[cinemarium] Mes critiques en 2010

Modérateur: Dunandan

Inception - 8/10

Messagepar cinemarium » Lun 26 Juil 2010, 13:37

Inception, de Christopher Nolan : 8/10

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Il y a des films dont le destin peut déterminer l’avenir de toute une industrie. Inception fait partie de ceux-là. Tout droit sorti de l’esprit du très créatif Christopher Nolan, Inception, fort d’un budget de deux-cent millions de dollars, fait en effet figure d’exception dans le nuage cinématographique actuel avec son scénario inédit et, par conséquence, plutôt risqué. Car Hollywood, bercé depuis peu par une forte crise de créativité, attend beaucoup de ce dernier pour définitivement effacer ses doutes et ses incertitudes.
C’est donc dans un contexte relativement difficile et perturbant que Nolan présente enfin sa dernière œuvre, ambitieuse et parfois démesurée. A l’aide d’un casting relevé et d’un scénario digne des plus grandes fresques hollywoodiennes, le résultat, bien qu’imparfait, est particulièrement réussi.

Un scénario exigeant et accrocheur
Dom Cobb n’est pas un voleur ordinaire. A l’aide d’une technologie de pointe, qui n’est pas sans rappeler celle de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ce dernier parvient à infiltrer les rêves de ses cibles pour y dérober des secrets ou y intégrer des idées commandées par ses clients. Derrière ce scénario accrocheur et particulièrement « wachowskien » se cache de multiples embranchements cinématographiques. Bien entendu, Inception est tout d’abord digne des plus grands thrillers psychologiques et existentiels que le cinéma nous ait offert. Disposant d’un modèle relationnel et d’une architecture complexe, le film de Christopher Nolan embarque son spectateur dans un incroyable puzzle aux multiples interprétations et au déroulement passionnant. Il faut dire que le thème abordé est particulièrement propice à ce genre d’effets. Car les rêves et leurs interprétations sont, depuis la nuit des temps, un mystère qui passionne chacune des civilisations et Nolan fait de ce mystère un stupéfiant vecteur de diverses sensations. Au contraire d’un David Lynch, qui propose une véritable expérience sensorielle ayant pour racine l’inconscient, Christopher Nolan fait du rêve une réalité avouée en proposant l’inconscient comme une sorte de conscience incontrôlée. Car le spectateur fera, tout au long du film, aisément la distinction entre le rêve et la réalité. Heureusement, ce choix, plutôt didactique, ne constituera pas un méfait ni un inconvénient, tant celui-ci apparaitra finalement nécessaire à un récit complexe mais abordable.
En effet, comme dit précédemment, Inception ne se résume pas qu’à un simple thriller onirique. Celui-ci dispose en effet d’une profondeur nettement plus émotionnelle, principalement à travers l’amour impossible entre deux êtres que la vie et la mort sépare. Cette relation, véritablement sublimée par l’approche inversée du rêve qui deviendra finalement cauchemar, souffre néanmoins du syndrome actuel de la simplicité aggravée : présentation limpide et fade, dialogues parfois niais et émotions souvent surjouées. Particulièrement regrettable, car cette histoire d’amour constituera l’ancrage essentiel du scénario et de l’avancement de celui-ci.
Inception est enfin un grand film d’action hollywoodien. Les effets spéciaux, nombreux et relativement efficaces, seront sources d’émerveillement mais aussi, paradoxalement, de frustration. Car certaines scènes apparaitront inutiles, notamment celles qui se situent dans un paysage enneigé présent à la fin du film. Fatigantes et mal orchestrées, ces dernières soulignent un certain manque d’efficacité concernant le coté « grand public » du film. Étrange, car, de ce coté-là, Christopher Nolan avait amplement réussi le défi avec ses précédents films, notamment avec The Dark Knight. Au contraire, certaines scènes ne pourront jamais faire défaut à un film définitivement réussi. Notamment celles qui se trouvent dans le rêve de l’hôtel, celles-ci étant d’une efficacité redoutable et extraordinaire : bénéficiant d’un traitement à la limite de la perfection, notamment grâce aux choix judicieux de Nolan de privilégier le « dur » au numérique, la scène du combat dans cet hôtel sans gravité est d’une justesse exemplaire et n’a ainsi rien à envier à Matrix et aux autres films du genre. Un régal de mise en scène, tout simplement, et sublimé par la musique empirique et majestueuse de Hans Zimmer, célèbre pour ses multiples participations à de nombreux blockbusters (Gladiator, Pirates des Caraïbes).

