LE DERNIER SAMOURAÏ
Certains penseront que le film manque cruellement d'originalité : en effet le rapprochement avec "danse avec les loups" est inévitable et "Le dernier samouraï" lui ressemble comme deux gouttes d'eau mais il ne faut pas s'arrêter à cela. Edward Zwick réussit avec ce film certainement sa plus belle œuvre : la composition est tout simplement envoutante et emprunte d'une immense spiritualité: son aura est telle que peu de spectateurs pourront rester insensible à une culture baignée de pureté, de "perfection dans le moindre geste" pour citer Algren, personnage torturé perturbé par un massacre d'Indiens innocents auquel il a participé, suivant les ordres de son supérieur. L'histoire se répète pour lui et ne sachant faire que ça il accepte le job : soumettre les Samouraïs. Là où le film dérange c'est par son idéalisme : en effet là où Danse avec les loups" essayait justement (un peu) de ne pas tomber dans l'"hagiographie" ethnique, le film de Zwick lui tombe en plein dedans. Les codes du Samouraï sont charmants il est vrai mais le film ne s'arrête finalement qu'à cela et tente d'adoucir les côtés un peu brutal de ce peuple. En même temps le réalisateur ne juge pas vraiment : il dit et/ou montre quasiment tous les aspects "essentiels" des Samouraïs mais il est clair que la narration et le traitement pousse à s'émouvoir et c'est finalement très fort sur ce plan tant le film possède une douce photographie bercée par des couleurs enivrantes et le tout dégage une ambiance paisible indéniable. Les costumes sont tout aussi somptueux et pour un premier film "occidental" sur les Samouraïs, Zwick réussit haut la main : le film est crédible, émouvant, beau, rythmé, déchirant et les acteurs le hissent encore plus haut en livrant des performances haut niveau : la révélation du film Ken Watanabe (grand acteur) , bluffant de charisme, de calme et sérénité : Katsumoto est curieux, courageux, cultivé, mais possède aussi des angoisses et des doutes sans pour autant sombrer comme le fait Algren : Tom Cruise un peu trop omniprésent dans ce film livre tout de même une interprétation très convaincante de cet homme que la guerre à radicalement modifié : alcoolique, nonchalant, torturé . Autre acteur bluffant mais peu exploité mais dont les apparitions forcent le respect : Hiroyuki Sanada .
Le film ne déroge pas à la règle d'une commerciale : histoire d'amour (peu mise en avant toutefois) et quelques clichés mais le tout si facilement pardonnable.
Tout l'aspect initiatique d'Algren est vraiment touchant et la partie "apprentissage et découverte" du peuple et du mode de vie est savoureuse : c'est un véritable bol d'air frais et de paix que nous offre la photo du film et l'ambiance musicale.
Les combats au sabre (que ce soit en entrainement ou les réels) sont bluffant et vraiment "parfaits" en terme d'équilibre et mouvements. Il n'y a qu'à voir les courts passages où Katsumoto s'entraine (1) et les combats d'entrainements d'Algren + le fameux VS Ujio (les deux en fait : celui sous la pluie, tragique et le second) mais le summum restera le combat d'Algren contre 4-5 types dans la rue en pleine nuit. Le montage est nickel, l'ambiance tue et c'est comme une étape importante pour le personnage : se prouver à lui-même qu'il est devenu un des leurs : un Samouraï. (à partir de la 50ème seconde: la début étant l'intro du film qui ne précéde pas du tout la scène du combat "Ronin attack")
On a un découpage parfait sinon.
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Les combats réels eux sont vraiment intenses et rien que le tout début dans le brume, Zwick marque là un plan vraiment culte et une entrée en scène des Samouraïs vraiment poignante et on se met facilement à la place des hommes d'Omura qui se font dessus en voyant arrivée ça :
Bref, le film est intéressant par la culture qu'il met en avant , les deux personnages principaux et la situation géopolitique qui ressemble à s'y méprendre à celle des USA/Indiens. Katsumoto idéalise un Empereur très jeune et perdu, immature et le cul entre deux chaises. Katsumoto est un samouraï et veut voir perdurer son peuple et son mode de vie mais paradoxalement si l'empereur lui ordonne de se soumettre il devrait le faire et celui-ci hésite entre pactiser avec l'Occident ou rester intègre et suivre la voie du Samouraï : le monde évolue inéluctablement et il ya un choix à faire.
Le film dégage comme douce poésie méditative et ce n'est pas pour me déplaire. Au fur et à mesure que le film avance , Algren s'adoucit et devient de plus en plus serein. C'est une belle évolution.
Hans Zimmer compose encore une fois un score tout simplement magnifique avec un thème final tragique lors de mort de Katsumoto et ça prend vraiment aux tripes. Tout comme ce plan du personnage, larme à l'œil, combat perdu mais honneur sauvegardé :
Malgré les défauts du film (clichés, commercial, aseptisé et "hagiographique") j'en suis amoureux et je le trouve sublime de bout en bout. Tant dans la forme que sur le fond.
" La vie dans chaque souffle "
8/10