Outrages Brian De Palma - 1989
Après le succès public et critique des
Incorruptibles, De Palma retrouvait sa liberté pour faire le film qu'il voulait, et ce film était un projet qui lui tenait a coeur depuis un moment. A savoir un film de guerre inspiré d'une histoire vraie qui s'est déroulée au Vietnam et relatée par un roman de Daniel Lang : des soldats vont capturer une paysanne pour pouvoir s'amuser un peu quand ils se font chier, mais une fois de plus son film sera un échec public ( les critiques étant plus mitigé ) et il enchainera par 2 films foiré avant de livrer son ultime chef d'oeuvre.
Vu le sujet je m'attendais vraiment a plus putassier avec De Palma, et finalement même si le calvaire qu'endure la pauvre fille est assez dure et sacrément long ( quasiment 45 minutes de la capture à sa mort, d'ailleurs la partie dénonciation et procès est un peu trop rapide ) il n'en rajoute pas, il film le viol de loin et très sobrement, il oublie son coté voyeur ( la caméra est placée juste a coté de l'épaule de Fox pour nous faire ressentir sa culpabilité ) bon il se lâche peut être un peu avec la pauvre fille qui se relève comme un zombie et sa mort est un peu trop lyrique ( le score de Morricone en rajoute une couche en plus ).
C'est pas spécialement un film de guerre comme un Platoon, voir du pas du tout, la guerre est plus ici en toile de fond et De Palma livre ici un vrai drame humain qui montre les dérives de l'homme en temps de guerre avec un enfer qui n'est pas la guerre en elle même mais qui est celui qui bouillonne en chaque être humain, bien entendu le message est un peu lourd et trop moralisateur mais la direction d'acteur et la réalisation font passé la pilule avec brio, et puis c'est pas Jarhead non plus, on se fait jamais chier. Le film est un long flashback mais si on veut y voir un peu de positif on peut se dire que c'est juste un cauchemar.
Qui dit De Palma dit forcément des scènes où la caméra est star ( moins que d'habitude quand même ) et ici on a droit a plusieurs séquences qui claquent bien : le plan séquence qui voit Fox s'enfoncer dans un trou puis la caméra qui descend ( sans coupe ) et nous révèle les tunnels des viets, il arrive même a coller son plan subjective ( plan séquence évidemment ) du tueur. C'est remplit de money shot qui ont grave de la gueule (ce plan avec ce ciel rouge !!!)
Pour ce qui est de la scène du pont, bien entendu elle est maitrisée mais elle se termine sur une fausse note, ainsi lorsque Penn et ces hommes tuent la fille, ils se font face ( la fille étant au milieu ) et il tire tous dans la direction de la fille ( certains à la mitrailleuse ) niveau crédibilité c'est moyen car ils auraient dut tous s'entretuer vu les positions mais ça c'est histoire d'enculer les mouches.
Sinon il joue encore plus que d'habitude avec les focales et la scène avec la pluie en zoom et le visage de Fox a vraiment de la gueule, y en a plusieurs dans le film et notamment lors du meurtre avec Fox entrain de tirer et Don Harvey entrain de foutre des coups de couteaux, la scène de capture de la fille est bien foutu aussi.
Le casting est bon, Sean Penn je trouve vraiment ici qu'il a un de ses meilleurs rôles ( loin de ceux il tire sa tronche de chien battu énervé genre
21 grammes et tout le reste de sa filmo en fait, De Palma lui aura donné 2 de ses plus beaux persos ) ici il déchire en sergent qui va dépasser les bornes, c'est un bon soldat ( le début le prouve il sauve Fox d'une mort certaine ) mais un putain de psychopathe ( et il fait bien le psycho ) mais tout les comme les autres soldats il est livré à lui même dans un pays sans aucune loi ce qui le rend encore plus dangereux ( ce qui lui plait bien d'ailleurs, lors de sa confrontation avec Fox y sort un truc du genre, "on est tous armé ici, et tout le monde peut tué tout le monde n'importe quand, ça devrait toujours être comme ça" ), bon par moment il y va un peu fort sur les grimaces quand même : "Are you homosexual ?" ,( le cabotinage ça a jamais gêné De Palma ).
Michael J Fox joue juste et fait oublier Marty McFly ( ce qui était loin d'être gagné ) il arrive très bien a retranscrire les sentiments contradictoire de son personnage qui veut sauver la fille mais qui veut aussi survivre et là les 2 ne sont pas compatible et son face à face avec Penn est très réussi, il ne trouve pas le courage nécessaire.
Leguizamo fait tout gentil loin des rôles qui tient maintenant, John C Reily campe un débile profond encore une fois et donc dès le début de sa carrière il était cantonné à ce genre de perso, Don Harvey campe un enculé raciste de tout premier ordre avec conviction et Gregg Henry en fidèle du réalisateur a une petite scène mais elle suffit a nous montrer qui lui faut 2 secondes pour bouffer l'ecran, l'actrice Thuy Thu Le est quand à elle parfaite, a noter qu'elle n'a pas appris l'anglais pour le tournage et qu'elle a été engagé suite à une petite annonce déposée a Paris.
La BO de Morricone bein c'est une BO de Morricone quoi, par moment on touche au sublime.
Sinon la fin on peut pas l'interpreté comme un cauchemar plutôt qu'un long flashback ? ( oue je sais c'est nul comme idée ).
Comme tout les grands réals des 70's, De Palma a donc fait son film se déroulant au Vietnam et c'est une belle réussite, revoir les grands De Palma c'est aussi se dire que ce mec est mort il y a plus de 15 ans.