3 Days of the Condor (1975) by
Sydney Pollack ---
8.5/10Les Années 70 ont vu naître un genre qui a vu défiler certains fleurons de l'industrie cinématographique comme
All the President's Men (1976) d'
Alan J. Pakula. Ce genre, c'est
le Film de conspiration ou
le thriller politique...
Oeuvre post-Watergate, le Film de
Pollack sort 3 ans après le scandale qui obligea Richard Nixon à démissionner. L'empreinte est lourde de conséquences dans les mentalités des citoyens Américains et le pays entre peu à peu dans une ère mélangeant soupçon, complot et paranoïa. Certains metteurs en scène profitent de ce climat pour créer un genre tout en exprimant sans propagande leur opinions politiques de l'époque.
Même si le Film de conspiration semble avoir été mis en place 10 ans avant le scandale du Watergate par
John Frankenheimer et
The Manchurian Candidate (1962), on ne peut que reconnaître que son "explosion" s'est faite après le scandale pré-cité et notamment par le biais d'Oeuvres tels que
The Parallax View (1974) d'
Alan J. Pakula ou encore
The Conversation (1974) de
Francis Ford Coppola...
Pour en revenir à
3 Days of the Condor, il débute par une scène de fusillade très réussi dans un bâtiment abritant officieusement un des nombreux départements du contre-espionnage Américain à savoir la C.I.A.. 'Joseph Turner' (
Robert Redford) s'en sort grâce à un chanceux concours de circonstances et va se retrouver, malgré lui, isolé du monde, recherché par des agents du gouvernement et bien décidé à faire éclater la vérité sur les causes de cette tuerie. L'homme simple et joyeux de vivre va devoir se transformer en être méfiant et calculateur s'il veut se débarrasser des tueurs lancés à ses trousses. Même si sa formation de base est davantage technique que militaire, son instinct de survie le guidera non sans mal...
Pour ce faire, il lui faudra forcément l'appui de quelqu'un de confiance. Et 1ère surprise agréable de
Pollack, plutôt que de s'orienter vers une connaissance de 'Joe Turner', ce dernier choisit l'option de prendre une inconnue en otage et de l'amener sans trop de contraintes à lui proposer son aide. La charmante et talentueuse
Faye Dunaway incarne ce personnage plein de caractère et de cynisme.
Ce qui surprend à plusieurs reprises dans
3 Days of the Condor, c'est le côté visionnaire de
Sydney Pollack. Le couple
Redford/Dunaway, excellent au demeurant, va rapidement avoir une relation sentimentale qui m'a immédiatement fait penser au 'Syndrome de Stockholm', syndrome issu à la base d'une prise d'otage ayant eu lieu dans une banque de cette ville le 23 Août 1973. Cependant, ce Syndrome ne fut décrit pour la 1ère fois qu'en 1978 par le psychiatre Américain
Frank Ochberg qui lui donna ce nom. Pour être complet et vu que
Redford est également attiré par
Dunaway, on peut également dire que
Pollack traite aussi du 'Syndrome de Lima'. Cette relation qui se noue entre les 2 comédiens est une des réussites de ce Film qui nous dépeint une romance loin des sentiers battus et en harmonie avec le climat noir, étrange et parano...
La seconde surprise positive de
Pollack réside dans son choix d'acteur concernant le personnage du tueur free-lance 'Joubert' en la personne du génial
Max Von Sydow. Au départ, on semble s'orienter vers une description assez classique de ce genre de personnage à savoir un être froid et implacable. C'est ce qu'il est effectivement mais pas que ça, la suite nous en apprend bien plus sur sa véritable personnalité. En cela,
Sydney Pollack fait très fort dans le développement de ses personnages, ils sont au final peu nombreux mais sont globalement bien travaillés au service de l'intrigue. Autre point fort donc. A noter qu'au départ,
Pollack voulait
Lino Ventura pour interpréter le rôle de 'Joubert'. Pour en revenir à
Max Von Sydow, énigmatique et menaçant, la scène de l'ascenseur avec
Redford est excellente, on sent le suspense se tendre petit à petit et on sent que 'Turner' n'a jamais été aussi prêt de la mort. Y'a pas à dire, les Années 70 savaient filmer les scènes d'ascenseur et même si celle-ci n'est pas du même niveau que celle de
Dressed to Kill, elle restera marquante...
Autre bon point de casting :
Cliff Robertson. Dans le rôle du responsable du bureau de New-York, c'est l’exemple type du haut fonctionnaire dont on ne sait jamais de quel côté il se trouve, couvrant les pires comportements de son service tout en se portant au secours de 'Turner'...
Dommage que le rythme du Film ait des petits coups de mou par instant. Mais ceci est rattrapé par une intrigue intéressante. Tiré d'un roman à la source, le scénariste
David Rayfiel aidé par
Pollack va tellement faire évoluer le matériau d'origine qu'on pourrait presque parler de scénario original. La musique jazzy mais discrète de
Dave Grusin est également un point positif...
Plus haut, je parlais du côté visionnaire de
Sydney Pollack dans cette Oeuvre. Quelque chose m'a énormément marqué également : c'est le sujet du Film qui amène aux assassinats du début.
Comme disait
Pierre Desproges, étonnant non ?!?!
Enfin, le final surprend également et la "réévaluation" du personnage de
Max Von Sydow aide en cela. Je m'attendais à quelque chose de plus "formaté" mais j'oubliais, nous sommes en 1975 et le ton de l'époque était résolument plus couillu qu'aujourd'hui. De nos jours, il n'y a guère que le Cinéma Indépendant qui nous gratifie de scènes politiquement incorrectes. N'oublions pas ce plan final de
3 Days of the Condor et surtout les 2 dernières phrases:
La réponse simpliste d'Higgins en dit long et on peut y voir encore une prophétie de la part du Réalisateur de
Jeremiah Johnson quant à l'objectivité des Médias aujourd'hui contrôlés, manipulés et muselés par les gouvernements...