Profondo Rosso (1975) by
Dario Argento ---
9/10Si
Dario Argento rime avec 'Giallo', ce genre d'origine Italienne rime également avec
Profondo Rosso,
le 'Giallo' par excellence...
Visionné dans sa version courte telle qu'elle était sortie dans les salles Françaises à l'époque, l'Oeuvre du Maître restera à tout jamais un Classique du Cinéma d'horreur des Années 70. Ne nous y méprenons pas !!! Si nous croyons avoir affaire à un Film traditionnel,
Profondo Rosso est tout sauf cela. C'est d'abord et surtout un énigmatique jeu de pistes. Pistes disséminées ici et là au gré du réalisateur Transalpin. Et qui dit jeu de pistes dit un sens aiguisé de l'observation pour qui aurait l'ambition extrême d'obtenir la réponse à l'énigme de l'histoire dès la 1ère vision.
Bien roublard qui pourra percer le secret de cette fabuleuse scène...
Le 'Giallo' est un genre de film d'exploitation, principalement Italien, à la frontière entre le cinéma policier, le cinéma d'horreur, le fantastique et l'érotisme qui a connu son heure de gloire dans les années 1960 à 1980. Le terme 'Giallo' (littéralement « jaune ») est le nom utilisé en Italie pour désigner le roman policier. Les films de ce genre sont caractérisés par de grandes scènes de meurtres excessivement sanglantes, un jeu de caméra très stylisé et une musique inhabituelle (ceci est particulièrement vrai pour
Dario Argento qui collabora avec
Ennio Morricone puis avec le groupe
Goblin comme ici pour
Profondo Rosso). L'élément 'whodunit' ("Qui l'a fait?) est combiné au slasher, filtré par la longue tradition Italienne de l'opéra et du grand guignol. Le 'Giallo' devient rapidement synonyme d'éléments visuels fortement stylisés, théâtralisés et baroques dont le principe essentiel narre l'histoire d'un meurtrier masqué avec une arme brillante dans sa main gantée de noir...
Toute la description faite ci-dessus se retrouve dans l'Oeuvre d'
Argento: le prologue dans l'enceinte du théâtre dans lequel 'Helga Ulmann' ('
Macha Méril') nous fait preuve de sa faculté de médium est d'une maîtrise absolue tout comme le court flashback du début où des pieds d'enfant stoppent net face à une lame de couteau ensanglantée, le 1er meurtre et ce plan iconique récurrent chez '
Dario' où la victime appose ses mains sur une baie vitrée juste avant sa mort, des décors stylisés aux longs corridors formant des angles sacrément inquiétants ou encore la visite de la 'Villa del Bambino' offrant une mise en scène prodigieuse...
Comment ne pas mentionner également des idées tout simplement géniales ? >>> La scène de la salle d'eau où l'importance du taux d'hygrométrie aurait pût être déterminante quant à la suite de l'enquête ou encore
...
Le Cinémascope de
Dario Argento fait des merveilles et nous gratifie de plans propres au 'Giallo' (main gantée de noir comme si elle était le centre de gravité du tueur, macrophotographie sur des petits objets, cadrage 1/4 3/4 sur le visage inquiet de la victime, sang rouge ketchup, caméra fixée sur le couteau, etc)...
Côté son, le travail est aussi parfait (superbe BO des '
Goblin' avec un électro kitsch, dynamique et au thème principal inoubliable sans oublier la comptine dévastatrice). Comme tout film du genre, on y entend les geignements contribuant à la "mise en atmosphère"...
La seule chose que je peux reprocher au Film, c'est son montage que j'ai trouvé par instant assez étrange au niveau de l'enchaînement de certaines scènes. Il faudrait que je revoie la Version Intégrale (126 mn au lieu de 103), ceci expliquant peut-être cela. L'interprétation parfois "grand-guignolesque" (voulue et assumée) pourra par moment surprendre mais fait partie inhérente du genre. Tout comme ce côté kitsch bien à sa place car le 'Giallo' par excellence se doit d'être figé dans l'espace-temps des Années 60/70...