Une réalisation globalement sobre
Au-delà de ces scènes d’action parfois grandiloquentes et parfois maladroites, la réalisation générale du film restera sobre et jamais révolutionnaire. Les plans ne sont pas extraordinaires et le rythme est imparfait. Loin d’être mauvaise, la caméra de Nolan ne brillera tout-de-même pas par son ingéniosité ni par sa prise de risque. Bien sûr, le montage, élément qui se devait être irréprochable avec un tel scénario aux multiples embronchements, ne sera jamais source de frustration tant sa justesse apparaitra comme exemplaire. Les scènes s’enchainent donc parfaitement sans aucunes difficultés ni aberrations.
L’interprétation des acteurs est quant à elle globalement correcte. Bien évidemment, certains acteurs ne brilleront pas, faute d’un rôle trop en périphérie. Mais le couple central du récit, à savoir Leonardo DiCaprio et Marion Cotillard, restera toujours convaincant et efficace. Et la tache de l’américain n’était pas aisée. Véritable socle d’un scénario souvent machiavélique, au sens où celui-ci manipule ses protagonistes et les spectateurs, l’acteur parvient à porter tout le poids de ce récit sans aucunes difficultés : toujours naturel et sincère, celui-ci reste fidèle à ses précédentes sorties et parviendra aisément à convaincre les plus septiques.


Un très bon film ? Certainement. Un chef d’œuvre ? Surement pas. Inception souffre indéniablement de sa grandiloquence. Son scénario, ambitieux et structurel, parviendra à conquérir un public exigeant et attentif. Néanmoins, par sa vision maladroite du sentiment amoureux, Inception n’arrivera jamais à émouvoir alors que l’émotion forme, finalement, le fil conducteur de tout son récit. Tout comme ses scènes d’action, ratées et faisant taches au milieu de tant d’efficacité. Dommage, car le film de Christopher Nolan possède inéluctablement le gène de ces films intemporels, transcendants et parfois révolutionnaires.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Lun 26 Juil 2010, 14:27

Très bonne critique.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Lun 26 Juil 2010, 17:04

oui, excellente! :super:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Lun 26 Juil 2010, 18:29

Merci beaucoup pour vos compliments :D
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Milkshake » Lun 26 Juil 2010, 18:54

ouai je pense qu'avec le recul 8 c'est la bonne note pour Inception.

Mais bon dans le même principe de rêve/mémoire Eternal Sunshine ça reste le chef d'oeuvre du genre.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Jeff Buckley » Mar 27 Juil 2010, 01:34

Remarquablement rédigé et bel hommage au métrage, tout en pondération, sans faire fi des défauts que d'autres ont déjà pointés. :super: (et c'est un prof de français qui te le dit : on a le droit de se la péter des fois non ? :eheh:)
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Mar 27 Juil 2010, 09:11

De la part d'un prof de français, une telle remarque ne peut que me rendre heureux. Toute la difficulté de la critique d'un tel film est de le décrire sans trop dévoiler son scénario. Car une critique doit, avant tout, être destinée à un public qui n'a pas encore vu le film.

Vous enseignez au lycée ?
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Jeff Buckley » Mar 27 Juil 2010, 12:24

J'adore le vouvoiment alors qu'il y a quelques jours je n'étais qu'un simple surveillant. :eheh:
Je viens de réussir mon concours je commence en Lycée à la rentrée. Peut-être utiliserai-je certaines de tes critiques pour motiver les élèves à en rédiger eux-même, c'est au programme de seconde "La critique de l'information" et les programmes nous proposent de faire une séance sur la critique cinématographique. Je te contacterai au cas où.
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Mar 27 Juil 2010, 12:56

Félicitation pour votre (ton) concours alors :)
Je suis de nouveau flatté par ta proposition, particulièrement inédite. Tu peux bien entendu utiliser mes critiques à des fins personnelles. (La classe quand même 8) )

