Toy Story 3 (2010)
10/10
Résumé : Alors qu’Andy se prépare à partir pour l’Université, Buzz, Woody et le reste de leurs compagnons sont inquiets face à leur avenir incertain…
Toy Story 3 est tel un carré de chocolat : un plaisir de tous les instants. Le film d’animation à ce jour qui m’a le plus fait rire aux éclats, émue, touchée et le seul à m’avoir fait verser une petite larme. Un chef d’œuvre instantané. Le film est un condensé de drame, d’humour, de suspens, d’aventure et d’émotion. Les animateurs du studio d’Emervylle sont des génies qui savent raconter de belles histoires et ils nous émerveillent à chaque fois un peu plus.
Toy Story c’était une véritable avancée technologique et une belle histoire d’amitié.
Toy Story 2 avait réussi l’exploit de surclasser le premier épisode en ajoutant une bonne dose parodique, une scène de poursuite époustouflante dans un aéroport et en jouant sur le registre « collector ». Tant il est vrai que certains jouets de notre enfance sont devenus des pièces de collection, passant du statut de jouet au statut d’objet culte.
Toy Story 3 surclasse les deux précédents épisodes en jouant sur le registre de la nostalgie. Il se dégage un sentiment de mélancolie de ce dernier opus. Il réussit également à surpasser la prouesse de la scène de l’aéroport, par une scène dans la déchetterie visuellement sublime et riche en émotions.
Le film débute par une ouverture absolument fabuleuse qui résume en quelques minutes toute la richesse de l’imaginaire des enfants. Sorte de copié/collé inversé de l’introduction du second opus. Elle donne le ton du métrage, nimbé d’une certaine nostalgie.
L’angoisse de l’abandon effleurée dans le second épisode avec l’histoire de Jessy et Emily, prend dans le troisième film toute son ampleur. Le temps a passé et Andy est devenu un jeune homme. Ce temps qui passe est résumé de manière subtile dans une succession de scènes indissociables de l’enfance : cette toise que l’on trouve dans toutes les chambres d’enfant, la maman qui film son enfant pendant qu’il joue. Et là ressurgit dans notre mémoire cette phrase si prophétique de Papy Pépite : « Crois-tu qu’Andy t’emmènera avec lui à l’Université ? ». Le temps de l’enfance est fini et l’âge adulte commence par un rituel immuable : l’abandon des plaisirs de l’enfance, les jouets. L’abandon c’est la plus grande crainte du jouet, c’est « sa mort ». Moment de grande tristesse que celui de l’évocation des jouets donnés aux vides-greniers, cassés, partis dans le grenier… des amis pour Woody et Cie, des vieilleries inutiles pour Andy ou Molly. Et là, un sentiment de culpabilité nous étreint : qu’avons-nous fait de nos vieux jouets ?
Plutôt que de vivre ce traumatisme, presque tous les jouets (sauf Woody) préfèrent voguer vers un nouvel « Eldorado » : la garderie de Sunnyside.
Pour les tout petits, la garderie est un lieu adorable, aux couleurs acidulées, rempli de merveilles et de douces peluches, une véritable caverne d’Ali Baba où l’on peut s’épanouir, crier, mastiquer, toucher à tout, se déchaîner avec l’accord bienveillant des adultes. Le champ de bataille de nos heures enfantines.
Pour les jouets, la garderie apparaît au premier abord comme un paradis rempli d’enfants prêts à jouer tous les jours et pour toujours. Mais la crèche se révèle rapidement comme une véritable arène remplie de petits monstres baveurs… Un purgatoire qu’il faut fuir à tout prix, sous peine de finir démantibulé ou pire dans la benne à ordures. Très ironique de la part de Pixar/Disney, cette vision de nos bambins. Car de nos petites merveilles, en tant que parent nous ne voyons que le côté mignon, adorable. En fait, les calamités ce sont toujours les enfants des autres.
