The Host, de Bong Joon-Ho: 10/10
Il était une fois des films qui marqueront leur décennie. Des films purs, frais et polymorphes au possible. Des films qui excellent dans l’universalité de leur domaine : la réussite. The Host fait irréfutablement parti de ces films uniques et magiques, qui transportent le spectateur comme rarement dans un tourbillon de sentiments, passant par la haine et par l’amour, par la joie et par le dégout.
Il est vrai que, scénaristiquement parlant, The Host n’a rien de la folie énoncée plus haut. Un monstre, créé « accidentellement » par l’homme, terrifie les habitants de Séoul. Mais ce scénario terne, digne de « Godzilla », est miraculeusement mis en scène par un artiste du nom de Bong Joon-Ho, auteur désormais célèbre de « Memories of murder » et du récent « Mother ». Et Bong Joon-Ho va réussir l’impossible : faire d’un énième film de monstre un chef d’œuvre. Car ne cédons pas à l’autocensure et à la peur des mots : The Host est incontestablement un chef d’œuvre du septième art.
Une forme généreuse
Beau, The Host l’est assurément, la mise en scène étant une réussite parfaite. Là où Boog Jooh-Ho réussit un tour de force est qu’il arrive à transformer le laid en beau. Cette transformation se traduit par des plans merveilleux, recherchés et photographiques. Elle se traduit par des couleurs vives et éclatantes, synonymes d’émerveillement visuel, de voyage et de saveur. Cette transformation se traduit par un rythme frôlant la perfection, où chaque scène est millimétrée et précise, sans ajouts inutiles. La bande-sonore, à la fois par son dynamisme et sa mélancolie, parvient aussi à faire voyager le veinard spectateur que nous sommes.
Une richesse émotionnelle rare
Émouvant, The Host l’est assurément. A travers le regard pauvre et naïf d’une famille coréenne aux membres de génération différente, le spectateur sera traversé par un flot d’émotion, allant de la joie à la colère en passant par la tristesse. La joie, en assistant à une leçon d’humanisme où le grotesque prend le dessus sur le tragique. La colère, en étant témoin d’incroyables mais réalistes évènements révoltants. La tristesse, en regardant, patiemment et faiblement, la fatalité d’une quête perdue d’avance. Le tout servi par des acteurs remarquables de naturel et de limpidité.
Réussi, The Host l’est donc assurément. Telle la brise du matin, pure et sensuelle, l’œuvre de Bong Jooh-Ho assure ce que beaucoup de films ne peuvent plus assumer aujourd’hui : la fraicheur à travers l’émotion et la beauté. L’un n’allant pas sans l’autre. Enfin, en logique. Le cinéma coréen confirme avec mention sa forte richesse créative.