Alice au Pays des Merveilles |
• Date de sortie : 24 mars 2010 • Réalisé par Tim Burton • Film américain • Avec Johnny Depp, Mia Wasikowska, Helena Bonham Carter, Anne Hataway • Durée : 1h48 |
7/10 |
Alice au Pays des Merveilles (2010)
Résumé : Alice est une jeune fille de 19 ans distraite et rêveuse qui disparait en pleine cérémonie de fiançailles et se retrouve une nouvelle fois au Pays des Merveilles…
Ce film est un zest « d’Alice au Pays des Merveilles », saupoudré d’une pincée de « De l’autre côté du miroir » et d’une once du « Jabberwocky ». Une relecture « burtonienne » et « disneyenne » de l’univers onirique de Lewis Carroll. Probablement aussi une très libre adaptation de la trilogie de Frank Beddor : « Les guerres du miroir », elle-même largement inspirée des œuvres de Lewis Carroll.
Les animaux fabuleux et certains personnages sont plutôt fidèles aux illustrations de John Tenniel, le premier illustrateur des aventures d’Alice. Notamment le Jabberwocky , le lièvre de Mars ou encore le Lapin Blanc quasi copies conformes.
J’ai apprécié l’introduction très « Jane Austen » et la subtile critique de cette société victorienne trop figée dans ses certitudes et ses conventions.
Wonderland est en tout point, un hymne à l’excentricité avec un léger aspect cauchemardesque (le château de la Reine Rouge, les têtes qui flottent, les paysages dévastés par le souffle du Jabberwocky…). Plus pays des songes inquiétants avec ses tonalités parfois sombres et ses terres plus ou moins désolées que pays des rêves, et du coup beaucoup plus fidèle sur ce point particulier, aux œuvres originales que le dessin animé des années 50 aux couleurs pimpantes. Néanmoins le métrage ne manque pas non plus de scène aux couleurs acidulées. On notera quelques clins d’œil à la carrière de Tim Burton (l’arbre de Sleepy Hollow, Les topiaires façons Edward…).
Une belle galerie de personnages attachants et bizarres : Une Alice convaincante, d’abord perdue et ballotée par les évènements, qui s’affirme peu à peu comme une jeune femme déterminée. Très éloignée finalement de son homonyme littéraire, assez lisse et souvent agaçante.
Une Reine Rouge capricieuse et despote au comportement très enfantin. Tout à la fois, drôle, touchante et exécrable. Elle est très bien interprétée par Helena Bonham Carter.
Une Reine Blanche lunaire, à la folie douce. Sa gestuelle maniérée reflète parfaitement le personnage du roman. Anne Hataway est excellente dans le rôle.
Un Chapelier plus extravagant, excentrique, bipolaire que fou ? Que nenni, à l’époque victorienne, l’excentricité et les sautes d’humeur sont apparentées à de la folie. Alors certes, ce Chapelier à des airs de Jack Sparrow et de Willy Wonka, mais c’est à mon avis plus un atout qu’un inconvénient. J’aime bien Johnny Depp en mode cabotinage.
Un Valet Rouge infâme et fourbe magistralement interprété par Crispin Glover.
Un Lièvre de Mars névrosé, un Lapin Blanc stressé, un Chat de Cheshire en tout point fabuleux, aussi surréaliste et « philosophe » que dans la version de Lewis Carroll.
Et que dire de la splendeur des décors et des costumes, véritables merveilles de créativité.
Quelques petits bémols: Le manque de divagations sans queue ni tête et de péripéties absurdes qui faisaient tout le charme de la version de 1951 et qui prouvaient que Walt Disney avait parfaitement compris « l’essence » même de l’œuvre de Carroll : le non-sens. Cette fois, il y a un fil « trop conducteur » : la prophétie du « jour Frabieux » et une Alice trop combattive au sens propre du terme, alors que dans les romans, il s’agissait de joutes verbale et de logique.
Quelques personnages loupés : les Jumeaux Tweedledee et Tweedledum trop numériques et le loir trop narnien.
Une gigue hip-hop sous champignon hallucinogène dont on se passerait bien.
Un gros bémol : la 3D qui dénature les tons et les jeux de lumière du film et qui provoque «un effet de flou » fort désagréable sur tous les éléments situés au premier plan. J’ai revu le film en Blu Ray sans 3D et j’ai eu l’impression de découvrir nombre de détails que je n’avais pas vu au cinéma et surtout une plus grande richesse des variations de teintes. Alors que toutes les couleurs semblaient ternes et « délavées » en salle.
Que ce film ait plus l’esprit Disney que la touche Burton est une évidence. Mais ce n’est pas un handicap à mes yeux. Alice au Pays des Merveilles est une fantaisie divertissante et une bouffée d’imagination que j’ai pris grand plaisir à voir et à revoir.