8/10
Shutter Island de Martin Scorsese - 2010
Lehane dans le genre béni des dieux il est pas mal quand même, le mec a vu ses romans adaptés au ciné, alors en soi rien de fou, Stephen King a eu 25 adaptations ses livres (chiffre balancé au hasard mais qui doit pas être loin de la vérité), Grisham a vu la plupart de ses livres adaptés, mais Lehane il a eu droit à Clint, Ben et Martin (alors oui Ben Affleck peut faire tâche mais clairement sa carrière de réal est quand même assez classe.
Lehane c'est un peu la nouvelle référence en terme d'adaptation de bouquin, son style très cinématographique s'y prête à merveille, bien plus que des trucs qui sont adaptés et on se demande encore pourquoi (non je vais pas reparler du Hobbit), donc après le génial Mystic River et le très sympa Gone Baby Gone c'est Shutter Island qui est adapté (le seul bouquin de Lehane que j'ai toujours pas lu et pas très motivé vu que je connais la fin).
Scorsese s'attaque ici a un style où il a jamais réellement oeuvré le thriller d'ambiance à twist et tout son talent nous explose une fois de plus en pleine tête, il se permet même le luxe de torcher des séquences oniriques qui rendront jaloux Peter Jackson ( le passage où ssa femme se consume c'est juste magnifique), Scorsese avait déjà prouvé qu'il était à l'aise dans les séquences de "peur" dans Nerfs à Vif.
Une fois de plus avec Scorsese les influences sont bien digérées et on pense notamment au classique de Fuller (bon petit film mais clairement pas mon préféré du mec), l'ambiance est juste magistrale et le premier quart d'heure c'est un modèle de cinéma a montrer à tous les tacherons qui se pensent réalisateur (coucou Denis Villeneuve), Scorsese fait du sur-cinéma ( de toute façon Marty ça a jamais été un réalisateur qu'on peut qualifier de subtile ), il le sait et il y va a fond : grosse musique ( terrible cette BO, alors que normalement c'est tout ce que je déteste avec la grosse corne de bateau qu'on entend dans tous les blockbuster depuis 15 ans ), gros insert sur les badges, un orage proche, la brume omniprésente, des répliques qui claquent comme des coups de triques, des regards suspicieux, juste la classe cette intro et on plonge petit à petit dans la folie avec Di Caprio, l'environnement aidant beaucoup : asile isolé, tempête, personnel bizarre, patients encore plus bizarres.
Et pis comme d'hab il y a des séquences géniales : le travelling latéral sur les nazis, les passages oniriques, tout le passage dans l'asile. Et c'est tellement plus agréable de voir un film avec un mec qui sait exactement comment filmer ses séquences pour les rendre marquante.
Alors oui Scorsese donne beaucoup d'indices pour la révélation finale mais si il en avait pas donné il y aurait eu aussi des reproches et franchement les indices sont pas gênants et c'est pas tous les jours qu'on voit des faux raccords fait exprès, il exprime bien la santé mental de Di Caprio, et la seconde vision permet de trouver plein de petits détails qui prouve que rien n'a été laissé au hasard, Marty réussit à nous captiver pendant plus de 2 heures bon à la revoyure j'aurais pas dit non à 15 minutes de moins par contre (ptet un peu trop de rêve). L'explication finale un peu didactique étant vraiment essentielle et puis il y avait quand même des doutes : Kingsley et Von Sydow plus le background WW2 laissait planer le doute d'expérience nazi.
Par contre la fin ne laisse pas la place au interprétation c'est très clair : Di Caprio a retrouvé toute sa tête et décide de se faire lobotomiser c'est un peu une fin à la Old Boy.
Di Caprio à l'époque son talent paraissait sans limite, de film en film il s'affirmait comme le meilleur acteur de sa génération (pourquoi il y a fallu qu'il aille dans ce putain de film Netflix qui nique sa filmo parfaite, bon j'aime pas Gatsby par exemple mais je comprends son choix, alors que la merde Netflix non), il livre ici sa meilleure performance chez Scorsese ( il avait commencé doucement avec Gangs of NY où il était un peu éclipsé par les seconds rôles puis Aviator et avait bien haussé le niveau avec les infiltrés ) ici il est l'acteur qui bouffe l'écran, personne ne lui vole la vedette.
Mark Ruffalo est un acteur toujours discret mais il est jamais mauvais, Emily Mortimer est toujours une excellente actrice, Ben Kingsley c'est si rare de le voir aussi sobre et ça fait plaisir ( il avait pas été aussi bon depuis Schindler ), Ted Levine ça le fait toujours, la surprise vient de Michelle Williams vraiment convaincante ce qui est rare pour être souligné, même si depuis sa carrière a prit une tournure plus intéressante.
Niveau second rôle c'est du lourd, pour des tous petits rôle Scorsese se permet le luxe d'avoir du acteur haut de gamme outre l'éternel Max Von Sydow on retrouve Jackie Earle Haley dans l'une des meilleures scènes du film ( lui c'est con il a jamais réellement confirmé et a été catalogué dans toujours le même genre de rôle ), le passage avec Haley est encore meilleur la seconde fois, la scène étant dialoguée à la perfection ( surement repris à la lettre du roman car Lehane niveau dialogue c'est un crack ) et le caméo du toujours impeccable Elias Koteas est bien sympa.
Alors que la plupart des réalisateurs ayant commencé dans les 70's sont devenus des tocards, Scorsese continu d'être un réalisateur qui compte, bon j'ai pas aimé son dernier film (bien surcoté d'ailleurs) mais de tous ses potes c'est clairement lui qui a le meilleur niveau (la gueule de la filmo de Spielberg depuis 10 ans ça fait peur quand même).