[nicofromtheblock] Mes critiques en 2010

[Scalp]

C'est aussi ça la magie du cinéma : chacun y voit ce qu'il veut y voir.

On appelle ça la branlette

[nicofromtheblock]

Moi, j'appelle ça la stimulation intellectuelle : ça ne te ferai pas de mal de temps en temps

[Scalp]

Et bein de la branlette tu crois que c'est quoi.

[Waylander]

Moi ce qui me fait rire ce sont ceux qui disent qu'un film est un film post-11 Septembre. C'est con de dire ça. Ça vient d'où? T'expose pas ton analyse ni le pourquoi tu affirmes cela et tu l'affirmes comme si c'était une vérité absolue or je vois pas du tout en quoi c'est du post-trauma 11 septembre.

J'ai essayé de l'expliquer dans ma critique. Après chacun a le droit d'interpréter le film comme il le souhaite.
Pour moi, cette métaphore est évidente, pour d'autres elle paraitra tirée par les cheveux ...
C'est aussi ça la magie du cinéma : chacun y voit ce qu'il veut y voir.

Je suis totalement d'accord avec toi mais je comprend pas ta réflexion.
Après c'est vrai que Scalp il pratique pas la "branlette intellectuelle" mais franchement il a raison : au moins i lextrapole pas. Au pire il garde pour lui ce qu'il tire d'un film. J'ai relu certaines de mes critiques et parfois c'est 10X trop long et je m'évade je parle même pas du film je parle de ce que ça m'a procuré, ce qui j'y vois etc...alors que c'st pas ça le but. Ca je dirais que c'est personnel. Maintenant ya des films où ya des messages évidents, des interprétations à faire, ya pleins de films où faut faire marcher la matière grise et ça c'et excellent, ça permet de pas être un spectateur passif qui passe que du bon temps.0 L'art c'est un gros moyen de faire passer des idées, des réflexions etc...et mine de rien ce que Scalp appelle branlette je le définirais plutot comme le chemin que devrait suivre un peu plus l'homme parce qu'on a de quoi réfléchir et prendre conscience des choses donc pourqui pas le faire? Avant tout acte il devrait ya voir une réflexion.

Le défaut de la branlette c'est que le jugement objectif de base est faussé par des idées qui n'ont aucune véracité: de la pure interprétation et du coup bah on extrapole, on extrapole, on est dans le HS, on parle de trucs limite perso et même si c'est bien ça peut amener au débat et pour Scalp: faut pas oublier que derrière la apparence ya toujours un truc. On peut pas se limiter à ce que l'on voit. Ya des plans parfois c'est flagrant que le réalisateur pointe quelque chose du doigt. Ya un ordre de plans qui fait que ya un truc à comprendre etc...après ya pas besoin d'avoir fait philo pour capter. C'est soit ça te parle soit pas. Mais les trucs du style : "ce film est une métaphore excellente de la guerre en Irak" si derrière ya pas d'arguments ça veut rien dire : ça vaut 0. Et la vraie réflexion serait de dire "Je pense que ce film est une métaphore de la guerre machin truc".

[osorojo]

Après il faut faire la part des choses entre une critique perso et une analyse filmique. Dans le premier exercice, le but est justement de dire ce que t'as pensé du film, et pour ma part je conçois ça comme une tribune libre où tu peux dire (quasiment) ce que tu veux. Ça n'implique que ton avis et donc le "je pense" est sous-entendu en début de critique.

Une analyse filmique est un exercice autrement plus complet qui demande un peu plus d'implication. Il faut juste savoir dans quelle cour on veut jouer Pour ma part, je vois la critique comme un partage furtif de ce qu'un film m'a procuré en sensations quand je l'ai vu, afin de donner l'envie ou non à quelqu'un d'autre de le voir.

[Waylander]

Ta dernière phrase veut tout dire.

[nicofromtheblock]

LE DERNIER EXORCISME
Daniel Stamm - 2010
4,5/10

Surfant sur la vague du faux documentaire lancé par Le projet Blair witch il y a plus de 10 ans et remis au goût du jour par des daubes comme Paranormal activity et Phénomènes paranormaux, ce film était vendu comme un film terrifiant digne du classique de William Friedkin. Mieux vaut ne pas s'attendre à grand chose sous peine d'être déçu ...

