de brouillon à Et pour quelques dollars de plus et surtout au Bon, la brute et le truand. Néanmoins, ce film dont l’histoire est très largement inspirée du Yojimbo de Kurosawa, fait entrer le Western spaghetti dans l’histoire du cinéma.






Les codes établis par Sergio Leone sont déjà là :

    - Dès le générique, la musique est là omniprésente, symphonique, grandiose. Elle accompagne littéralement chaque paysage, chaque action, chaque personnage par des tonalités et sonorités différentes. Elle n’est pas encore totalement ce langage cinématographique qui peut se substituer aux paroles et qui accompagnent les actions dans une parfaite symbiose comme ce sera le cas pour Le bon, la brute et le truand, ou plus encore avec Il était une fois dans l’Ouest. Sans le génie d’Ennio Morricone, celui de Sergio Leone brillerait un peu moins et il n’aurait pas réussi à faire de certains de ces Westerns de véritables symphonies de l’Ouest. Deux artistes indissociables.

    - Dès le générique aussi le ton est donné avec cette couleur rouge omniprésente, couleur du sang et symbole de la violence. L’Ouest n’était pas aseptisé et peuplé d’hommes valeureux prêts à défendre les valeurs morales. Il était fait de poussière, de sang, de crasse et de violence. Mais là où Peckinpah ne voit que la noirceur de l’humanité, Leone crée « des ballets » certes violents et cyniques, mais aussi ironiques et non dépourvus d’humour. Il y a de la théâtralité dans ses scènes de duels mais aussi de l’angoisse et de l’intensité. Les duels mis en scène par Sergio Leone, sont à nul autre pareil, des perfections formelles. L’homme sans nom qui marche nimbé de poussières et de fumée, que les balles n’atteignent pas, comme une figure fantomatique et quasiment fantastique.

    - L’homme sans nom, cow-boy solitaire, chasseur de primes taciturne dont on ne sait d’où il vient et où il va, portant pancho et chapeau, le cigarillo vissé au coin de la lèvre. Sont côté solitaire est amplifié par les paysages désertiques. Sorte de fantôme au passé inconnu, aux motivations floues, cynique, manipulateur et sur de son talent de pistolero. Un style, un homme, Clint Eastwood entré pour l’éternité au panthéon du western. Ni bon, ni mauvais, il loue ses services et son talent de tireur au plus offrant. Il n’y a pas de héros dans les westerns de Sergio Leone, il n’y a que des hommes attirés par l’appât du gain ou motivés par la vengeance avec plus ou moins de sens vaguement moral et de considération pour autrui. Le western selon Leone ou le règne de l’individualisme.

    - Des westerns peuplés de « trognes », de figures pleines de sueur. Dans ce métrage, pas encore de gros plans alternés sur les visages et les yeux pour marquer l’intensité du moment, mais déjà des regards d’acier ou inexpressifs et des rires gras. Déjà aussi, un moment de véritable intensité dramatique, de fureur et de violence absolue, la scène où l’homme sans nom se fait prendre à son propre jeu.

    - Egalement le début d’une certaine modernité : une mitraillette, un gilet pare-balles improvisé. Il y a toujours quelques éléments d’avant-garde dans les westerns de Sergio Leone comme des symboles du progrès en marche.


Un grand western mais pas un chef-d’œuvre :

    - Le film est marqué par un manque d’envergure et de souffle épique. Ce n’est pas que l’histoire soit trop simple, car tous les westerns de Leone sont basés sur des thèmes similaires et assez simples : quête de la prime, du dollar, d’un trésor, de l’argent ou désir de vengeance. Elle manque avant tout d’un contexte propre à la transcender : guerre de Sécession, révolution mexicaine, fin d’une époque et début de la modernité symbolisée par l’avancée inexorable du chemin de fer… Dans ce premier volet, l’histoire est trop confinée, voir étouffée par cette quasi unité de lieu : la ville, et par ce va et vient presque trop répétitif du chasseur de primes entre les deux clans.

    - L’histoire de Marisol fait trop mélo et le petit garçon surjoue, et devient très rapidement agaçant. Du coup, on ne ressent pas vraiment d’empathie pour ces personnages et leur drame devient franchement anecdotique. La touche d'émotion loupe son objectif.
Pour une poignée de dollars, c’est surtout l’acte fondateur du western spaghetti et la naissance d’une star : Clint Eastwood.
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Troisième homme (Le) - 8,5/10

Messagepar alinoe » Mar 12 Oct 2010, 12:12

Le Troisième homme

• Date de sortie : septembre 1949
• Réalisé par Carol Reed
• Film britannique
• Avec Joseph Cotten, Alida Valli, Trevor Howard, Orson Welles
• Durée : 1h44

8,5/10
Le Troisième homme (1949)


Résumé : Holly Martins, un écrivain américain de « romans de gare », est venu retrouver son ami Harry Lime dans la Vienne dévastée de l'après-guerre. Mais celui-ci a trouvé la mort dans un accident de voiture bien mystérieux. Il décide alors d’enquêter sur les circonstances troublantes de « cet accident »…


Le Troisième homme, c’est avant tout un film d’ambiance et une mélodie incontournable jouée à la cithare.



