AUX PORTES DE L’AU DELA (FROM BEYOND) de Stuart GordonAttention Spoilers !
"Deux chercheurs en paranormal, le Dr Pretorious et son assistant Crawford Tillinghast, mettent au point un appareil censé stimuler la glande pinéale, organe peu connu situé dans le cerveau. Lors de la première expérimentation du résonateur, d’étranges formes apparaissent, flottant dans les airs. Celles-ci attaquent les deux scientifiques et seul Crawford s'en sort indemne. Interné après avoir voulu raconter son histoire, une jeune psychiatre décide de s'occuper de lui et lui demande de retourner dans la maison du Dr Pretorious afin de reconduire l'expérience."Après avoir adapté une première fois Lovecraft avec son Re-Animator, Gordon récidive avec From Beyond. Toujours porté par la même équipe (acteurs, scénaristes, producteurs), le registre est ici totalement différent. Re-Animator était une comédie horrifique bien gore, From Beyond est beaucoup plus sérieux et glauque.
En effet, les thématiques abordées se rapprochent plutôt de celles de Cronenberg, notamment les liens de la chair et de l’esprit, mais le film traite également du rapport à l’au-delà et des croyances qui en découlent. Les métaphores sexuelles pullulent également, que ce soit la forme phallique des « monstres », les discours bien salaces du Dr Pretorious (avec une scène qui fait penser au manga érotique Urotsukidoji) ou encore lors d’une scène troublante et sensuelle où la psy dévoilera ses penchants sadomasochistes.
Les acteurs, peu nombreux, sont très bons. Jeffrey Combs est comme souvent au top, Barbara Crampton est plutôt bonne dans le rôle de la psy, Ken Foree (révélé par Zombie de Romero) livre une interprétation correcte du flic totalement dépassé par les événements, et Ted Sorel s’en donne à cœur joie dans le rôle du libidineux docteur.
La réalisation, sans être magistrale, est très efficace et dans la continuité de son précédent film. Gordon arrive à créer une grosse tension dans certaines scènes, en utilisant la musique et les effets à bon escient. Il est vrai que le film est moins gore et déjanté que Re-Animator, mais la violence reste surprenante (notamment quand Crawford suce le cerveau des passants dans le dernier tiers du film).
Le rythme est soutenu (comme souvent chez Gordon) et on ne s’ennuie pas une seconde. Les maquillages sont très réussis et collent parfaitement au coté craspec de l'œuvre.
Pour conclure, même si From Beyond est inférieur à son précédent long métrage, il prouve néanmoins que Stuart Gordon est un des artisans les plus doués pour la série B horrifique, et que Jeffrey Combs est un des meilleurs acteurs du genre.
7,5/10