Je me souviens en effet de séances cinématographiques en cours de français durant la classe de seconde. D'ailleurs, sans raconter ma vie, c'est mon professeur de français qui m'a passionné pour l'écriture en général et le cinéma en particulier, notamment avec l'analyse d'Elephant de Gus Van Sant et de Nosferatu. Un enseignement fort enrichissant, bien qu'il ne plaise pas à tout le monde.
En tout cas, j'espère que tes élèves pourront avoir le même déclic que j'ai eu.
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Messagepar Scalp » Mar 27 Juil 2010, 13:32

Jeff Buckley a écrit: J'adore le vouvoiment alors qu'il y a quelques jours je n'étais qu'un simple surveillant. :eheh:
Je viens de réussir mon concours je commence en Lycée à la rentrée. Peut-être utiliserai-je certaines de tes critiques pour motiver les élèves à en rédiger eux-même, c'est au programme de seconde "La critique de l'information" et les programmes nous proposent de faire une séance sur la critique cinématographique. Je te contacterai au cas où.


Mon style fait pas assez littéraire pour toi ? :mrgreen:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Riton » Mar 27 Juil 2010, 14:10

A mon avis, il y a trop de fois les mots : Nichons, sang, gun, ninja, nichons (Oui oui, c'est normal, car Scalp aime beaucoup les nichons), Arme blanche, c de la merde, putain, ... :mrgreen:
Mes DVD a vendre à partir de 0.70€ 8)
helldude™ a écrit:bik et moi vivions déjà le grand amour avant l'épisode de l'éjaculation faciale

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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Mar 27 Juil 2010, 14:31

p*** du vous a jeff!! :eheh: ce monde est foutu!! :eheh: :mrgreen:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Jeff Buckley » Mar 27 Juil 2010, 15:04

Scalp a écrit:
Jeff Buckley a écrit: J'adore le vouvoiment alors qu'il y a quelques jours je n'étais qu'un simple surveillant. :eheh:
Je viens de réussir mon concours je commence en Lycée à la rentrée. Peut-être utiliserai-je certaines de tes critiques pour motiver les élèves à en rédiger eux-même, c'est au programme de seconde "La critique de l'information" et les programmes nous proposent de faire une séance sur la critique cinématographique. Je te contacterai au cas où.


Mon style fait pas assez littéraire pour toi ? :mrgreen:


Voici ce qu'il ne faut surtout pas faire... :mrgreen:
Quand on est à l'école évidemment. Après je ne peux que trop leur conseiller de se lâcher pour se distinguer de la masse tiède mais pour l'instant on ne leur dit rien ils sont trop jeunes, on les forme pour passer entre les mailles du filet et plaire à la France de Papa.
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Alex » Mar 27 Juil 2010, 16:15

Je confirme :super:
Critique très exhaustive et impeccablement pondérée. J'ai pas fait mieux.
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Sur mes lèvres - 9/10

Messagepar cinemarium » Mer 28 Juil 2010, 12:50

Sur mes lèvres, de Jacques Audiard: 9/10

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Jusqu’où la solitude pourra amener certains esprits, perdus dans une errance éternelle ayant pour racine les difficultés professionnelles mais surtout amoureuses. Tel est tout l’enjeu de Sur mes lèvres, véritable fresque sentimentale contemporaine signée Jacques Audiard. Sublimé par un des plus brillants couple cinématographique français que forme un Vincent Cassel brillant et une Emmanuelle Devos exceptionnelle, le film du réalisateur français aux multiples césars est une réussite impeccable, jonchant les sombres chemins de la peur et du désir inavoué avec une émotion toujours enivrante.


