Michael Mann est clairement un réalisateur qui divise. Adulé par certains, détesté par d'autres, Un seul film de sa filmographie semble mettre tout le monde d'accord :
Heat, son ultime chef-d'œuvre, sans aucun doute le film de sa vie. Et pourtant, il serait dommage d'oublier que Mann est loin d'être l'homme d'un seul film.
Collateral le prouve et ce, malgré les quelques défauts que l'on peut reprocher au métrage.
Tout d'abord, il faut souligner que
Collateral entretient de nombreux rapports avec son grand frère
Heat. Polar sombre, confrontation de deux hommes venant de milieux différents, même lieux de tournage, on pourrait même se plaire à penser que Vincent est bien le frère dont parle De Niro tant certains détails sont inévitables : même coupe de cheveux, même costard et surtout même philosophie de la vie. Ainsi,
Collateral est sans aucun doute le film de Mann qui se rapproche le plus de
Heat tant sur le fond que sur la qualité du métrage en général. Car
Collateral, à défaut d'être un chef-d'œuvre au même rang que
Heat n'en est pas moins un grand film.
Tout d'abord, signalons que le tournage du film en HD est clairement un parti-pris artistique réussi. Alors que l'on peut reprocher à
Miami Vice ou
Public Ennemies de trop s'éloigner de la mise en scène auquel Mann nous a habitué dans les années 90,
Collateral est le juste milieu entre son expérimentation de la HD et sa mise en scène inspirée. Pas de tape à l'œil donc mais toujours de très belles images bien pensées avec des plans à l'épaule très sympathiques (le mouvement de caméra suivant le regard de Vincent ou encore le dernier plan dans l'aéroport). Entre une première partie de film posée et une seconde qui devient bien plus nerveuse et rythmée, Mann signe quelques unes de ses plus belles scènes, notamment cette superbe filature dans une boîte de nuit qui tourne au carnage ou encore ce final grandiose dans la même station de métro où débutait
Heat, le tout sur un scénario travaillé, surprenant et profond. On pourrait seulement reprocher au cinéaste d'user un peu trop de chansons pendant la première partie, la deuxième passant beaucoup mieux avec un score très agréable à écouter. Dommage donc mais cela est loin de gâcher l'immense plaisir que procure le film, plaisir qui vient notamment des deux acteurs principaux : Jamie Foxx et surtout Tom Cruise qui trouve là son meilleur rôle avec celui de
Magnolia. Le duo est supporté par une belle brochette de seconds rôles avec notamment un Javier Bardem ultra classe ou encore un Mark Ruffalo méconnaissable.
En bref, on se trouve là devant un grand film, le meilleur de Michael Mann après
Heat. En espérant qu'il nous sorte encore une fois un film de cette trempe très bientôt.