Le dernier exorcisme suit donc la vie d'un révérend qui pratique l'exorcisme depuis de nombreuses années. Conscient que son métier est une supercherie, il a quand même l'impression d'aider les personnes qui ont souvent plus de problèmes psychologiques d'autre chose. Mais lorsqu'il apprend qu'un gamin est mort lors d'un exorcisme, il décide de faire appel à une équipe de reportage pour le suivre et ainsi dévoiler au grand jour les ficelles de son métier. Ils vont alors se rendre dans une ferme isolée pour pratiquer un exorcisme sur une jeune fille possédée mais rien ne va se passer comme prévu.

On ne peut pas dire que le film brille par son originalité. Il suit la trame du Projet Blair witch pas à pas au point qu'on a presque l'impression d'avoir un copier-coller du scénario. Les 2 reporters suivent le révérend dans ses préparatifs avec quelques interviews à l'appui dans lesquelles on découvre des légendes ancestrales qui prendront leur sens par la suite. Puis leur périple commence tranquillement jusqu'à ce que des phénomènes étranges apparaissent. Ils vont alors se retrouver pris dans un engrenage dont ils ne pourront s'échapper. Comme souvent dans ce genre de film, il y a beaucoup de temps morts entre les quelques scènes de tension et on s'ennuie donc pas mal.

Côté mise en scène, le concept n'est pas respecté à la lettre. En effet, il y a pas mal de faux raccords qui décrédibilise le procédé du documentaire. Alors que Le projet Blair witch avait l'intelligence d'utiliser 2 caméras pour pouvoir gérer les champs/contre champs sans problème, ici il n'y a qu'une seule caméra et on a des changements d'angle de prise de vue impossible à réaliser dans ces conditions. De plus, le réalisateur n'a pas pu s'empêcher de rajouter des musiques d'ambiance sur les scènes de tension. Ça nous fait complètement sortir de cet aspect documentaire ! Je ne comprends pas l'intérêt de choisir un tel concept si c'est pour ne pas le suivre d'un bout à l'autre.

Pour ce qui est de la partie horreur, nous ne sommes pas vraiment gâté non plus : tout est dans la suggestion. Du coup, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent si ce n'est la scène dans la grange qui n'est pas plus flippante que ça. On flippe bien plus sur les scènes où la fille est enfermée dans sa chambre et où l'on entend juste les bruits derrière la porte ! Sinon, on a le droit à une scène vraiment bidon : celle où la fille possédée prend la caméra pendant que l'équipe est en train de dormir et filme sa promenade nocturne. Ce démon est quand même un sacré bout en train. On a l'impression que le réalisateur aimait le concept de Sleepwalker mais qu'il ne savait pas comment l'utiliser.

Côté interprétation, on a le droit à un casting d'inconnus afin de rendre le principe du documentaire plus crédible. Du coup, on peut dire qu'ils s'en sortent pas trop mal. Dans le rôle du révérend, Patrick Fabian (habitué aux apparitions dans les séries TV) reste assez crédible. Louis Herthum fait un bon paysan redneck mais c'est surtout Ashley Bell qui est remarquable dans le rôle de la fille possédée. Quant à la reportrice, elle ne fait que de la figuration et son rôle n'a pas vraiment d'importance ...

Au final, sans être une totale purge à la Paranormal activity, il faut avouer que ce film a pompé à mort sur le modèle du genre (Le projet Blair witch) sans en arriver au même degré de qualité. Même si l'ambiance est plutôt réussie, ça manque de passage vraiment flippant. Pour ma part, le film est décevant et je ne vous le conseillerai pas.

[nicofromtheblock]

NOTRE JOUR VIENDRA
Romain Gavras - 2010
7/10

Être le fils d'un grand réalisateur comme Costa-Gavras doit avoir des avantages surtout quand on se prédestine à faire une carrière dans le cinéma. Mais Romain Gavras n'est pas du genre à se faire pistonner. Après avoir fait ses armes au sein du collectif "Kourtrajmé" au côté de Kim Chapiron et réalisé quelques clips qui ont fait parler d'eux, il se lance enfin dans le long-métrage suivant les traces de son pote qui en est déjà à son second film.

Son film raconte donc l'histoire de 2 paumés qui ont pour point commun d'être roux. Se croyant rejetés par la société à cause de leur différence capillaire, ils vont faire connaissance puis vont partir dans une virée sans réel but. Sans foi ni loi, leur périple va peu à peu se transformer en trip nihiliste où seul compte la survie dans ce milieu hostile. L'Irlande va devenir leur terre promise vers laquelle ils se dirigent cout que coute ...

