Critique The Expendables de Sylvester Stallone.
Attention Spoilers !
Après une longue traversée du désert, Stallone a récemment surpris son monde, en enchaînant coup sur coup deux films d’une puissance émotionnelle rare. Que ce soit ce baroud d’honneur bouleversant et introspectif qu’est Rocky Balboa, ou un survival tragique, humaniste et barbare tel que John Rambo, il a prouvé en deux films qu’il était maintenant un réalisateur sur lequel il faudrait compter, doté d’un véritable sens de la mise en scène.
Alors quand celui-ci annonce qu’il va faire un film d’action dans la veine de ceux qu’ils tournés dans les 80’s, avec le plus gros casting de stars du genre jamais réuni, tous les fans de grosses pétoires et de punchlines sentencieuses, mais également la critique récemment conquise, trépignent d’impatience.
Alors, qu’en est il ?
A partir d’un pur scénario de série B, Stallone va réussir le tour de force de réunir en un film la quintessence des ses deux précédents longs, en introduisant dans un film annoncé comme un produit d’une époque révolue, l’émotion et la rage qui les caractérisaient.
Car oui, Expendables est bourré d’actions et de références à tout un pan de la culture eighties, notamment dans ses dialogues, mais il est aussi un film très contemporain dans sa mise en scène.
Stallone n’avait pas menti, il promettait un film d’action décomplexé avec un casting 4 étoiles, le résultat est là.
Sly est Barney Ross, leader d’une équipe de mercenaires composé de Lee Christmas (Statham), l’expert en armes blanches, Yin Yang (Li), spécialiste des arts martiaux, Gunnar Jensen (Lundgren), qui a une fâcheuse tendance à couper en deux des mecs avec son gros Shotgun, Hale Caesar (Crews), grand amateur d’artillerie lourde et de démastiquage hardcore, et enfin Toll Road (Couture), qui lui est un pro des explosifs.
Ils seront bientôt recrutés par un certain Mr Church (ce qui donnera lieu à la scène anecdotique mais réellement jouissive où Sly, Willis et Schwarzie taillent le bout de gras dans une église), pour partir en Amérique du Sud, abattre un dictateur Sud Américain, qui serait à la solde d’un ancien membre de la C.I.A (Roberts).
Chaque personnage est caractérisé par sa fonction au sein du groupe, même si Sly et Statham ont clairement les deux rôles les mieux écrits, les autres membres de l’équipe (Li, Couture et Crews) ne dépassant que très rarement leurs statuts. A ce titre, il est dommage d’engager Jet Li, un des artistes martials les plus impressionnants, pour lui donner si peu de scènes de combats.
Stallone offre également à Rourke un beau rôle sur mesure, celui d’un ancien compagnon de route de Ross devenu tatoueur, chez qui les Expendables se retrouvent après leurs missions. Il sera d’ailleurs celui qui poussera Ross à accepter la mission , lors d’une scène touchante, où Rourke, face caméra, livre un discours poignant sur la fin d’une époque, et surtout, sur la culpabilité de nos actes.
Coté bad guys, on retrouve Eric Roberts fidèle à lui-même, un Steve Austin mutique qui lui sert de garde du corps ( et qui donnera du fil à retordre à Sly lors du climax) et David Zayas dans le rôle du dictateur. Chacun rempli son rôle plutôt correctement même si les motivations de chacun des persos restent plutôt vague.
La réalisation se rapproche beaucoup du style « John Rambo », alternant la caméra portée et un montage assez cut, ce qui donne un rythme très soutenu aux scènes d’actions. Certains trouvent ça illisible, on est quand même loin du style insupportable d’un Paul Greengrass. Deux bémols tout de même, cette mise en scène ne se marie pas forcément avec les combats mano a mano, ce qui les rends parfois un peu brouillons, et l'utilisation du sang numérique (quel invention de merde !).
Personnellement, cela ne m’a pas gêné, ayant déjà beaucoup apprécié le style de Stallone sur Rambo et Rocky. Certaines scènes d'actions du film étant quand même sacrément jouissives (toute la scène avec Sly et Staham qui se conclue par l'attaque de l'avion, et surtout le climax)
Justement, parlons en du climax, véritable morceau de bravoure de 30 minutes, où chaque personnage aura son heure de gloire (Stallone qui délivre la fille du général, la baston énorme dans les couloirs avec Couture, Li et Statham qui s’en donnent à coeur joie, Terry Crews qui fait plein de gros trous avec sa pétoire, le fight Couture / Austin, avec une mort CGIesque pas belle) et qui constitue à mes yeux une des scènes d’actions les plus spectaculaires vu au cinéma depuis longtemps (putain, j'avais la banane pendant toute la fin), rappelant inévitablement le climax bigger than life d’un Commando.
Et c’est durant ce climax que le style nerveux et dynamique de la réalisation prend tout son sens, permettant de mettre en valeur les différents styles de chacun, tout en donnant un rythme infernal au final, qui s’achèvera forcément par la mort grandiloquente et fun du bad guy.
Le film se clôturera sur un amour inachevé, tout comme son précédent film, et par un épilogue qui prouve que Sly a déjà pensé son film comme le premier volet d’une franchise.
Finalement, n’est ce pas la note d’intention d’Expendables ? Après avoir réhabilité les mythes que sont Rocky et Rambo, Stallone n’aurait il pas dans l’idée de ressusciter un genre tombé en désuétude, témoin d’une époque dépassée, pour lui offrir la plus belle des conclusions, et éventuellement transmettre son flambeau à la nouvelle génération ?
Le film se termine d'ailleurs sur le titre évocateur des Thin Lizzy "The boys are back in town" !
Réponse au prochain épisode, qui déclenche déjà les spéculations les plus folles !
Cherchez l'erreur
9/10 (Objectivement, ça vaut 8, mais un point bonus pour le plaisir pris pendant la séance, chose rare cette année)