ALI de Michael Mann
Film protéiforme mélangeant intrigues sportive, politique, ethnique, religieuse et amoureuse avec une densité impressionnante, Micheal Mann accouche de son plus bel effort formel avec une mise en scène constamment renouvelée.
La HD dans son plus bel écrin
En démarrant son film de manière énigmatique avec une course solitaire en pleine nuit capté par le grain appuyé de sa caméra HD, on sait d’avance que Mann ne filmera pas son biopic de manière conventionnelle. Dès les premières minutes du match de boxe, Mann nous enferme sur le ring plaçant une mini-caméra sur les épaules d’Ali nous faisant ressentir la puissance des coups de poing autour d’un foule en délire, jamais un combat n’aura été aussi intense porteur d’un tel souffle Mann surpasse toutes les références du genre (notamment Raging Bull) imposant un nouveau classique de mise en scène. Jamais un montage n’aura été aussi dense, frénétique, elliptique tout en étant aussi limpide. Ali avec les Affranchis de Scorsese est certainement le film de l’histoire du cinéma faisant dérouler le plus grand nombre d’information, d’évènements, d’époques différentes sans que la compréhension ou l’unité du film ne soit malmenée. Le nombre de plans à l’écran est juste hallucinant représentant parfaitement le parcours chaotique des Etats Unis durant les années 60/70.
Float Like A Butterfly Sting Like A Bee Rumble Young Man Rumble!
Ali est la figure sportive la plus représentative du combat civique de la communauté noire aux USA, comment ne pas être emporté par dès les premières minutes par la musique de Sam Cooke so Soulful entremêlé de plans furtifs représentant l’oppression vécu par ce peuple. Ainsi bien plus que ces exploits sportifs, Micheal Mann nous narre une époque tourmenté durant laquelle le champion devra esquiver les crocher du gouvernement le destituant contre sa volonté d’aller au Vietnam, les uppercuts politiques avec l’assassinat de Martin Luther King et de Malcolm X (en 15 minutes Mann en fait un portrait plus complexe que Spike lee en 3h) tout en volant d’une conquête à une autre pour piquer les mémoires jusqu'à devenir un messi imagé à travers un sublime jogging en Afrique.
Sam Cooke - "Bring It on Home to Me" and "Change is Gonna Come" à écouter d'urgence
Will Smith est totalement transformé de son corps à sa gestuelle en passant par l’intonation de sa voix, le rôle de sa vie délivré avec punch autant dans ces joutes verbales humoristique avec les journalistes que dans son regard plein de volonté et d’orgueil. La scène la plus représentative de cet incroyable travail est la sortie du tribunal transpirant de classe à chaque instant : Ali encaisse le début de sa longue traversé du désert. L’incroyable force du film est de décrire un personnage rempli de nuances, sa quête identitaire tiraillée entre une rage interne et un idéalisme naïf. Son dévouement à la cause de Nation Of Islam à la fois manipulé et lucide tardivement représenté dans une relation ambigüe avec son maître spirituel Elijah Muhammad. Ali sacrifie seul contre tous sa carrière pour des valeurs qu’il érige en précepte mais pour lesquelles il a du mal à contenir ses instincts premiers comme son attirance pour les femmes.
Rise, Fall & Reborn
Ali, un homme, un film hors normes.
10/10