2/10
Cop de James B. Harris - 1987
Alors forcément mon avis est parasité par le roman que j'adore mais je pense que même sans le roman j'aurais trouvé le film mauvais.
Si même un génie comme De Palma s'est cassé les dents sur Ellroy avec son très mauvais Dahlia Noir, que pouvait faire ce pauvre tâcheron de Harris ( alors oui y avait bien la jurisprudence Curtis Hanson gars pas bien doué qui a été touché par la grâce sur LA Confidential ), bien rien tout simplement, ça ressemble un peu à du Ellroy mais de loin très très loin, après c'est toujours une mauvaise idée de regarder un film après la lecture d'un roman, mais cette seconde vision ne réhausse vraiment pas le métrage.
Ca commence mal avec un titre bien pourri : Cop, c'est quoi ce titre à la con, tout ça parce que Robert Wise a fait sa pince et pas voulu qu'on utilise le titre original qui était aussi le titre d'un de ses films ( Blood on the Moon ).
Pas grand chose à sauver dans ce film à part un James Woods plutôt bon (même si il ressemble pas trop au Hopkins de Ellroy, il ressemble à James Woods et toute la gouaille qu'on lui connaît), le corps très bandant de Randi Brooks et le plan final avec la punchline qui tue, le reste pfff. Lesley-Ann Warren gâche un personnage en or massif dès son arrivée le film devient chiant alors que jusque là il était déjà pas bien passionnant (que c'est long quand elle est à l'écran et y a une scène centrale de rdv qui dure 3 plombes, paye tes dialogues en carton). Les libertés prises avec le roman sont nulles ( on change les motivations du tueur, on change son trauma et ça donne un truc complètement con, le passé de Hopkins est zappé alors que c'est important dans le roman car ça explique son obsession pour les meurtres de femmes ici il est même transformé en meurtrier sommaire alors que dans le roman il tue toujours en état de légitime défense ( ici il vide carrément son chargeur sur chaque victime ) et le coté queutard du perso est quand même bien mit de côté du coup (bon il baise quand même hein) au lieu d'être devant un perso typiquement Ellroy on se retrouve devant un énième vigilante à la Paul Kersey.
Dans le roman le fait qu'on suive les actes du tueur amenait un réel plus ici le tueur on le voit seulement dans les 5 dernières minutes, Woods étant coproducteur il se met même dans 95% des scènes du film et c'est quand même vachement problématique ce coté enquête sur un mec qu'on voit jamais, sinon le L.A de Ellroy toujours un personnage à part entière de ses romans est ici complétement zappé (ou presque), le film se passerait à New York que ce serait exactement pareil.
La partie enquête si riche et si passionnante dans le roman est ici complétement insipide et chiante et l'intrigue est simplifiée au maximum ( alors quand c'est pour LA Confidential ou Dahlia qui sont des romans fleuves se déroulant sur plusieurs années c'est compréhensible mais ici putain l'intrigue ici est vraiment de courte durée dans le roman c'est vraiment épuré y a pas de digression ).
Le coté Hard Boiled de chez Ellroy est ici réduit au strict minimum : 2 découvertes de cadavres et c'est tout alors que dans le roman on a notamment un meurtre ultra barbare ou le tueur vide son chargeur dans le cul d'un gars, heureusement il a gardé la scène où Hopkins raconte des histoires à sa fille de 9 ans, de loin le passage le plus badass du film.
Que ce soit une mauvaise adaptation ça aurait pu passer si le film avait proposé des trucs sympas mais non y a vraiment rien à se mettre sous la dent.
Le climax final d'un point de vue technique est plutôt pas mal torché ( même si on tricard la doublure de façon bien trop flagrante, bein oui filmer une doublure de face à 3 mètres c'est pas génial comme idée ).
Sinon y a des trucs complétement débiles comme Woods qui lorsque découvre le premier corps de façon très correct fout ses empreintes partout dans l'appartement, tu parles d'un super flic.
La BO comme tout polar 80's qui se respecte est bien pourri (et pourtant j'aime le saxo).
Pour un film comme ça fallait Friedkin derrière la caméra, mais non on a un producteur qui s'est improvisé réalisateur (et scénariste en plus) et ça se voit, et à la place du polar hardboiled espéré on a un truc léthargique. La prochaine fois je relirais le roman.