Un véritable coup de coeur !
7h58 ce matin là (Sidney Lumet) : 10/10
Vous trouvez qu'on en voit beaucoup des Grands Films de cet acabit dans le cinéma contemporain ?
Comment peut-on faire la fine bouche devant une telle maîtrise cinématographique ?
Il y avait longtemps que le cinéma ne s'était pas hissé à un tel niveau d'évidence. Seule la littérature aurait pu prétendre réussir à donner du corps à une histoire aussi terrible dans laquelle nous assistons, impuissants, à l'insupportable et inéluctable destruction d'une cellule familiale.
Et pourtant le cinéma a quelquefois aussi ce pouvoir d'approfondissement capable de toucher à l'essentiel d'archétypes universels. La noirceur lui va si bien.
Cupidité, lâcheté, jalousie et immense désespoir prennent littéralement possession de l'univers déclinant qui relie chacun des personnages malmenés par leur existence misérablement pathétique. Tous sont prisonniers de rêves inassouvis qui resteront éternellement à distance de leur réalité étriquée.
Sidney Lumet ne cherche ni à séduire ni à divertir le spectateur avec la tragédie qu'il a décidé de mettre en scène de la façon la plus sèche qui soit.
Il parvient ainsi à nous émouvoir et nous laisser réfléchir sur l'engrenage des conséquences que provoquent les actes commis par celui qui refuse d'assumer ses choix malheureux. Car celui-ci ne se doute pas qu'alors le Diable rôde et sait se faire discret pour attendre que son heure viennent lorsque l'irréparable a été commis.
Inutile de reprocher à la dernière oeuvre de Lumet un apparent manque de virtuosité, elle n'a nul besoin d'épater. Le métier de son réalisateur renforcé par une rare intelligence empathique lui permettent de s'appuyer avec humilité sur l'immense talent de ses interprètes (Philip Seymour Hoffman, Albert Finney, Marisa Tomei et Ethan Hawke sont tout bonnement magistraux).
Une grande oeuvre indispensable.
"Certaines choses valent la peine d'être dites, beaucoup d'autres non : le mieux est donc de se taire et d'écouter". Un vieux sage oublié