KICK-ASS de Matthew Vaughn
Attention Spoilers!"Dave Lizewski est un adolescent gavé de comics qui ne vit que pour ce monde de super-héros et d'incroyables aventures. Décidé à vivre son obsession jusque dans la réalité, il se choisit un nom, se fabrique lui-même un costume, et se lance dans une bataille effrénée contre le crime. Il est Kick-Ass."Après avoir produit les deux premiers succès de Guy Ritchie et avoir réalisé les très bons Layer Cake et Stardust, Matthew Vaughn se lance dans l’adaptation du comic book controversé de Mark Millar, Kick-Ass. On peut même parler ici de co-adaptation, puisque Millar et Vaughn ont développés en parallèle le scénario du film et du comics.
Le scénario est constitué de deux trames narratives bien distinctes, la naissance et l’évolution d’un "super héros" sans pouvoir, et la vendetta meurtrière de Big Daddy et Hit Girl. Ce qui permet des ruptures de tons toujours surprenantes, où le spectateur passe constamment du rire à l’émotion (parfaitement symbolisée par la première intervention de Kick-Ass, où humour et drame se confondent).
Car Kick-Ass n’est pas vraiment un "comic book movie" classique. Mélangeant la comédie ado, le vigilante movie et les films de gangsters, Kick-Ass est aussi une réflexion sur l’individualisme et sur la place des héros dans notre société.
Reprenant une trame classique de comic book, Vaughn s’amuse à dynamiter les codes de la narration, jonglant constamment entre premier et second degré, blindant son film de références multiples et n’hésitant pas à conserver le ton cynique et violent de l’œuvre originale. Une sorte de Kill Bill du film de super héros.
Mais le scénario n’est pas le seul point fort du film. Son casting est également une vraie réussite. Tout d’abord, les deux révélations du film : Aaron Johnson et Chloé Moretz. Jouant respectivement les rôles de Kick-Ass et Hit Girl, leurs performances frisent la perfection.
Nicolas Cage assure dans le rôle de Big Daddy, imitant allégrement le jeu et la diction d’Adam West (le Batman de la série des années 60), et nous fait oublier en seul film une décennie de performances douteuses.
Christopher Mintz-Plasse (Mc Lovin dans Superbad) dans le rôle de Red Mist est comme toujours très drôle, et s’avère particulièrement bon dans un registre plus sérieux (la seconde moitié du film).
Le Bad Guy est interprété par l’excellent Mark Strong, souvent cantonné à ce genre de rôles, et qui prend vraisemblablement un pied monstrueux à jouer un gangster hors norme, qui vit dans un énorme appartement aux références artistiques multiples (notamment deux magnifiques tableaux d’Andy Warhol : les revolvers), et qui est manifestement dépassée par la situation.
La réalisation est elle aussi très efficace. Les scènes d’actions, même si peu nombreuses, sont très lisibles, et Vaughn sait toujours où placer sa caméra pour rendre ses persos iconiques (surtout Hit Girl). Les transitions entre chaque scène sont superbes, reprenant souvent un élément du décor pour passer d’un plan à l’autre. Il assure également dans le registre plus codé de la Teen comédie, en dépeignant le quotidien de ces ados de manière assez réaliste (la love story est bien plus intéressante que celle d’un Spider-Man par exemple) et souvent touchante.
La particularité de Kick-Ass est aussi sa violence et son ton volontairement cynique. Même si les scènes d’actions sont moins gores que dans le comics et que certains détails too much sont passés à la trappe (Hit Girl sniffe de la coke dans la BD), elles constituent tout de même un sommet dans ce type de production, et on comprend mieux pourquoi aucun studio n’a voulu produire le film (Kick-Ass est une production indépendante à 30 millions, dans laquelle Brad Pitt a mis de l’argent). Voir un père et sa gamine de douze ans découpés ou flingués des dizaines de gangsters n’est pas politiquement correct, tout comme un héros en devenir qui se paluche devant son PC, mais c’est aussi ce qui fait la force et l’originalité de l’œuvre.
Pour toutes ces raisons, Kick-Ass est une des meilleures adaptations de comics à l’écran, côtoyant les réussites que sont les Hellboy, Blade 2 ou encore The Dark Knight, et font de Matthew Vaughn un réalisateur à suivre de très prés. La Fox ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisque Vaughn doit mettre en scène le prochain X-Men First Class.
9/10