Sunnyside ou la dictature des jouets. Il fallait oser cet amalgame entre la garderie et la prison. Il règne une véritable ambiance carcérale, avec ses matons, son trou, ses cellules… des personnages inquiétants (Lotso), voir complètement flippant (Big Babby et le singe). Lotso, c’est un doudou, une adorable peluche qui sent la fraise, un jouet en apparence inoffensif choisi par ses créateurs pour incarner le méchant du film. Il rappelle à la fois Sid pour sa cruauté et Papy Pépite pour son côté aigri, mais il a beaucoup plus de noirceur que ces deux personnages réunis. Son cœur est consumé par la haine et il n’y aura pas un moment de repentir, aucune rédemption. Même son histoire dramatique scandée par le clown triste ne réussit pas à nous réconcilier avec le personnage. Un méchant un vrai : charismatique, paternaliste et sadique. Quand je regarde le régime dictatorial mis en place par Lotso, je pense à « Papa Doc » et ses « Tontons macoutes ». Une vision de Sunnyside franchement très sombre et impressionnante pour les enfants dans la salle. Je ne sais pas si Disney à sorti des peluches Lotso, mais il y a peu de chance pour qu’un enfant veuille l’avoir dans sa chambre.
Heureusement, que le côté sombre est tempéré par une succession de scènes hilarantes :
Ken safari et Barbie aérobic : le couple du film, le duo involontairement comique. Le défilé de mode version Ken, un must de la comédie. Une Barbie très rusée et moins potiche qu’il n’y paraît, qui nous gratifie d’une parabole sur la démocratie et la dictature. Défilé de mode made in Barbie & Ken
Buzz en mode « espagnol ».
Mr Patate en camouflage « Fajitas » : la scène préférée de mon neveu, qui arriva juste à point nommé pour désamorcer l’inquiétude qui le gagnait.
"Si vous voulez sortir, débarrassez-vous du singe!"
Le premier point culminant du film : la grande évasion version Toy Story. Une scène d’action très intense et un véritable hommage à tous les films d’évasion. En tant que fan de Star Wars, j’ai adoré l’hommage rendu par Pixar : Big Baby/Darth Vader qui soulève Lotso/l’Empereur Palpatine pour le jeter dans la poubelle/le puit d’énergie de l’étoile de la mort.
Le deuxième point culminant du film : la scène de l'incinérateur magistrale d’intensité. Là pendant un bref moment, toute la salle est médusée (nombre d’enfants, parmi lesquels mon neveu de 5 ans, ont pleuré ou crié pour exorciser leur peur), ils ne vont pas oser….Buzz et Woody se regardent impuissants… c'est la fin … ils se tiennent par la main et décident de partir tous ensemble, ils sont devenus au fil du temps une famille, ils ne sont plus uniquement que les jouets d’Andy… et le salue arrive des personnages les plus improbables, les plus inutiles, ces petits hommes verts adorateurs de Buzz qui n’avaient d’autre rôle que de nous faire rire. Ils deviennent les sauveurs de nos jouets préférés et nous leurs devons tous « une reconnaissance éternelle ». Le soulagement de la salle était palpable. Réussir à nous émouvoir à ce point, c’est le plus grand exploit réussi par Pixar/Disney. Sur le plan technique, il y a une très belle mise en scène, notamment ce travail sur l'éclairage qui donne la sensation de faire du grappin de la décharge une sorte d'OVNI. Cette scène est d’ailleurs un subtil rappel de la scène d'ouverture.
Une fin émouvante avec ce passage de témoin entre Andy et Bonnie, et la présentation de tous les jouets qui furent chers à son cœur d’enfant. Certainement la plus belle fin de tous les films Pixar. Une ère s’achève, le coffre à jouet d’Andy s’est refermé et une nouvelle aventure commence pour Woody, Buzz et tous leurs compagnons dans la maison et le cœur de Bonnie.
La plus belle histoire jamais contée par Pixar.