Oui, j'essaye d'aller voir les films dont on parle peu (dans la limite du possible j'habite pas Paris même non plus).
Bon, sinon la critique de la Palme d'Or 2010, Oncle Boonmee.
Proclamé chef d'œuvre du septième art par la récompenses ultime à Cannes en 2010, Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) est une erreur à vite oublier.
Les apparitions magiques de sa femme défunte et de son fils disparu depuis des années confirment à Oncle Boonmee que sa fin est proche. Dans son domaine apicole, entouré des siens, il se souvient alors de ses vies antérieures. Accompagné de sa famille, il traverse la jungle jusqu'à une grotte au sommet d'une colline, lieu de naissance de sa première vie.
Cannes et ses Palmes, toute une histoire qui a fait jaser, toucher ou ennuyer. La dernière Palme attribué à Apichatpong Weerasethakul (un habitué de Cannes puisqu'il est déjà passé avec Blissfully Yours et Tropical Malady) rentre dans la dernière catégorie. Cela fait bien longtemps que Cannes n'avait pas récompensé un film aussi ennuyeux et aussi complexe (les adorateurs parleront d'un film mystique plutôt). En créant la surprise, Tim Burton a opté pour le film de l'étrange, loin des cahiers des charges hollywoodiens. Son jury récompense ainsi un film étonnant et assez libre, esthétique par l'image mais d'une lourdeur incroyable, principal défaut d'un film qui n'arrive jamais à captiver et qui perd le spectateur dans les méandres d'une histoire sans queue, ni tête. Et peut-être même sans corps.
Le cinéma asiatique est souvent difficile à cerner tant il est loin des conventions occidentales. Weerasethakul fait partie de ces réalisateurs loin de ces conventions, préférant un cinéma étonnant et souvent déconnecté d'une certaine réalité. Oncle Boonmee incarne à la perfection ce décalage, avec un film largement traditionnel à l'image et un poil moderne d'un autre côté. Puis il y a cette grosse part de l'étrange, l'apparition de ces deux fantômes, sa femme et son calme apaisant, et son fils devenu un homme singe. Puis le spectateur se lance dans les fameuses vies antérieures de Boonmee, et on tombe notamment sur le passage du poisson-chat, ou comment il arrive à s'offrir une princesse, dans l'eau. C'est saugrenu, suggéré et complètement décalé. Le genre de convention qui se risque à ennuyer un spectateur. Au lieu de reposer ce dernier, il le plonge dans une espèce de réflexion interminable sur le pourquoi du comment.
Oncle Boonmee est l'adaptation d'un ouvrage titré A Man who can recall his past lives qui raconte l'histoire vraie de cet homme, Boonmee, qui était venu voir un moine dans un temple du nord-est de la Thaïlande, et lui avait raconté que lorsqu'il entrait en méditation, il pouvait faire revenir ses existences passées. A la vue de cette histoire, on comprend bien que ce n'est pas si clair qu'il n'y paraît. Weerasethakul justifie ce film par la passion des réincarnations et la croyance en la multiplication « des strates temporelles et des vies ». Autant dire que le sujet est passionnant, mais le film l'est bien moins. On peut au moins se satisfaire du décor de tournage (la jungle de l'Isan, en Thaïlande) et de la photographie qui va avec, complétant une réalisation esthétique et satisfaisante.
Lenteur des dialogues, difficulté à captiver le spectateur par l'action, scénario embourbé et cela malgré une réalisation esthétique et une carte postale de l'Isan magnifique, Oncle Boonmee est très loin d'être une Palme d'or convaincante, bien au contraire.
NOTE : 4.5 / 10