10/10
Unforgiven de Clint Eastwood - 1992
Une fois de plus le titre français est un peu à l'ouest, bon alors Impitoyable c'est jolie comme titre mais ça a pas le même sens que le titre anglais quand même et pis Unforgiven ça claque plus.
Le film qui a réhabilité Clint auprès des critiques et des ignorants et d'un seul coup suite à ce film aimer Clint c'est devenu hype (peut-être trop même car ça va jusqu'à trouver que Richard Jewel est un bon film) alors que c'est un film qui colle parfaitement avec le reste de sa filmo et Dirty Harry si critiqué entre autre.
Quand Clint touche quasiment la perfection, j'ai un tout léger bémol sur l'enchainement de plan du gunfight final un poil trop lent mais c'est un gunfight que j'ai tellement idéalisé que je le revois forcément à la baisse mais bon la scène déchire toujours autant et quand Clint se sert son verre de whisky c'est tout simplement ultime et la séquence de dialogue avec l'écrivain assure bien : "I was lucky in the order, but I've always been lucky when it comes to killin' folks " et à la fin c'est devenu le Boogeyman ultime. Mais tout ce qu'il y a avant c'est modèle de mise en scène alors qu'on a juste du champ contre champ, l'entrée de Clint dans le bar c'est ce qu'on appelle du cinéma : champ réaction de tout ceux qui découvre Clint, contre champ plan ultra iconique sur la tronche badass au possible de Clint et là il balance The punchlines : "Who's the fellow owns this shithole?" et lance les hostilités en butant un mec désarmé.
Le terme crépusculaire a jamais aussi bien porté son sens avec ce western, ici pas de vision baroque à la Leone, non comme chez Peckinpah, et les autres réal de Clint, l'ouest c'est sale, tout le monde a des sales tronches ( même du coté féminin avec des vieilles putes pas appétissantes), on marche dans la boue, sous la pluie, on souffre longtemps et tuer quelqu'un c'est pas quelque chose de cool ( "It's a hell of a thing, killin' a man. Take away all he's got, and all he's ever gonna have" ), c'est même difficile ( on rate sa cible, l'arme s'enraye, on a pas les tripes pour tirer ) ici pas de vision manichéenne de l'ouest, chacun a sa propre vision de la justice et de la morale, les persos sont vraiment bien écrits et nuancés, tout le monde est un peu salaud, tout le monde a un bon coté. La violence est pas fun, jamais, elle corrompt l'âme et chaque personnage doit vivre hanté par ses actes et le perso de Clint c'est juste un homme qui voudrait être un homme comme les autres, mais qui ne peut pas, ne peut plus.
Alors c'est sur ici on a pas un script d'une originalité folle, le déroulement est linéaire ( mais l'intermède avec Richard Harris qui permet de montrer que Gene Hackman c'est pas un rigolo est excellent ) mais c'est carré, prenant, poignant, violent, grandiose, porté par une photo à tomber ( et donne encore plus d'ampleur au coté crépusculaire du film ) et un score de toute beauté (même si il y a vraiment un seul thème marquant)
Le casting c'est du lourd de chez lourd quasiment ce qui se fait de mieux dans le genre ( bon sauf Morgan mais bon pour une fois qu'il joue pas un vieux flic ou Dieu on va pas se plaindre ) : Clint dans un de ses tout meilleurs rôles ( un de plus ) est génial dans ce rôle de vieux cow boy fatigué au lourd passé dur à assumer de tueur légendaire qui effraye les foules, enfin son passé il s'en souvient même pas ( il était tout le temps saoul ) mais qui redeviendra le badmotherfucker quand il faut ( son perso rappelle un peu
Josey Wales en plus dangereux) et le temps d'une courte séquence il retrouve sa dextérité des Leone mais en plus méchant pour marquer les esprit il shoot direct le barman désarmé histoire de poser le décor de montrer que le salaud ultime c'est lui et personne d'autre et malgré cela Eastwood réussi en 10 secondes à nous rendre son personnage attachant ( enfin par sur que le même rôle joué par un autre acteur rendrait le perso sympathique, là le capital sympathie qu'on a de Clint fait forcément qu'on l'aime malgré tout ). Morgan Freeman qui joue autre chose que d'habitude ( mais si il joue encore un gars qui a tout vécu il le joue pas pareil ) et l'alchimie avec Clint fonctionne, Richard Harris campe un génial English Bob et ce bon vieux Gene Hackman en alter ego de Munny campe un salaud pas si salaud que ça ( il est convaincu d'oeuvrer pour le bien de sa ville ( enfin il se cache derrière son étoile pour mener la vie qu'il aime ) et ce rôle a tellement marqué qu'après ce film le bad guy il va en faire sa spécialité ) et toutms ces acteurs campent des figures mythiques en bout de course qui n'ont plus leur place dans ce monde.
La réalisation pour une fois est pas si académique que ça et Clint utilise même a plusieurs reprises la double focale chère à De Palma, comme toujours chez Clint le scope est magnifique et y a des plans de toute beauté.
Et quand la violence arrive elle est sans concession : on balafre des femmes sans défense, on tue un homme entrain de chier, on s'acharne sur un homme à terre et Clint la retranscrit à merveille à l'écran.
Et comme ça a été dit si souvent à raison, c'est THE western définitif, Clint a tué le genre avec ce film, les échecs des 2 Wyatt Earp et de Mort ou Vif ont enterré le genre ( bon y a eu quelques soubresaut mais toujours sans lendemain comme avec le magnifique
Open Range ou le fun Django) mais le grand western crépusculaire est mort et enterré.
Merci Clint.
"Yeah well, a lot of folks did call him "Two-Gun" but that wasn't because he was sporting two pistols. That was because he had a dick that was so big it was longer than the barrel of that Walker Colt that he carried."