[cinemarium] Mes critiques en 2010

Modérateur: Dunandan

Breathless - 8/10

Messagepar cinemarium » Mar 27 Avr 2010, 16:05

Breathless, de Yang Ik-June : 8/10

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La violence engendre la violence. Tel pourrait se résumer la vie de Sang-Hoon, jeune recouvreur de dettes qui use de sa force physique pour oublier sa détresse psychologique. Jusqu’au jour où, par le fruit du hasard d’une rencontre, Sang-Hoon découvre la juvénile Yeon-Hee, différente de toutes celles qu’il a déjà rencontrées, et qui semble être son propre reflet féminin.

Une satire politique terrifiante de réalisme
Premier long métrage de Yang Ik-June, Breathless est le récit pessimiste d’un monde déshumanisé où règnent la violence, la haine et la compétition. A travers des zooms intenses et remuants, le jeune réalisateur a réussi à traduire cette violence physique mais surtout morale d’une façon très directe et très immersive. Les protagonistes tombent, s’éclatent et s’autodétruisent dans cette société coréenne inégalitaire et injuste. Car Breathless est avant tout un plaidoyer politique ayant pour objectif de stigmatiser cette société qui n’arrive pas à appliquer le principe de justice sociale. Grâce à des personnages travaillés et profonds, Yang Ik-June parvient à démontrer que la violence qui les animent est provoquée par leur environnement néfaste et pervers : drames familiaux, troubles psychologiques, difficultés scolaires et pauvreté.
Cette précarité, transgénérationnelle car vécu au travers de trois générations, semble fatalement inéluctable. Le propos est très dur car celui-ci est filmé de façon très naturel et très simpliste : pas de surenchères, pas d’effets sensationnels, Jonk Ik-June a fait le choix d’une caméra en perpétuel mouvement qui souligne l’intensité des chocs physiques et moraux. Le rythme est ainsi particulièrement maitrisé, même si quelques rares séquences semblent un peu répétitives.

Quand le bien rencontre le mal, et vice-versa
Le personnage de Sang-Hoon, au passé lourd et à l’avenir incertain, est particulièrement maitrisé. Les mimiques de Yang Ik-June, qui interprète et qui réalise donc, sont justes et parfaitement limpides. Le personnage sait se rendre à la fois terrifiant de froideur et attachant de sensualité. Attachant de part son histoire. Rapidement propulsé dans la difficulté de la réalité, le jeune Sang-Hoon voit sa sœur se faire poignarder par son père qui voulait initialement s’attaquer à sa mère. Sur le chemin de l’hôpital, sa mère se fait renverser par une voiture et décède de ses blessures. A l’image de ce personnage, tous les protagonistes de Breathless souffrent d’une crise identitaire forte et d’un manque de repères flagrant symbole de toute une génération. L’attirance de Sang-Honn envers Yeon-Hee se retrouve ainsi amplement justifiée : leurs propres reflets seront finalement leurs propres repères.

La morale du film est particulièrement explicite : le bien et le mal sont indissociables. Car, paradoxalement, c’est grâce à ce mal qui le ronge que Sang-Hoon réussira à prendre conscience du bien qu’il est capable d’incarner. A l’image de cette fabuleuse scène, incroyable d’intensité et d’émotion, où ce dernier se rend chez son père avec l’idée d’accomplir sa vengeance mais qui finalement réveillera son émotion cachée par tant et tant d’année de haine et d’autodestruction. Exceptionnelle, cette scène se conclut par une cascade émotionnelle perturbante où Sang-Hoon parviendra enfin à s’émouvoir de sa triste situation. Un des rares moments où l’intéressé fera preuve d’un certain degré d’humanité.

Émouvant, violent et révoltant, Yang Ik-June signe avec Breathless un magnifique premier film qui écrase tout sur son passage. Malgré quelques passages redondants et répétitifs, le film est une réussite exemplaire, à la limite de l’insolence, qui dévoile tout le talent scénique et artistique de son jeune réalisateur. Une fresque sentimentale à consommer sans modération.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Heatmann » Mar 27 Avr 2010, 16:16

ca me branchais pas plus que ca ce breathless, mais la tu dit des trucs qui me font tilter , bon j vais l'ajouter a ma liste de truc a voir :super:
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Messagepar Scalp » Mar 27 Avr 2010, 16:17

J'ai lu plein de truc mauvais dessus.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Heatmann » Mar 27 Avr 2010, 16:21

pareil , je croit qu on a lu les meme trucs , mais aussi plein de truc bien et surtout de la part de forumeur ou blogeur , que je prefere a des mag de journaliste pompeux et blaser :mrgreen: t facon jai 12 000 truc a voir , mais je lme ferai mon propre avis tout de meme , dans les prochain moi quoi .
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Messagepar kenshiro » Mar 27 Avr 2010, 16:22

Nikos lui a mis un 9/10 ce qui avait attiré mon attention, va peut être falloir que je me le fasse alors
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Messagepar Scalp » Mar 27 Avr 2010, 16:23

Parait que ça s'apparente à de la branlette, normal que Niko ai kiffé :eheh:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar Kakemono » Mar 27 Avr 2010, 16:23

J'aimerais bien le voir Breathless. Il est pas super bien distribué, mais j'ai la possibilité de le voir dans un mois dans un petit ciné pas loin de chez moi. Je pense pas louper l'occasion, surtout au vu de ta critique.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar kenshiro » Mar 27 Avr 2010, 16:24

Scalp a écrit:Parait que ça s'apparente à de la branlette, normal que Niko ai kiffé :eheh:


:eheh:
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Messagepar cinemarium » Mar 27 Avr 2010, 20:33

Une branlette très appréciable en tout cas. Ce film est très très bon. Il serait dommage de passer à coté.
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Messagepar Zeek » Mar 27 Avr 2010, 21:39

Scalp a écrit:Parait que ça s'apparente à de la branlette
vu la tête que fait le mec sur l'affiche, il doit y aller un peu fort...


