Aniki, mon frère Takeshi Kitano - 2000
Alors si on aime Kitano parait que c'est pas bien de préféré Aniki, balek total, je suis pas fan de Kitano et ça c'est son meilleur film putain (avec Kids Return quand même).
Sur le papier Kitano qui va faire un film chez les ricains ça pouvait faire peur, peur qu'il vende son cul, Kitano au contraire de pas mal de réalisateurs étranger débarquant au US n'a donc pas fait un film sans personnalité, mais non on a bien un film 100% Kitano ( tout son staff est là aussi et notamment le compositeur Joe Hisaichi et son directeur photo Katsumi Yanagishima ), par contre par moment on sent qu'il y a des coupes et il y a quelques ellipses un peu brut, y pas de transition et tout va un peu trop vite.
Alors oui par moment comme pour le
Vengeance de To ou le
Volte Face de Woo, ça a un coté Kitano pour les nuls, il reprend certaines idées ( les petits jeu et les plans contemplatif notamment ), certaines séquences de ses précédents films mais au contraire des films de To et Woo ce n'est pas un sous-Kitano sans inspiration personnelle, jamais on a l'impression que Kitano fait son film pour plaire a un plus grand nombre. Alors que tout les réalisateurs, ou presque, ont plus ou moins renié leurs origines pour leur premier film US, Kitano fait un vrai film japonais, et y a pas grand chose de plus éloigné du cinéma ricain que le ciné Japonais et ses nombreux codes. Pour ça il a eu la chance de ne pas avoir de star US au casting qui aurait vampirisé le truc et surtout il signe lui même le script.
La confrontation yakusa old school avec jeune gangsta puis mafia c'est vraiment bien foutue et le mariage et les différences entre les 2 cultures constitue un des points fort du film. Quand les Yakuza rencontre le hip hop ça me parle carrément.
La trame de l'histoire à un petit coté
Guerres des Gangs à Okinawa de Fukasaku (Kitano connait ses classiques). Kitano qui débarque à LA, se fait des potes et crée donc un gang multiracial ( et comme dans tout film de yakusa, les liens du clans sont plus important que les liens ethniques ) et il va vouloir prendre le contrôle de la pègre local sans faire de chichi ( le langage par les guns ne connait pas de frontière et LA en terme de violence ça a rien a envier au Japon ). La raison est simple, tout simplement parce que c'est un gangster et que c'est la seule chose qu'il sait faire, alors oui Kitano est encore une fois un gars désabusé, impassible limite autiste qui tue des gens en faisant des blagues mais il est tellement bon dans ce genre de rôle que c'est toujours un plaisir de le voir, qui d'autre est plus convaincant que lui dans ce genre de rôle de taciturne mélancolique qui tue sans aucun remord ou compassion.
"He says, if you kill him with one shot, he'll give you ten bucks"
Niveau réalisation c'est du pur Kitano avec pas mal de plan fixe, de la fusillade bien sanglante en plan fixe aussi, du gunfight en hors champs, bien entendu on a un plan de plage et un plan vraiment beau d'un avion en papier, j'aime bien le plan séquence avec la caméra dans la voiture le gars qui sort buter sa victime pendant que la voiture continue à rouler et le gars qui remonte dans la voiture après son meurtre, comme dans tout Kitano les gunfight sont ultra sec et arrive sans prévenir en général on se braque pas trop chez Kitano quand on sort un flingue on tire de suite, c'est très sanglant dans l'ensemble avec du bon geyzer, y a un seppuku bien crade, le film se termine même sur une scène tout droit sorti d'un western de Peckinpah.
Le duo que forme Kitano et Omar Epps ( de loin son meilleur rôle ) fonctionne vraiment et s'avère très touchant, leur amitié on y croit à fond sans que ce soit trop appuyé, j'adore toute leurs scène en commun, leur petit jeu, les touches d'humour qui s'en dégagent, Epps joue bien entendu un gangsta un peu stéréotypé mais il est vraiment bon et sa dernière scène en plan séquence est parfaite de justesse et vraiment poignante.
Le reste du cast c'est du solide avec notamment Claude Maki et Susumu Terajima et pis y la magnifique Tatyana Ali, par contre à part Epps le cast non asiatique est pas trop convaincant, les 4 parrains qui se font tuer par Kitano sont même très mauvais et font penser au méchant gweilos chez Jackie et Sammo.
Un film noir, violent, beau, touchant, un pur film de Kitano.
Aniki en plus d'être le meilleur Kitano, c'est le meilleur film d'un Asiatique au USA.
"I love you Aniki! Wherever you at, man!"
9/10