Inception de Christopher Nolan
Inception ou Déception ?
La question se pose, Nolan avait toutes les cartes en main pour créer la pièce maitresse de sa filmographie, le domaine des rêves est le terrain de jeu idéal pour les structures décomposé, montage alterné et les faux semblants tant chéri par le réalisateur de Mémento. Nolan ne laisse pourtant pas son imagination aller au bout préférant créer un rêve trop rationnel ou les scènes d’action s’étirent comme sa bande son en délaissant la moelle de son film à l’état d’archétype.
Au final Christopher Nolan se retrouve lui-même piégé par son Inception, une idée qui germe dans sa tête depuis 10 ans mais dont il ne sait que faire. Cela se ressent à chaque instant à l’écran, durant quelques rares moments le film arrive à trouver une unité mais la plupart du temps Christopher Nolan éparpille ses bonnes idées, les coupant au meilleur moment pour garder un rythme effréné. Jamais on ne revit les montés en tensions d’un Dark Knight ni l’implication tragique et émotionnelle d’un Prestige, le film se retrouve coincé entre deux, trop sage et trop posé autant dans ses scènes d’actions que dans son trauma originel, la sauce ne prend pas il manque un souffle, un brin de folie, Christopher Nolan semble incapable de faire un grand film sans son éternelle joker : Jonathan Nolan.
Pourtant on retrouve ce qui fait la force de son cinéma, un talent pour sans cesse relancer son intrigue et maintenir le spectateur en cela Inception est thriller mental qui tient parfaitement en halène durant 2h30 mais contrairement à ces précédents travaux on ressort avec un gout d’inachevé sans avoir véritablement envie de revoir le film. Le potentiel ambigu et déstabilisant de notre esprit est sacrifié sur l’hôtel de efficacité, Nolan semble dépassé par un concept possédant trop de possibilités dont il essaye de rationnalisé au maximum les règles aboutissant à une première heure d’exposition assez lourde qui enchaine dialogue sur dialogue réexpliquant sans cesse une théorie à plusieurs niveaux. Calquant la structure de son film à celui d’un grand braquage, tout se déroule trop comme prévu mais le grand casse n’a jamais lieu, à l’image de la séquence d’ouverture d’une grande classe esthétique le film délivre déjà toutes les clés de l’histoire court-circuitant les surprises à venir, en mettant dès les premières minutes une arme entre les mains de l’élément perturbateur du film.
Nolan délivre quelques une de ses plus belles idées de mises en scènes de la traversé initiatique d’un Paris virevoltant à l’ascenseur du subconscient en passant pas le grand moment bluffant d’inception : l’hôtel en apesanteur. Le seul souci entre ses séquences originales et inspirées Nolan fait ce qu’il maitrise le moins de c’est à dire l’humour et l’action. Beaucoup d’idées sont réjouissantes sur le papier mais n’aboutissent pas à l’écran ainsi tout la trame dramatique véritable moelle du film de la relation père-fils à l’amour irréel destructeur ne sont jamais suffisamment développé pour impliquer le spectateur, cela reste plus un prétexte pour faire avancer l’intrigue à la manière d’une équipe dont chaque membre n’est finalement qu’un pion du scénario pourtant porté par une flopé d’acteur talentueux et impliqué.
L'élément le plus révélateur de ce talent et débordement d'idées est ce couple qui doit forger le subconscient du film : Marion Cottilard et Léonardo Dicaprio jouent parfaitement leur partition mais chacun de leur côté, l’alchimie décrite plusieurs fois n’a le temps de fonctionner sur pellicule, les moments qui devrait donner un frisson émotionnel porté par une sublime photo de Wally Pfister sont totalement anesthésier comme ce final majestueuse plombé par une partie de ski de très mauvais gout rappelant les plus kitsh des James Bond.
Le réalisateur en est conscient puisqu’il rigole lui-même de cela on pourra se rattraper en disant que tout était prévu dans l’imaginaire du twist final. Mais on ne peut s’empêcher de penser que la trop grande liberté a tué en grande partie la rigueur du son cinéma, avec un budget plus restreint Nolan serait resté à l’essentiel en évitant à son film toutes ses boursouflures actionner comme les chutes interminables et les explosions en vu multiples et aurait véritablement traité le fond de son film tout simplement passionnant sur la pertinence d’une idée, l’état de stase d’un rêve et les moments que l’on veut sans cesse revivre, remodeler à son image.
Inception est un divertissement prenant d’une grande classe visuelle qui pousse le spectateur à réfléchir mais laisse un gout amer d'un grand potentiel inexploité.
7/10