Seconde lecture et toujours autant passionnant. Antarctique, chaines de Montagnes mystiques et plus hautes et imposantes que l'Himalaya, vent effroyable, le froid, les camps de bases , les chiens de traineaux, l'avion, les découvertes étranges dans les montagnes, les vestiges de cité cyclopéenne absolument effrayantes, gigantesques, noires, labyrinthe infini, corps étranges de créatures innommables sorties tout droit des Enfers venant en réalité d'outre-espace..Lovecraft impose un style sans dialogues, parfois lourd, pesant, on pénètre dans un registre fantastique terrifiant et le fond et la forme fusionnent à la perfection. le récit est court mais bénéficie d'une incroyable richesse linguistique . Les descriptions de la cité et du passé probable des entités divines, extraterrestres sont pointues mais peuvent il faut l'admettre perdre le lecteur. C'est vraiment les 50 premières pages qui valent réellement le détour. C'est à une véritable exploration à laquelle nous assistons et le tout est même baigné de références à des choses plus ou moins fictives ou non : Le necronomicon, Clark Ashton Smith, Roerich, Leng etc...
Il est évident que "The thing" s'inspire de cette nouvelle et si vraiment Del toro en fait un film, ça devrait vraiment être un chef d'oeuvre s'il respecte le ton et surtout, surtout l'ambiance sombre et brumeuse.
Quelques dessins en rapport avec la nouvelle (et qui je troue illustrent très bien le livre) :Quelques passages:
" A plusieurs reprises d'étranges phénomènes atmosphériques m'enchantèrent; notamment un mirage d'un éclat saisissant - le premier que j'aie jamais vu- où les lointains icebergs devenaient les remparts de fantastiques châteaux."
" Les montagnes lointaines flottaient dans le ciel comme des villes ensorcelées et tout ce monde blanc se dissolvait en l'or, l'argent et l'écarlate d'un pays de rêves dunsaniens prometteur d'aventures, sous la magie des rayons obliques du soleil de minuit. La navigation était très difficile par temps nuageux, le ciel et la terre enneigée ayant tendance à se fondre dans la fascination d'un vide opalescent, où aucun horizon visible ne marquait leurs limites".
" Il est absolument indispensable, pour la paix et la sécurité de l'humanité, qu'on ne trouble pas certains recoins obscurs et morts, certaines profondeurs insondées de la Terre, de peur que les monstres endormis ne s'éveillent à une nouvelle vie, et que les cauchemars survivants d'une vie impie ne s'agitent et ne jaillissent de leurs noirs repaires pour de nouvelles et plus vastes conquêtes."