:jesors:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Mer 28 Avr 2010, 09:52

Zeek a écrit:
Scalp a écrit:Parait que ça s'apparente à de la branlette
vu la tête que fait le mec sur l'affiche, il doit y aller un peu fort...


:jesors:


La sortie est par là =>
:)
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Irréversible - 8/10

Messagepar cinemarium » Lun 03 Mai 2010, 13:26

Irréversible, de Gaspard Noé: 8/10

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Festival de Cannes 2002. Irréversible, le nouveau film de Gaspard Noé y est présenté hors compétition en tant que film d’ouverture et voici que la polémique enfle déjà. De nombreux spectateurs décident de sortir au bout de quelques minutes alors que d’autres attendront près d’une heure avant de quitter les lieux du massacre. Enfin, d’autres spectateurs plus courageux, ou plutôt moins conventionnels, iront jusqu’au bout d’une œuvre qui mérite le détour et qui assume pleinement sa différence et sa prise de risque novatrice.
Que peut donc provoquer un tel brouhaha médiatique sans équivoque dans un festival de renom comme le festival de Cannes ? La vengeance d’un homme, Marcus, qui, aidé de son pote Pierre, ira jusqu’au plus profond de son être pour recracher toute sa crasse et toute sa haine envers l’homme qui viola sa femme Alexandra.

Un tourbillon de crasses et d’odeurs malsaines

La grande force d’Irréversible est incontestablement sa mise en scène. Dès l’introduction, le spectateur, éjecté de force dans la boite gay « Rectum », se retrouve face à la violence personnifiée qu’incarnent tous les personnages du récit. Violence morale bien sûr, au travers de scènes sexuelles plus répugnantes les unes que les autres, et violence physique assurément. L’ambiance du rectum, à base d’High lights rouges clignotants et de musiques rythmées, provoquera inéluctablement une nausée comme rarement chez le spectateur à jeun. A l’image des deux pauvres compères à la recherche du violeur dans ce temple de la débauche, la caméra de Gaspar Noé semble perdue dans un délire psychotique, virevoltant dans tous les sens au rythme de cette musique oppressante. Un pur régal de mise en scène.
Cette scène d’introduction a ainsi le mérite d’introduire le spectateur dans un terrible tourbillon de crasse jusqu'à cette terrible scène de viol qui provoquera tout le ramdam décrit au début de l’article. Car avouons le tout de suite, cette scène, filmée d’une façon très perverse, est particulièrement intrigante et dégoutante. Le sentiment d’assister impuissant à ce drame, tranquillement assis sur son fauteuil, pourra provoquer au spectateur un sentiment de culpabilité profond. Le réalisme de la scène, filmée en temps réel et sans surenchères inutiles, tranche radicalement avec le style très rythmé qui précéda et permet ainsi de redonner tout leur sens aux images. Là était bien entendu le but de Gaspard Noé. Certains voyaient en la longueur de la scène une inutilité perverse. J’y vois un procédé intelligent car dérangeant, comme devrait toujours l’être une scène de viol.

Un film coupé en deux
La particularité principale d’Irréversible est d’être filmée à l’envers. Le film commence en effet par la fin pour se terminer par le début. D’où le questionnement philosophique sur l’irréversibilité du temps et de son déroulement fatal. Ce choix de montage s’avère à la fois pertinent et à la fois préjudiciable. Pertinent car il permet de complètement déstabiliser le spectateur par cette suite d’évènements. De plus, cet inversement permettra un approfondissement remarquable des personnages à travers la présentation de leur quotidien qui précéda ce terrible drame. L’émotion n’en sera qu’accentuée. Un procédé très efficace.
Malheureusement, ce choix provoquera aussi inéluctablement une fissure entre deux films : le film noir de la vengeance et de l’acte déclencheur, et le film coloré de l’identification et de la présentation. Le problème est que cette seconde partie n’est pas forcement très palpitante et souffre d’un manque de rythme parfois flagrant. Surtout après une première moitié de film ultra-dynamique. Cependant, la terrible révélation finale finira d’achever les plus courageux d’entre nous.

Irréversible est une claque cinématographique qui ose proposer quelque chose de différent et de novateur. Servi par des acteurs très convaincants (Casser, Bellucci, Dupontel), le film de Gaspard Noé parvient à retranscrire parfaitement l’ambiance crade et infâme de son propos : un monde où règnent le mal, la dépravation et l’autodestruction. Ce cinéma, très cru et souvent mal interprété, est ainsi destiné à un public averti et non conventionnel. Pour les autres, passez votre chemin.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Lun 03 Mai 2010, 13:34

De beaux écrits! Analyse bien fondée et je suis d'accord sur le fond et la note! Une merveilleuse critique
zack_
 

Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar cinemarium » Lun 03 Mai 2010, 14:31

Merci de ces compliments :)

Espérons qu'Enter The Void soit encore plus réussi que celui-ci. D'après les premières critiques, le film serait très réussi.
Vivement le 5 mai.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Lun 03 Mai 2010, 21:00

Exact.
Faut pas s'attendre à du Jean-Marie Poiré ;)
zack_
 

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