L'Imaginarium du Docteur Parnassus Terry Gilliam - 2009
SPOIL !!!
"Nothing is permanent, not even death."
Sur le papier y a rien qui m'attire, Gilliam j'aime quasiment aucun film, je trouve ça soit pas drôle soit chiant, donc ici un truc fantastique dont j'avais détesté la BA c'était mal barré car moi le coté foutraque de Gilliam je décroche en 5 minutes mais contre toute attente c'est vraiment sympa.
C'est prenant de bout en bout ( bon histoire de chipoter ça met un peu de temps avant de vraiment démarrer, l'enjeu du film que l'on devine met du temps à être clairement énoncé, mais c'est pardonnable car la 2 ème heure est vraiment jubilatoire ), par contre à la vision du film une évidence pas sympa s'impose, la mort de Ledger a été bénéfique au film (à moins que c'était prévu dès le départ de changer d'acteur à chaque fois), car l'idée de changer d'acteur dans le monde des rêves fonctionne bien ( les 3 acteurs ont d'ailleurs collé leur jeu sur celui de Ledger ). Par contre je sais pas si ça a changé la fin et si l'écriture du personnage a été modifiée en cours de route car pendant quasiment tout le film on nous montre Tony comme quelqu'un d'attachant ( ou tout du moins quelqu'un cherchant sa rédemption peut être un peu trop a tout prix ( voir la scène ou il ramène tout l'argent en mentant ) mais il cherche quand même sa rédemption ) et d'un seul coup en 10 minutes on le transforme en pire des salauds ( sa fin est terriblement cruel et on en vient à se dire que Tony a été placé là par le Diable pour pimenter la compétition ), on sent bien qu'il manque des scènes avec Ledger pour la cohérence de l'histoire. J'aime bien la fin qui est tout sauf une fin heureuse.
A la fois récit initiatique et film sensitif, Parnassus peut perdre pas mal de spectateur en route avec ce mélange contemporain et fonctionne qui fonctionne par on ne sait quelle magie. Et les questions philosophiques sont pas lourdingues car simples et universelles : quel est le prix de nos rêves les plus fous ? et le coté critique de la société de consommation n'est jamais lourdingue.
"There are three cardinal rules, Mr. Nick. One, there is no black magic, only cheap tricks and... I forget the others."
Le film est porté par des acteurs en état de grâce : putain Tom Waits comment y déchire, il vole le film à chaque fois qu'il est à l'écran, ses scènes avec Plummer ( qui a rarement été aussi bon ces derniers temps, il est ici parfait en homme brisé qui finalement ne vaut pas mieux que le diable ) c'est un pur plaisir ( et j'aime bien cette vision du diable, pas si méchant que ça, un personnage ambigu loin des représentations habituelles, il aime bien sa relation avec Parnassus, ils sont complices et clairement on voit qu'ils aimeraient que leur petit jeu soit éternel ), si on ne devait avoir qu'une raison de voir le film ( à part le corps de Lily bien entendu ) c'est pour le duo Waits/Plummer ( leurs dialogues sont vraiment travaillés).
Lily Cole est sublime et dégage une sensualité naturelle qui force l'admiration et accessoirement elle joue vraiment bien, Heath Ledger confirme que sa performance dans Batman n'était pas un one shot et il mange l'écran, il maitrise bien l'accent english aussi, Depp c'est impeccable c'est celui qu'on voit le moins (et Depp qui joue bien c'est aussi rare que le PSG qui gagne contre un club espagnol), Jude Law m'a par contre lui moyennement convaincu ( mais son passage est très drôle ), Colin Farrell est le plus convaincant des 3 dans le monde imaginaire bon c'est celui qui a le plus de temps à l'écran aussi, et Farrell se bonifie vraiment de film en film, il est excellent ici, le caméo du toujours sympathique Peter Stormare est bien marrant. Gardfield je sais pas trop, je suis rarement convaincu par ses rôles, et là mouais.
Par contre y un petit truc que j'ai pas trop compris dans le monde des rêves c'est le changement d'apparence le premier gars change d'apparence pour X raison ( me souvient plus trop là ) alors que Ledger change d'apparence parce que c'est les clients qui le voient comme ça ( Farrell étant l'incarnation du Mâle pour Valentina ), du coup j'ai pas trop compris comment ça fonctionne.
Visuellement magnifique ( Tom Waits qui baigne ses pieds dans une rivière de sang, Waits qui s'éloigne tranquillement en marchant sur des nuages ) grandiloquent et très théatrale, loin des trucs tout moche que nous sort un certain Tim depuis toujours, l'univers que Gilliam est tout simplement somptueux ( bon hors miroir c'est moins recherché, mais ça reste sympa avec un Londres assez cradingue ) et les CGI colle très bien avec l'ambiance crée ( et pis façon des CGI ça change pas la qualité d'un film donc ici que certains fond vert soit un peu trop voyant c'est vraiment pas un problème ).
Clairement le film de Gilliam que je préfère et malgré le coté too much c'est un beau film avec en filigrane un réflexion sur notre capacité à encore rêver ou pas.
"Telling the truth... always a bad idea."