The Queen Stephen Frears 2006
L’invitation à rentrer dans le rang imposé par la reine lors la vision de son dixième premier ministre est claire. Tout est ancestral et doit le rester, le protocole le démontre, Tony Blair doit s’y plier.
En parallèle de ces rituels contraignants, une petite princesse est en bout de courses comme le montre de manière prémonitoire cette photo de villégiature maritime. Tout va basculer un Samedi soir d’été.
L’évènement est considérable, la réaction royale est procédurière véhiculée par des phrases bateaux masquant un désintérêt flagrant, la reine se positionne comme chef de clan glanant ça et la des conseils captés mollement.
Le peuple ne l’entend pas de cette oreille, il réagit, montre sa tristesse, Tony Blair saisit immédiatement l’aubaine de faire vaciller tous ces principes féodaux subordonnés à l’adoration de la nature et des animaux.
Elisabeth est avare, s’extasie devant l’apparition d’un cerf, le prince Charles est un froussard vivant dans la peur perpétuelle de l’attentat, la reine mère ne prononce que des paroles d’archives, Philip d’Edimbourg brille le fusil à la main en motivant son « petit lapin » de bâcler la paperasse avant que le thé ne refroidisse.
Le clan parle de chasse en regardant évasivement les actualités retraçant la fin tragique de la princesse, tout n’est qu’une définition égoïste au mépris total de la masse considérée uniquement comme servile.
Le spectre de la république se positionne au loin, Tony Blair à l’aide de la température populaire grandit, s’exprime, révolutionne les mentalités de cette tour d’ivoire impose des directives au secrétariat royal, la reine cède sous la pression. C’est une belle leçon de survie comme le dit si bien un premier ministre en état de grâce.
Helen Mirren est d’une ressemblance percutante, elle ne joue pas Elisabeth elle est Elisabeth au détriment des autres membres de la famille royale dont les ressemblances sont moins crédibles. C’est un acte fusionnel, une alchimie fantastique entre une comédienne qui adopte au geste près les comportements de son personnage, l’impact est foudroyant.
C’est la reine que nous voyons dans tous ses états : Radine, solitaire, évasive, bâcleuse d’entrevues minutées à l’avance, fragile, enclavée dans un monde forestier sans humains hormis le clan et la valetaille, n’ayant des mots plus ou moins chaleureux que pour ses chiens.
Pressée de toutes parts elle se rompt de l’intérieur en lâchant devant un Tony Blair conquérant quelques confidences sur sa froideur « C’est tout ce qu’on m’a appris, c’est tout ce que je sais faire ». La communication passe enfin entre une gestion féodale et un besoin populaire.
L’émanation d’une chaleur humaine voit le jour, le courant passe, le peuple sera peut-être enfin considéré comme pensant et non comme un adorateur perpétuel privé de récompenses.
7/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.