La beauté d’une rencontre
Carla Behm, jeune secrétaire d’une société de service, est atteinte d’une surdité chronique qui lui empêchera toutes relations humaines dignes de ce nom. Célibataire et très réservée, cette dernière a néanmoins acquis, grâce à son handicape, la capacité de lire sur les lèvres et d’ainsi comprendre des messages qui ne lui étaient pas destinés. Paul Angeli, repris de justice tout juste sorti de prison et nouvel employé de cette même entreprise, va faire la connaissance de Carla et de son incroyable capacité. Une rencontre, dans un contexte difficile, qui amènera les deux protagonistes dans les mystérieux sentiers de l’amour et de la reconnaissance réciproque.
Sur mes lèvres est d’abord un film poignant et doté d’un humanisme extraordinaire, tant la multitude de ses thèmes est abordée avec une approche sensuelle et poétique. Les personnages que sont Carla et Paul, si différents mais unis par le terrible enclos de la solitude provoqué par l’exclusion sociale, forment un couple symbole de toute la mélancolie actuelle. L’élaboration de relations solides apparaît ainsi pour eux comme une véritable denrée à la rareté inapprochable. Paul, sortant de prison pour vols aggravés, retrouve sa liberté dans la plus grande tristesse et dans la plus grande misère : obligé de dormir dans les locaux de sa société, il trouvera en Carla une âme charitable et d’une tendresse inespérée. Cette dernière, « sourdingue » comme le dit Paul, est, quant à elle, sujet de moqueries de la part de ses collaborateurs et devra former son chemin solitairement. Mais l’arrivée de Paul dans sa routine quotidienne provoquera ce que les romantiques appellent le coup de foudre, incontrôlé et qui deviendra obsessionnel. Cette rencontre, aux antipodes de la conventionalité contemporaine, sera alors d’une sincérité exceptionnelle. Car Sur mes lèvres ne relèvent pas du film romantique catégorique et souvent synonyme de niaiserie, mais plutôt du romantisme éprouvé et difficile. En effet, ces deux êtres, que tout semble opposer, connaitront de nombreuses intempéries amoureuses qui donneront paradoxalement à leur relation une richesse incroyable et émouvante. Le spectateur s’attache, et la fusion opère magnifiquement.
Finalement, Sur mes lèvres est un film torturé et complexe qui respire la vie. Réaliste et toujours juste dans son propos comme dans son traitement, Jacques Audiard parvient à faire de son film une incroyable fresque sentimentale contemporaine basée sur un scénario simple mais particulièrement efficace. La dureté du ton tranche avec l’humanisme des sentiments, et le fétichisme de Carla envers Paul agrémente le récit d’une touche émotionnelle encore plus intense.

Une caméra intimiste
Au delà de son propos fort et vivant, Sur mes lèvres impressionne surtout sur l’exemplarité de son équilibre. Le coté « thriller » du scénario est ainsi parfaitement illustré même s’il peut parfois paraître excessif d’un point de vue narratif. Mais là n’est pas l’importance d’un film inéluctablement réussi.
Parce que du coté technique, le bat ne blesse jamais. Filmé avec une certaine perversité narrative, notamment durant ses séquences les plus sensuelles, Sur mes lèvres dispose d’un cachet intimiste extraordinaire et transperçant. La caméra du talentueux réalisateur français transpose ainsi avec une sincérité parfois déroutante tous les traumatismes des personnages qui évoluent sous nos yeux privilégiés. Jacques Audiard nous berce alors d’une façon mouvementé durant la totalité de son œuvre en privilégiant des plans souvent mouvementés et privilégiant les contre-champs, aplatissant l’image que nous contemplons ; comme si cette mise à plat était nécessaire à la fois pour les protagonistes, de par leurs maux, et pour le réalisateur, de par ses envies d’éclaircir un récit particulièrement noir. La métaphore peut paraître subjective mais semble bien réelle.
En faisant le choix d’une telle mise en scène, Jacques Audiard réussit à colporter toutes le désir réciproque des tourtereaux mais complexifié par un environnement difficile : les musiques, au niveau sonore exécrable pour Carla, de la boite de nuit Le rubis apparaitront alors comme une agression sensorielle pour le spectateur. Là encore, tout est dans la sincérité et dans l’intimité.
Enfin, pour en finir avec ce déluge de réussite, comment ne pas souligner avec une attention toute particulière l’incroyable interprétation des acteurs de ce conte contemporain. Le personnage de Paul, est, à travers son physique parfois ingrat et son comportement souvent rebutant, interprété par un Vincent Cassel au sommet de son art, tant les expressions physiques et vocales de l’acteur sont sincères et humaines. Mais la palme de la parfaite interprétation est attribuée à Emmanuelle Devos, qui parvient à transposer toute la complexité de son personnage avec un naturel déconcertant. A la fois naïf et caractériel, son personnage était d’une complexité évidente à interpréter. Mais l’actrice réussit à remporter le défi avec mention.

Comment ne pas rester insensible à un tel tourbillon de réussite en tout genre ? Émouvant, sincère, disposant d’une réalisation sublime et interprété avec brio, Sur mes lèvres est tout simplement un film à l’aura universel et immortel. Jamais perverti par une morale douteuse et trop académique, Jacques Audiard surpasse son œuvre pour la transformer en un génie artistique et cinématographique.
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