Un décor, une ambiance :
    - Vienne, ville aux vestiges majestueux, ravagée par les bombardements. Ville dépeuplée et quasi fantomatique, qui devient un personnage à part entière du film et que magnifie Robert Krasker par des jeux d’ombres et de lumières et des angles de prises vues improbables qui contribuent à renforcer l’atmosphère inquiétante des lieux et le côté surréaliste, voir gothique de cette ville.

    - Le Troisième homme, c’est un véritable exercice de style en matière de photographie. Un noir et blanc au contraste saisissant comme celui qui nimbe l’enfant accusateur. Qui ne se souvient pas du plan sur la Grande Roue, des scènes de poursuites de cette ombre insaisissable, des apparitions en contre-jour d’Orson Welles, de la lumière intense qui éclaire son visage et son sourire énigmatique ou de la poursuite dans les égouts et de son jeu d’échos. Il est vrai que l’on peut adhérer à ce parti pris, ou bien trouver que tous ces effets de style en viennent à prendre le pas sur le scénario et à le desservir, puisqu’on finit presque par ne plus prêter attention qu’à l’esthétique et plus à l’histoire. Pour ma part, je trouve que les effets doivent être aux services de l’histoire, pas le contraire.



Un zest de polar et le spectre de l’après-guerre :
    - Le surréalisme est encore amplifié par la présence des soldats des quatre nations victorieuses. Les garants de l’ordre dans une ville où règne le marché noir favorisé par la division en quatre secteurs d’occupation. Des soldats qui agissent toujours par quatre au nom des quatre nations qu’ils représentent, séparés des Autrichiens par la barrière de la langue. Chacune de leur action apparait comme une sorte de ballet maniéré et totalement surréaliste. La réflexion sur la tragédie de l’après-guerre est donc abordée de manière très subtile : Vienne en ruine, Vienne déserte, les soldats et les hommes sans morale qui profitent de la situation pour s’enrichir grâce au marché noir.

    - Au contexte historique s’ajoute les codes du polar : truands prêts aux plus viles trafics pour s’enrichir, amitié trahie, enquête, poursuite, femme amoureuse, longs imperméables… La romance naissante entre Holly et Anna, c’est la partie la plus décevante du métrage, tant elle est convenue, prévisible et à déjà été vu cent fois. La seule faiblesse du scénario de Graham Greene et Cie.

Les personnages :
    - Holly Martins écrivain minable qui cherche sa voie et vient retrouver un ami d’enfance à Vienne, qui lui a promis un travail. Un ami fidèle, enquêteur entêté, qui cherche des réponses et qui apparait d’abord de caractère joyeux et qui se retrouve complètement paumé. Son désarroi, c’est le reflet de celui des habitants de la ville. Il devra faire un choix difficile. Un héros divisé et en plein désarroi pour une ville divisée et en ruine. Vienne miroir des états d’âme d’Holly Martins, ou Holly Martins reflet des états d’âme des Viennois. Une belle métaphore. Joseph Cotten interprète avec justesse ce personnage.

    - Orson Welles fascinant de charisme. Ombre énigmatique, personnage arrogant, amoral, tour à tour inquiétant et charmeur. Chacune de ces apparitions est d’une rare intensité et contribue au succès de ce film. Selon la formule consacrée : dès sa première apparition, il bouffe littéralement l’écran.

    - Tous les autres personnages sont des symboles de la situation politique complexe du Vienne de l’après-guerre. L’autorité et la morale représentées par le Major Calloway (film britannique donc point de vue anglais). Kurtz, Popescu, Winkel… ceux qui profitent du système pour s’enrichir. Anna, Le concierge, la vieille dame, les Viennois en général… ceux qui subissent le système et tentent de s’adapter.

La musique :
    - Composée et jouée à la cithare par Anton Karas. Une mélodie célébrée par les critiques et le public. Un air magnifique et envoutant que je trouve pour ma part en total désaccord avec le ton du film. Le Troisième homme est un film sombre dans lequel le héros va de désillusions en désillusions, alors que la musique est enjouée. On devrait parcourir ce Vienne délabré sur des accords mélancoliques, et non pas se balader parmi les ruines et les rues désertes au son joyeux de la cithare. A moins que ce ne soit un contrepoint volontaire aux images, pour souligner le côté « cirque » international de Vienne divisée en quatre zones alliées ? A mon avis : très belle musique, mais pas dans le ton du métrage.


Malgré quelques défauts, Le Troisième homme est un film immense, superbement interprété, aux images et à la musique gravées à tout jamais dans la mémoire.
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