Robin des Bois |
• Date de sortie : 12 mai 2010 • Réalisé par Ridley Scott • Film américain, britannique • Avec Russel Crowe, Cate Blanchett, Max von Sidow, William Hurt, Mark Strong • Durée : 2h20 |
8/10 |
Robin des Bois (2010)
Comme Alegas, J’ai beaucoup hésité avant d’aller voir ce film. Sauf que pour moi, l’image de Robin des Bois ne renvoyait pas à Kevin Costner, mais plutôt à Errol Flynn avec ses collants verts, le tout dans un technicolor flamboyant.
En règle générale, j’apprécie plutôt les films de Ridley Scott, mais dans ce cas particulier, je craignais sa vision « trop réaliste » du Moyen Age. Je ne voulais surtout pas qu’il transforme la légende de Robin en nouveau « Kingdom of Heaven ».
Et bien finalement, je suis rassurée, Ridley Scott a réussi à conserver « l’esprit du mythe » Robin des Bois, tout en apportant juste une touche de réalisme, notamment avec le siège du château, les décors et les costumes, les scènes de combat et dans une certaine mesure avec le contexte géopolitique.
Points forts du film :
Le scénario : brillante idée qui consiste à ne pas s’engouffrer dans une énième adaptation de la légende. Cela évite le piège de la comparaison avec les versions précédentes. Ce film est un prélude à la légende. Il raconte les circonstances qui ont mené Robin Longstride à devenir Robin des Bois, le hors la loi. Du coup, Ridley Scott est libre d’inventer le passé qu’il souhaite pour son héros. Il ne trahit pas le mythe, puisque toutes ces aventures arriveront par la suite.
Le respect de la légende : Parce qu’il raconte une histoire qui se passe avant toutes celles qui furent contées auparavant, Ridley Scott pouvait finalement se passer de la présence de certains personnages ou codes liés à la légende, et pourtant il n’en fait rien. Tous les personnages principaux du mythe sont là, parfois juste esquissés mais ils sont là.
Les compagnons déjà joyeux et ripailleurs.
Le Shérif de Nottingham qui n’est bien sûr pas le « méchant » du film, puisque cette histoire reste à écrire. Mais il est déjà pleutre et vil.
Jean fourbe à souhait et donc bien plus conforme à la légende qu’à l’Histoire.
Robin des Bois déjà sauveur de la veuve et l’orphelin, même s’il a sa part d’ombre. Archer émérite, même s’il ne tire pas à tout bout de champ. Certes un peu mélancolique, mais il sait aussi ripailler. J’étais sceptique sur le choix de Russel Crowe que je trouvais un brin trop « massif », mais mes doutes ce sont envolés. Il incarne très bien Robin de Bois. Il y a même un rappel au code vestimentaire, puisqu’à certains moments Robin porte une tunique vert sombre.
Cate Blanchett parfaite Lady Marianne. Tout en simplicité et en port altier. Personnage féminin très fort et finalement assez éloigné de la demoiselle en détresse.
La forêt de Sherwood, hommage final à la légende.
A tout cela s’ajoutent de très beaux plans, une scène de siège de château époustouflante, des acteurs convaincants (exceptionnel Max von Sidow) sauf Mark Strong qui en fait trop et devient agaçant et un film bien rythmé dans lequel on ne s’ennuie jamais. Je n’ai pas vu le temps passer. Enfin, il faut noter, le magnifique générique de fin, sorte de tapisserie « gouachée » qui rappel les évènements du film.
Point faible :
Je trouve que la bataille sur la plage manque d’intensité dramatique et de lisibilité. Certes la confusion règne sur un champ de bataille, mais là tout de même c’est un peu trop. Il faut dire que j’étais plus occupée à esquiver un sourire, plutôt qu’à m’inquiéter pour les protagonistes. La scène des navires à l’horizon façon « débarquement en Normandie » ça m’a fait sourire. A cela s’ajoute le ridicule « moment Eowyn» de Marianne. Sa présence dans la bataille est parfaitement incongrue, sans compter qu’elle est accompagnée de gamins montés sur des poneys. Le côté réaliste de la bataille est complètement plombé par cette intrusion.
Mais que viennent faire les huîtres dans cette histoire ?
Autrefois la France, dans le cinéma américain et parfois britannique, c’était le béret, la baguette, la deudeuche… maintenant, ce sont plutôt les « bizarreries culinaires ». A moins, qu’il y ait une symbolique dans l’image de l’huître au Moyen Age. Si un médiéviste passe par ici, je suis tout ouïe pour l’explication.
Sinon, Il doit y avoir des coupes dans le film. Ou alors j’ai eu un moment d’absence
Donc soit l’explication est hors champ, soit il y a une coupe.
Dans l’ensemble un film esthétique, bien rythmé avec un solide scénario, bien plus respectueux de la légende qu’il n’y parait avec quelques défauts qui ne gâchent en rien le plaisir de le regarder.
8/10