Autant le dire tout de suite, ce film est bien barré et ne plaira donc pas à tout le monde. Sorte de mélange improbable entre Steak de Quentin Dupieux et Twentynine Palms de Bruno Dumont, il faut avouer qu'on sent que c'est un premier film. La narration est assez brouillonne et ça a tendance à partir dans tous les sens ... Mais ça vaut quand même bien mieux que le premier film de Kim Chapiron, Sheitan qui faisait vraiment film réalisé entre potes. Le principal problème, c'est qu'on ne comprend pas trop le raisonnement des personnages tant ils partent en vrille.

Côté mise en scène, il n'y a rien à dire. Romain Gavras a déjà de l'expérience derrière lui et même avec des moyens réduits, il arrive à nous livrer un film esthétiquement maitrisé d'un bout à l'autre. Il faut dire qu'à quelques exceptions près, il opte pour une mise en scène posée et sans esbroufe à la manière d'un Bruno Dumont. On se laisse donc porter par ce rythme lancinant ponctué par quelques pétages de plomb bien jouissifs.

Le film est en fait une succession de petites séquences toutes plus surréalistes les unes que les autres. Le film commence dans une ambiance bien glauque en nous présentant une petite ville industrielle du nord de la France baignée par le chômage un peu à la manière du "Groland". Puis leur périple va être marqué par différents évènements qui s'enchainent sans aucun lien de cause à effet : la scène du mariage, l'achat de la voiture, les scènes à l'hôtel ou encore le final ... Même sans comprendre les personnages, on kiffe leur manière d'aborder les problèmes qu'ils rencontrent.

Pour ce qui est de l'interprétation, on retrouve 2 habitués de "Kourtrajmé" qui avaient déjà joué ensemble dans Sheitan : Vincent Cassel et Olivier Barthélémy. Le premier se lâche complètement dans ce rôle de mentor philosophe qui prend ce jeune homme sous son aile pour lui apprendre la vie. Mais c'est aussi lui qu'on a le plus de mal à suivre tant est semble dérangé, à la limite de la schizophrénie par moment. Quant au second, il est parfaitement crédible en jeune loser qui va progressivement se découvrir puis se libérer jusqu'à l'excès.

Au final, Romain Gavras nous livre un premier film un peu brouillon mais fort prometteur. Un véritable vent de liberté et d'anticonformisme se dégage de ce film et c'est quand même très osé pour un premier essai. Espérons qu'il continue dans cette voie !

[nicofromtheblock]

Et voici les 2 clips de Romain Gavras qui ont fait parler d'eux :

Justice - Stress



M.I.A - Born free

[Alegas]

J'aime beaucoup Romain Gavras, mais je préfère largement ses clips à son film pour le moment. Comme tu le soulignes très justement, la narration est bien trop brouillonne. Mais si Kim Chapiron a réussi a passer de Sheitan à Dog Pound, j'imagine même pas ce que peut faire Gavras.

[cine-emotions]

Pour ma part, Gavras est loin du talentueux Chapiron. Mais il est prometteur certes. Mais ça ne fait pas Notre jour viendra un bon film.

Ca a un sens au début, puis on s'enfonce dans une fausse mélancolie, un truc sans nom et sans intérêt. L'ennui quoi...

[zack_]

Une analyse filmique est un exercice autrement plus complet qui demande un peu plus d'implication. Il faut juste savoir dans quelle cour on veut jouer Pour ma part, je vois la critique comme un partage furtif de ce qu'un film m'a procuré en sensations quand je l'ai vu, afin de donner l'envie ou non à quelqu'un d'autre de le voir.

[Alegas]

VIRGIN SUICIDES
Sofia Coppola - 1999
8,5/10

Premier film de Sofia Coppola adapté du roman homonyme de Jeffrey Eugenides, Virgin suicides semble presque être un prolongement du premier court-métrage de la réalisatrice : Lick the star. J'ai découvert le film à sa sortie juste après avoir lu le bouquin et je dois dire que j'ai été immédiatement conquis. L'ayant revu 5 ou 6 fois depuis, je trouve que le film vieillit très bien.

Le film raconte la vie de la famille Lisbon dont la père est professeur de mathématiques. Lui et sa femme ont 5 filles âgées de 13 à 17 ans qui sont le centre d'attention de tous les garçons du quartier. Leur mère a donc tendance à les surprotéger ... Lorsque la plus jeune d'entre elles se suicide, tout le monde se demande ce qui a pu se passer et ses 4 sœurs deviennent de vrais sujets de fascination. Mais la famille va devoir surmonter cette épreuve malgré l'incompréhension qui l'entoure.

