Expendables : unité spéciale un concept massacré par Sylvester Stallone (2010)
Running gag de ce topic : Après avoir pris du GHB, Sly se réveille et découvre le script qu'il a coécrit sous influence et pour lequel il a signé un gros contrat. Tellement pété que son camarade et lui se sont contentés de faire de jolis dessins. "Tant pis on va faire avec".
Durée : Oups, me suis tellement fait chier que j'en ai oublié de regarder la montre que je n'ai pas.
Résumé : On va prendre des anciennes gloires de l'action movie des années 80, des catcheurs qui savent faire la gueule, une action star actuelle, pas plus de 10 images/plan pour les scènes d'action et on va les faire sauver les habitants d'une île dirigée par le flic sympa de Dexter qui est en fait contrôlé par le frère de Julia Roberts. Un gros salaud qui avait tué Dorothy Stratten en son temps. Comment ça je mélange tout ? C'est moi qui mélange tout ?
Ce week-end, j'ai donc vu un film avec de belles images, des acteurs charismatiques, du soleil, de l'exotisme, des scènes d'action bien torchées et parfaitement lisibles, des abdos saillants en maillot pour madame et des bikinis goat-toe included pour monsieur... pardon je me suis planté. Ça c'était un film dont je n'avais lu que du mal, totalement inutile en effet, mais qui a au moins eu le mérite de nous distraire agréablement.
Into the blue était son titre et c'est réalisé par un gars qui sait aussi bien filmer les scènes sous-marines que Besson, Cameron ou Namor. Il s'appelle John Stockwell, il déteste les
Christine. Moi aussi mais ça n'a rien à voir avec le cinéma.
J'ai aussi vu un film avec un mec à l'armure si bling-bling que sa simple présence dans les lieux aurait effacé les peintures rupestres de Lascaux. Un film tellement plein de vide que c'en est révoltant. Un film dans lequel la lippue Johansson se prenait pour Nadia Comaneci sans savoir qu'elle était au même moment ridiculisée par une gamine de 11 ans dans un autre film. Cet autre film qui a instantanément donné un coup de vieux au cinéma d'action comme
Piège de cristal l'avait fait en son temps.
Bref, comme de nombreux forumeurs de BOM, j'ai été ado dans les années 80, j'ai pris mon pied devant le cinéma testostéroné de Stallone, Schwarzie, Lundgren... devant les circonvolutions virtuoses de Jet Li et devant la déchéance magnifique de Rourke (j'aime beaucoup
Johnny Handsome et
Homeboy). N'étant pas trop porté sur le catch, je ne connaissais que de nom Steve Austin et Randy Couture. Quand à Roberts, sa présence de petite frappe classieuse dévore l'écran à chaque apparition. Et Terry Crews, que j'ai vu dans plein de films mais que je ne connais pas plus que ça.
C'est donc avec beaucoup d'excitation que j'ai suivi le développement du projet, espérant un revival hyper dynamique dopé par un découpage maîtrisé à la
John Rambo. Un projet monstrueux basé sur un concept génial qui aurait mérité un traitement à la hauteur.
Le film est sorti, les Heatmann ont de suite crié au chef-d'oeuvre, certains ont suivi de près, puis les avis plus modérés se sont faits entendre avant que le mot tant redouté ne finisse par sortir :
nanard.
C'est donc avec circonspection que je me suis lancé dans le visionnage de la chose et je ne m'attendais pas à une telle déception.
Effectivement, dans un film d'action, un script subtil n'est pas indispensable, nous ne sommes pas dans
les noces rebelles ou
Memento, mais un minimum de travail aurait été utile plutôt que de copier un épisode de
l'agence tous risques sous Tranxène. Une histoire sans intérêt, revue 100 fois et qui m'avait déjà gonflé dans
The losers.
Nos stars n'ont pas droit à un plan de plus de 15 images/seconde en continu, à quelques exceptions près, et le montage est encore pire dans les nombreuses scènes d'action, peut-être joliment chorégraphiées par Corey Yuen mais montées sans goût et totalement illisibles. Et encore je passe sur les nombreuses incohérences et les faux raccords qui nourriront les émissions d'allociné pendant des années. Monté différemment, avec des plans allongés d'une seconde, et moins de putain de sang numérique, nous aurions peut-être droit à un director's cut qui sauve l'ensemble.
Au final, celui qui s'en sort le mieux dans cette bouillie dans laquelle nous n'avons le temps de nous attacher à personne, c'est le "jeunot" Statham, à qui Stallone accorde un semblant de substance, comme s'il souhaitait passer le relais. Si tant est que ce passage de relais soit nécessaire.
Contrairement aux idées reçues, le cinéma d'action, qu'il soit des années 80 ou d'une autre époque, n'est pas systématiquement synonyme de nanard.
En transformant ce qui aurait dû être le film ultime du genre, un hommage vibrant à ce qui a bâti sa carrière en navet, Stallone a posé le pied sur une mine.
Ok le film remporte un succès considérable, mais j'espère qu'il redressera le tir dans le second volet pour nous livrer le spectacle qu'il aurait dû livrer avec cet opus.
La critique est proportionnelle à la déception. Les point gagnés valent surtout pour l'idée de base et trois scènes sympa : le terrain de basket, la scène de Church et les larmes de Rourke. Un demi point pour un Lundgren sous-exploité qui fait penser à son perso dans
Johnny Mnemonic.
4,5/10 et ça fait chier de mettre une telle note.