Séraphine : 9,5/10
Splendide !
Voilà comment avec un budget minuscule (seulement 3,9 millions d'euros, à l'heure des cachets indécents réservés à une poignée de stars gourmandes) on peut encore faire du beau cinéma avec un casting idéal, une reconstitution historique sans ostentation et une mise en scène tout bonnement sublime.
Yolande Moreau est une Reine. Elle ne joue pas. Elle ne fait pas semblant d'être quelqu'un. Elle n'imite personne. Elle est "simplement" habitée par son personnage.
Ce film admirable lui offre enfin au cinéma un rôle à la mesure de l'immense talent qu'elle avait déjà révélé avec chacune de ses incarnations "deschiennes", puis avec sa récente première réalisation-interprétation "
Quand la mer monte".
L'oeuvre du peintre Séraphine de Senlis (née Séraphine Louise) sera une révélation artistique pour beaucoup, car non seulement magnifiques ses compositions visionnaires sont bouleversantes lorsque l'on se rend compte qu'elles sont le pivot du basculement d'une vie simple vers la folie et la solitude les plus injustes.
Et dire que l'on appelle cela de l'art naïf !
Certains reprocheront évidemment au film son classicisme respectueux, sa durée un peu étirée (le plan final d'un arbre bruissant et d'une silhouette enfermée dans son monde, ses bonnes intentions, son manque de démesure, sa religiosité d'un autre temps, ses petits riens sans importance et sa douce retenue.
Qu'importe car malgré quelques petits défauts dramaturgiques il donne toute possibilité au spectateur d'entrer en empathie avec une bonne âme détruite par son génie.
Une vraie leçon d'humilité. Un film magique, tout simplement.
"Certaines choses valent la peine d'être dites, beaucoup d'autres non : le mieux est donc de se taire et d'écouter". Un vieux sage oublié