Angel Heart Alan Parker - 1987
Spoiler de partout.
"They say there's enough religion in the world to make men hate each other, but not enough to make them love"
Quand le film se termine, la première chose qu'on fait c'est revérifier le nom du réalisateur, non parce que Alan Parker on peut pas dire que ce soit un foudre de guerre, on peut sauver Midnight Express et Mississippi Burning mais c'est pas des films spécialement bon sur la forme, alors que ici ça nous explose à la gueule.
Le film commence comme un film noir classique avec bureau minable, perso secondaire pittoresque, bar enfumé et zic jazzy ( en plus ça se passe dans les 50's ) avec un premier plan des bas fonds New yorkais bien dans l'esprit, super générique d'ouverture.
On va donc suivre Rourke, un détective de seconde zone spécialisé dans les filatures car c'est sans risque mais vu la somme d'argent qu'on lui propose il va enquêter sur la disparition d'un gars, ça commence donc comme du film noir avec enquête à tiroir, personnage secondaire très intriguant et ambiance nocturne puis plus l'enquête avance plus elle devient nébuleuse et glauque ( les meurtres dans le genre cradingue se pose là ) pour virer dans le fantastique pur. Et faire intervenir le fantastique dans une film jusque là réaliste c'est casse gueule, soit ça fonctionne, soit c'est complètement ridicule.
L script se révèle habile, diabolique même, car même si on sait que De Niro est le Diable, le jeu auquel il joue avec Rourke est bien foutu, un jeu vicieux où le gagnant est connu d'avance, le twist final on le voit peu à peu arriver mais il est vraiment amené de façon intelligente ( avec tout ces flashs sur des images un peu bizarre comme ce plan récurrent sur le monte charge, l'hélice d'aération, les rêves de Rourke ) souvent on parle du héros qui vit une vraie descente aux enfers, ici cette expression n'aura jamais été aussi vraie au propre comme au figuré.
"The flesh is weak, Johnny. Only the soul is immortal"
On passe de la grisaille de New York à la moiteur du sud qui comme dans
Mississippi Burning est palpable, Parker arrive bien a capter la chaleur ambiante et poisseuse de la Louisiane, à celà ça on rajoute les rites vaudou très envoutant ( ça fait tout drôle de voir Lisa Bonnet et son poulet ) et on obtient un vrai film à l'ambiance plus que travaillée ou chaque plan magnifié par une photo sublime est vraiment une pure réussite, et pour l'esthétisme qui se dégage j'ai pensé à Blade Runner par moment. Toutes les scènes nocturnes ont grave de la gueule avec des éclairages toujours recherchées qui en font un vrai film noir tout sorti des 50's.
La reconstitution d'époque est vraiment une grande réussite, avec un sud avec des cul terreux bien crasseux, les rituels vaudou ça fait parti du folklore local et ça apporte n plus à l'ambiance.
Parker arrive a rendre ces scènes vraiment angoissantes et oppressantes ( putain la scène de cul elle déchire, ça commence comme un truc de cul normal quoi pis ça vire au glauque d'un seul coup avec des ébats qui deviennent très sanglants où la sueur le sang et la pluie ne font plus qu'un, une scène qui prend encore plus d'impact lors de la révélation finale pour devenir vraiment malsaine, a noter que lors de sa sortie au States Parker a du couper un peu la scène car qu'il avait écopé d'un classement X ).
Mickey Rourke dans un rôle qu'il ne peut plus tenir, un détective miteux, toujours la clope au bec, éternellement mal rasé, cynique ( faut le voir allumer sa clope contre un cadavre encore chaud ) et désabusé, vraiment un de ses meilleurs rôles ( depuis qu'il est devenu un gros mastoc, y bouffe l'écran de façon évidente, limite il a pas besoin de jouer, juste sa présence suffit alors qu'avant avec son physique "normal" il devait vraiment jouer pour être le personnage ), Robert De Niro est grandiose ( dans un rôle refusé par Brando ), pas seulement parce que c'est Bob De Niro, non il est vraiment bon dans un rôle pas facile ( vraiment une de ses meilleurs interprétation ), là ou Pacino en fait des tonnes dans l'avocat du diable, De Niro est ici tout en sobriété ( terrible son look avec ces ongles long, sa canne et ses cheveux tirés en arrière ), et il a un putain de regard terrifiant, il est campe un Lucifer élégant et glacial, qui choisit ses mots, très économe dans ses mouvements , il a que 4 scènes dans le film, toutes avec Rourke et il vampirise les scènes à chaque fois, bon Rourke s'en sort très bien face à ce monstre et ça donne des scènes aux dialogues juste parfait ( c'est le genre de dialogues ou on voit que chaque mot a été bien réfléchi ) magnifiées par les acteurs qui les récitent, c'est le genre de séquence où le talent des comédiens fait tout le travail et où le réalisateur a juste a poser sa caméra.
Lisa Bonnet que dire d'autre à part que c'est une putain de bonnasse et que dès qu'elle est à l'écran il y a une putain de tension sexuelle quand on la voit, très loin de son rôle du cosby show ( ça parlait pas trop vaudou dans cette série ), bizarre qu'elle ait pas fait une meilleure carrière parce que à part
High Fidelity elle a rien fait, sinon on a Charlotte Rampling dans une scène très marquante (et elle faisait déjà vieille à l'époque).
La BO de Trevor Jones est envoutante et l'ambiance jazzy colle bien au rythme du film qui prend son temps ( l'enquête est pas des plus palpitante quoi ) et à coté de ça on a quelques morceaux blues du meilleur effet.
Une belle rencontre entre le film noir et le fantastique, et y a finalement peu de film qui marrie aussi bien les 2 genres, l'autre exemple qui me vient en tête est
Le Maitre de l'illusion.
" I have old-fashioned ideas about honour. An eye for an eye... stuff like that."
8,5/10