Donnie Brasco Mike Newell - 1997
"A wise guy's always right; even when he's wrong, he's right."
On peut être un piètre réalisateur et malgré tout faire un bon film, parce que bon 4 mariages et 1 enterrement ça compte pas vraiment comme un bon film, Newell trouve ici un script en or qu'il ne va pas saloper en se prenant pour un autre.
La force du film est de prendre son temps et de nous faire aimer ces 2 personnages que sont Lefty ( Al Pacino génial en petit truand miteux cabotin qui aimerait bien dépasser son statut de soldat de base, à la base c'est pas un rôle spécialement bien écrit mais Pacino en fait quelque chose de grand et livre une de ses dernières grandes prestations, il a un grand nombre de dialogues cultes ) et Donnie Brasco ( Depp dans son meilleur rôle, loin de ces one man show à la con et de ses rôles où il joue de travers), son personnage rappelle un peu celui joué par Williams dans le film de Lumet
Le Prince de New York. La relation sincère et poignante qui se tisse entre les 2 est vraiment bien foutue ( d'ailleurs le film se concentre principalement là dessus et laisse rapidement le coté infiltration et c'est clairement le meilleur angle) et la fin assez tendue du slip est vraiment bien rendue ( la seule scène ou Newell se sort un peu les doigts du cul ) et la mort de Pacino est vraiment intelligemment mise en scène. Par contre y a un peu trop de scènes redondante avec Anne Heche qui alourdissent la narration et du coup y a des petits coups de mou et les passages avec le lion étaient pas vraiment nécessaire ( sérieux la promenade en laisse ).
Les petits détails comme le coup des billets, la hiérarchie ou le langage sont bien sympas, c'est les Sopranos avant les Sopranos.
Petit soucis aussi avec la gestion du temps, on a aucun repère temporel pour savoir combien de temps dure l'infiltration de Brasco ( on sait juste au début qu'il a mit 2 ans a faire son background ), du coup on a l'impression que tout arrive un peu vite par moment, mais ça nuit pas à la cohérence de l'ensemble.
Newell à la bonne idée de ne pas se prendre pour ce qu'il n'est pas ( un gars doué quoi ) et il ne fait donc pas son Scorsese du pauvre, bien entendu on est loin très loin des références que sont Les Affranchis, Le Parrain ou même Les Sopranos, c'est filmé sans imagination mais heureusement jamais ça plombe le film, ça le rend juste complètement impersonnel, par contre par moment y a des méchants faux raccords qui piquent les yeux.
Michael Madsen quand il décide de jouer est vraiment bon mais c'est un truc qui est pas arrivé si souvent, la plupart du temps il en a rien à fouter, a noter un petit rôle de Paul Giamatti et le bad guy Robert Miano a un faciès à la Lee Van Cleef qu'on aimerait voir plus souvent. James Russo et Bruno Kirby apporte la caution italienne au reste du casting.
La Bo de Patrick Doyle est plutôt bonne dans l'ensemble et les titres d'époques sont sympa.
Ca sera jamais un classique mais 20 ans après sa sortie, ça reste une valeur sûre et puis ça sortirait aujourd'hui ce serait clairement le chef d'oeuvre de la semaine, ou du mois, enfin les chefs d'oeuvre qu'on nous vend régulièrement avec pleins de superlatifs sur l'affiche, et en fait si on réfléchit bien c'est le dernier bon film sur la Mafia qu'on ait eu.
"Forget about it"?"
7.5/10