7.5/10
Mong ming yuen yeung de Alfred Cheung - 1988
Spoiler
Quand je l'ai découvert il y a une quinzaine d'années, j'avais pris une petite claque car je m'attendais pas du tout à ça (c'était un film ave Yuen Biao quoi et avec lui on a des attentes qui vont pas dans le polar noir). Ici on a donc Yuen Biao en lead et on peut pas dire qu'il ait fait beaucoup de "vrai" polar sans kung fu (0 en fait) et il ici c'est même du polar glauque à la Ringo Lam ou Kirk Wong avec du gunfight sec et sans chichi (une balle et on est mort quoi), pleins de morts atroces et une reprise des thèmes de ces cinéastes avec notamment le quidam qui va devoir lutter contre le système pour s'en sortir.
Bizarre que le film ne soit pas plus connu (du moins quand il est sorti pour la première fois en dvd car aujourd'hui avec le blu ray annoncé chez Le Chat qui Fume on est sur du film qui a forcément sa petite hype), bien entendu il atteint pas le niveau des Woo ou des meilleurs Lam mais c'est vraiment un excellent petit polar et largement le meilleur film de Alfred Cheung (je prends pas beaucoup de risques en affirmant ça même si je suis loin d'avoir vu toute sa filmo).
C'est plutôt bien écrit (par rapport à la moyenne du genre, donc on s'attardera pas trop sur quelques petits détails sauf si on veut enculer des mouches) avec un Yuen Biao qui ne joue pas au héros et qui ne fera pas de prouesses physiques comme à son habitude (enfin il y a une scène ou il se jette par la fenêtre pour se récupérer à un lampadaire et c'est assez impressionnant), il va se retrouver avec une armée de ripoux a ses trousses et pour s'en sortir il va devoir faire équipe avec la tueuse professionnelle (qui ne tue que par des Headshot, la classe) qui a abattu sa femme ( et finalement leur duo est plutôt bien amené, on se dit pas c'est n'importe quoi ce duo). Et c'est parti pour une course poursuite où les cadavres vont s'accumuler et où le nihilisme n'est jamais loin, vu que c'est du polar HK on se doute que tout le monde peut y passer mais ça fait tout drôle de voir mourir la grand mère d'un headshot puis la petite fille surtout qu'a ce moment là du film on s'attend à ce qu'elle s'en sorte (et ouais les coréeens ont rien inventé), du coup la fin ça surprend aussi de voir Biao et Ha s'en sortir vivant, même si un texte conclut le film en disant que leur bateau s'est fait arrêter, car a priori c'est une histoire vraie, c'est très concis en 1h30 c'est raconté et bien raconté.
Les rares scènes intimiste du film fonctionnent bien notamment le passage avec la gamine et la tueuse, c'est jamais niais et ça a même une utilité pour poser un headshot donc c'est cool.
Il y a même un sous texte sociale avec la rétrocession qui approche (bon en même temps rare sont les polars HK a ne pas évoquer ce truc) et les Hongkongais qui veulent quitter le pays ou gagner un max de fric avant la date fatidique.
Belle surprise au niveau de la réalisation, Alfred Cheung j'ai pas vu grand chose et le peu que j'ai vu c'est pas marquant, je m'attendais donc pas à ce que ce soit aussi chiadé (belle photo bleutée typiquement 80's qui renforce le coté urbain nocturne du film), les premières scènes avec Patricia Ha sont esthétiquement vraiment réussies et l'exécution de son contrat est bien stylé ( j'adore le plan où le voile tombe sur la tête trouée de 2 balles), il y a quelques compositions de plans vraiment réussis et très esthétiques ( le gros plan sur les 2 visages dans l'embrasure de la porte est vraiment parfait ), et pis quel talent pour filmer des balles dans la tête.
Biao assure bien dans le premier rôle et il arrive à donner l'intensité dramatique que requiert son personnage (on pourrait lui reprocher un petit coté amorphe mais ça me choque pas) et il prouve qu'il n'a pas besoin de faire de cabrioles pour être bon dans un film mais il se fait voler la vedette par la ravissante Patricia Ha, qui est plus que convaincante en tueuse froide et attachante, du coté des méchants on retrouve la crème de la crème avec Charlie Chin, Yuen Wah, Lo Lieh et Philip Ko, qui sont pas d'ailleurs pas là pour faire du kung fu car le film n'a pas de scène de tape.
La BO de Violet Lam est vraiment excellente.
Film qui a bien été réhabilité depuis sa sortie et a aujourd'hui un petit statut (mérité), un polar urbain typiquement 80's a ranger avec les
Long Arm of Law (à savoir que c'est du vrai polar et pas du film d'action) et meilleur Yuen Biao solo avec
Righting Wrongs.