Un peu à la manière d'American beauty, le narrateur nous annonce dés le départ comment l'histoire va se finir : les sœurs Lisbon vont se suicider. Le spectateur va donc s'identifier à ces garçons du quartier et observer ces filles afin de trouver les éléments qui pourraient les pousser à un tel acte. La voix-off est d'ailleurs bien utilisée pour nous montrer le raisonnement de ces adolescents. On remarquera toutefois que le point de vue masculin est un peu moins marqué que dans le livre. Et c'est certainement dû au fait que le film soit réalisé par une femme.

Le film est assez fidèle au roman même si on pourrait lui reprocher d'être un peu trop court. En effet, j'ai trouvé qu'il y avait 2 passages du bouquin qui auraient mérités d'être développés. Tout d'abord, la campagne de prévention contre le suicide faite à l'école est développée sur tout un chapitre dans le roman et n'est abordé que 30 secondes dans le film. Le deuxième point qui diffère est la fin qui est plus glauque dans le bouquin. Alors que les 4 sœurs meurent simultanément dans le film, l'une d'entre elles se rate dans le livre et doit vivre encore 2 semaines enfermée dans sa chambre avant de réussir à mettre fin à ses jours.

Niveau mise en scène et ambiance, le film est parfait. Dès son premier film, Sofia Coppola fait preuve d'une grande maitrise et met en place un véritable style personnel. Elle arrive à insuffler une ambiance poétique et planante à son film. Il faut dire qu'elle est bien aidée par le travail du directeur de la photographie Ed Lachman ( Ken Park) et par la musique du groupe Air tout simplement sublime ! On est totalement envouté par cette histoire et ces images qui mettent en valeur le côté énigmatique de cette période qu'est l'adolescence.

La construction narrative qui oppose les garçons et les filles en nous montrant le point de vue des garçons et en laissant les agissements de ces jeunes filles à notre propre interprétation est fort judicieux. Le film met en avant la difficulté des 2 sexes à se comprendre, surtout à cet âge là. Il nous présente également les risques de la surprotection des enfants. Les parents ne sont jamais présentés comme les coupables. Ils semblent juste être restés bloqués sur le deuil de leur plus jeune fille au point d'en avoir oublier de s'intéresser aux 4 autres. Aucune d'elles ne semble prédestinée au suicide, elles ne sont pas dépressives et dégagent une certaine joie de vivre (simulée ?). On ne comprendra jamais clairement ce qui les a poussé jusque là mais ça semble être une accumulation imprévisible d'évènements.

Pour ce qui est de l'interprétation, c'est vraiment très réussi. James Woods et Kathleen Turner sont parfaits en parents déphasés et débordés par les évènements. Lui semble s'être totalement déconnecté du monde et elle ne voit pas d'autres solutions que de durcir son comportement pour les protéger ... Parmi les filles Lisbon, c'est Kirsten Dunst qui tient le rôle central. C'est elle qui semble la plus ouverte à la découverte des garçons et c'est donc d'elle que viendra les tensions familiales. A ses côtés, A.J Cook (Destination finale 2), Chelse Swain ( sœur de Dominique Swain) et Leslie Hayman (amie de la famille Coppola) complètent le quatuor en restant assez effacées. Josh Hartnett joue ici le rôle du beau gosse qui fait craquer toutes les filles. Particulièrement à l'aise dans ce rôle, il lui restera coller à la peau par la suite. Enfin, la bande de garçons est joué par des acteurs quasi inconnus : seul Jonathan Tucker a percé depuis. Ils restent néanmoins crédibles dans leur rôle d'adolescents voyeurs.

Pour finir, j'en reviendrai à la musique de Air sans laquelle le film ne serait pas ce qu'il est. La collaboration entre la réalisatrice et le groupe electro français a parfaitement porté ses fruits et le groupe en a même profité pour sortir un album qui va au-delà de la simple BO. Qu'est-ce que j'ai pu écouter cet album !!!

Au final, Sofia Coppola nous livre une adaptation quasi parfaite de l'excellent roman de Jeffrey Eugenides. Traitant avant tout de son sujet de prédilection, l'adolescence, elle arrive à créer une œuvre d'une grande poésie. Une grande réalisatrice est née !

[nicofromtheblock]

Pour compléter cette critique, voici le premier court-métrage de Sofia Coppola ainsi que le clip qu'elle a réalisé pour Air composé d'images de son film et d'autres tournées spécialement pour l'occasion.

Lick the star (1998)



Air - Playground love

[francesco34]

complètement d'accord avec ta critique sur ce superbe film...