Christopher Nolan - 2010
8,5/10
Christopher Nolan nous plonge donc dans un monde où les multinationales ont trouvé le moyen d'espionner leurs concurrents en engageant une équipe d'explorateurs de rêves. Leur travail consiste à pénétrer dans les rêves d'une personne afin d'y chercher ses secrets les plus enfuis. A ce jeu, Cobb est le plus doué d'entre tous. Mais un jour, on lui propose d'aller plus loin : au lieu de simplement espionner un rêve, il va falloir faire une inception, c'est à dire implanter une idée dans la tête de quelqu'un en lui faisant croire qu'elle vient de lui. Un exercice périlleux ...
Malgré quelques petits défauts, il est indéniable que Christopher Nolan est un grand scénariste. Il faut une imagination débordante pour créer un tel monde de toute pièce et surtout réussir à le rendre crédible. Il est clair qu'il ne laisse rien au hasard et qu'il nus amène où il veut d'un bout à l'autre du film. Je reprocherai juste au réalisateur de trop s'étaler sur les explications : ça passe bien la première fois mais en le revoyant, on s'aperçoit bien qu'il nous mâche le travail de réflexion. En même temps, il faut dire que le film se veut être un blockbuster tout public donc le rabachement d'explications était inévitable ...
Pour ce qui est de la mise en scène, le réalisateur continue de s'améliorer de film en film. Inception fourmille d'idées plus bluffantes les unes que les autres. Et visuellement, on voit où est passé le budget. On se prend une bonne grosse claque ! Le seul point où il y aurait quelque chose à redire, c'est les scènes d'action. Et encore, personnellement j'ai bien aimé la scène du couloir d'hôtel avec Joseph Gordon Levitt. C'est sûr que ça ne vaut pas Matrix mais ça reste franchement réussi dans le genre. Ce que j'ai le moins aimé, c'est toute la séquence avec le bunker dans les montagnes enneigées ... ça fait vraiment trop penser à du James Bond et ça n'est pas particulièrement bien mis en scène. Mais les quelques lacunes de Nolan sur les scènes d'action ne gâchent en rien l'ensemble.
Tout le reste est au top : photographie, effets spéciaux, montage, musique. Niveau photographie, Wally Pfister continue sa collaboration avec le réalisateur de façon magistrale pour notre plus grand plaisir. Rêves comme réalité, tout est mis en images avec le plus grand soin et ça se ressent. Côté effets spéciaux, on est également bien bluffé. Les passages de rêve sont d'une grande imagination : il suffit de voir ces rues de Paris qui se replient sur elles-même ou encore cet hôtel sans apesanteur ou ces limbes qui tombent en ruine. Il est impossible de rester de marbre devant tant d'idées. Le montage a aussi une place importante sur ce film : réussir à emboiter les différents rêves sans perdre le spectateur en route n'était pas chose facile. Il est juste dommage que les explications sur la temporalité entre les différents niveaux de rêve ne soient jamais présentées clairement ... On a l'impression qu'ils font un peu ça au pifomètre alors que tout est sensé être calculé dans les moindres détails ! Enfin, Hans Zimmer nous livre une composition dans la lignée de celle de The dark knight et participe à l'univers inquiétant dans lequel nous plonge le film.
L'interprétation, quant à elle, est très réussie. Je dois avouer que, pendant longtemps, je n'étais pas fan de Leonardo DiCaprio mais il est indéniable qu'il est devenu l'un des meilleurs (voir le meilleur) acteurs de sa génération. Il porte vraiment le film sur ses épaules avec ce rôle qui rappelle un peu celui qu'il tenait dans Shutter Island. Il est doué pour interpréter des personnages torturés intérieurement et Martin Scorsese comme Christopher Nolan ont profité pleinement des ses talents. Autour de lui, on retrouve une jolie brochette d'acteurs qui remplissent chacun leur rôle. Joseph Gordon Levitt, Tom Hardy, Ellen Page, Cillian Murphy, Ken Watanabe, ils tirent tous le meilleur de leur personnage respectif. Et heureusement qu'ils sont là pour tirer leur personnage vers le haut car il faut avouer que le film est un peu trop centré sur le personnage de Cobb et qu'il n'était donc pas évident de captiver les spectateurs avec ces rôles de "faire-valoir". La preuve que la chose n'était pas facile puisque Marion Cotillard qui tient pourtant un rôle important, passe un peu à travers. Du coup, la relation de couple entre DiCaprio et Cotillard manque d'impact émotionnel et c'est bien dommage.
Enfin, je terminerai sur mon interprétation du film :
Enfin, malgré l'abondance d'explications, il reste de quoi réfléchir et chacun pourra interpréter le film de sa propre façon.
Au final, Christopher Nolan arrive parfaitement à associer "blockbuster" et "film d'auteur" et en cela, il réussit un véritable exploit que personne n'avait fait avant lui. Bien plus qu'un Avatar, il révolutionne le cinéma tel qu'il était conçu jusqu'à maintenant. Mais la question est de savoir si d'autres réussiront à s'engouffrer dans la brèche en nous offrant des films riches, intelligents et divertissants à la fois.