6/10
Bakjwi de Park Chan-wook - 2009
J'ai définitivement un problème avec Park Chan-wook, j'aime toujours ses films à la première vision (bon sauf Lady Vengeance qui est à chier direct) puis quand je les revois, je me fais chier, finalement y a bien que JSA que j'arrive à revoir et que je trouve toujours aussi brillant. Ici c'est un film que j'ai pas revu depuis sa sortie, donc ça commence vraiment à dater et j'en avais un souvenir vraiment pas désagréable mais bon j'avais trouvé génial Old Boy la première fois aussi et je m'était pas fait chier devant Sympathy For Vengeance.
Sur le papier ça me faisait un peu peur : 2h25 (c'est long, bon c'est pas Oppenheimer mais c'est long quand même) et j'avais peur que ça tombe dans la branlette à la Nicolas Winding Refn ( je sais même pas pourquoi je le cite encore lui, il fait plus de film et tout le monde l'a oublié ), alors le film ne tombe jamais dans le film d'auteur qui se la raconte et on a une vraie histoire qui se laisse suivre mais ça prend vraiment son temps et y a des trucs qui rallongent et d'autres qui servent même à rien à mes yeux comme le "viol" de Kim Ok-Bin dont je suis pas sur d'en avoir compris l'utilité dans le récit. Même si j'aime de moins en moins le cinéma du mec y a un truc qu'on peut pas lui enlever c'est vraiment son savoir faire avec une caméra et ici le plus souvent les images parlent d'elles même, le film est pas très bavard, bon y a un léger coup de mou avec une rupture de ton totale avec la séquence du fantômes du mari mais la dernière demi heure fait passer la pilule et dès que Tae-Joo devient vampire le film le film devient immédiatement plus sympa, mais bon faut attendre 1h45 avant ça, avant que le film gagne vraiment en intensité et en suspens, avant ça c'est quand même un peu pépère et c'est donc pour moi la vraie faiblesse du film, il met vraiment longtemps à se lancer, avant ça suit un peu trop sagement sans grande implication.
Le vampire à l'époque de la sortie c'était redevenu à la mode ( enfin c'est pas ce qui a poussé Park Chan-wook a faire ce film ) et du coup on en bouffait à toutes les sauces (ça c'est bien calmé depuis): du vampire teenagers, du vampire mioche, du méchant vampire maitre du monde, du vampire dépressif, du vampire gay, enfin y a de tout et là on a un vampire prêtre et donc terriblement humain avec toutes les contradictions que ça impliquent, alors bien entendu ça réinvente pas le mythe du vampire ( d'ailleurs ici c'est une maladie au lieu d'être une malédiction ), on a droit aux figures de styles habituelles mais le genre est abordé avec respect et puis avant d'être un film de vampire c'est surtout une histoire d'amour intéressante ( enfin c'est une libre adaptation de Zola mais bon Zola ça veut pas dire bon film, j'ai vu Germinal quand même ) à la fois charnel, totale et destructrice.
Le final quand je l'ai vu arriver sur le coup ça m'a soulé, me suis dit encore cette fin qu'on a vu des tas de fois (
Blade 2 et
30 jours de nuit entre autre ) mais finalement elle passe bien grâce a un petit coté décalé bien appréciable et puis l'amour reprend ces droits et les derniers plans sont somptueux.
La réalisation est comme d'hab assez impressionnante (car là dessus je pourrais jamais dire du mal du mec) avec des mouvements de caméra de toute beauté, un style ultra fluide et vraiment agréable à regarder, un sens du cadre hors du commun et l'art de placer des plans complétement décalés qui fonctionne ( le plan sur la scène de cul à 3 c'est beau et la scène de dialogue avant le meurtre du mari résume à elle seule le cinéma de Park Chan-wook avec la caméra qui fixe notre attention sur une chose puis petit à petit la caméra se déplace latéralement pour nous faire découvrir tout autre chose, procédé déjà utilisé dans
Sympathy for Mr. Vengeance ) et le montage comme toujours est très judicieux, bon bien sur la scène ou le prêtre découvre ses "pouvoirs" c'est du déjà vu avec un enchainement de plan ultra rapide et c'est pas vraiment terrible. ou c'est Tae-Joo qui découvre les pouvoirs de son chéri est terrible avec la caméra juste sur sa tête pendant que le prêtre saute d'immeuble en immeuble, la séquence ou ils aménagent leur intérieur. Bon par contre je suis moyennement convaincu quand il filme du sexe, déjà ça se lèche les pieds, ça devient donc vite rédhibitoire pour moi.
Le casting est bon, bien entendu comme d'hab Song Kang-Ho fait le boulot avec tout le talent qu'on lui connait mais la vraie surprise du film c'est Kim Ok-Bin, sur sa première scène on la remarque a peine elle est toute transparente et puis au fur a mesure que le film avance et que son personnage prend de l'assurance elle bouffe de plus en plus l'écran, et se révèle être une très grande manipulatrice vénéneuse ainsi qu'une prédatrice de premier ordre : la séquence finale dans la maison elle joue vraiment mais vraiment à merveille, avec une gestuelle impeccable qui donne un sacré aura à se personnage, curieusement et malheureusement elle fera plus rien dans la suite de sa carrière, le reste du cast est sans fausse note avec notamment Shin Ha-Gyun qu'on retrouve dans les autres Chan-wook.
La Bo est plutôt bonne dans l'ensemble.
Alors c'est pas mauvais, mais clairement j'aurai aucune envie de le revoir et le seul Park Chan-wook que je garde c'est vraiment JSA, le reste c'est plus mon truc.