L'immortel, de Richard Berry: 3/10
L’histoire vraie de Charly Matteï, ex-mafieux marseillais, qui fut brutalement fusillé dans un parking souterrain situé à deux pas du vieux port. Touché par 22 balles, ce dernier en sortira miraculeusement indemne. Alors qu’il avait décidé de tourner la page sur son passé, les circonstances auront raison de sa vengeance.
Comme aurait pu le laisser prévoir l’affiche du film, le film fait bien entendu dans la surenchère : réalisation signée Richard Berry, atmosphère noire, acteurs célèbres et production « EuropaCorp ». Sans bien sûr oublier la terrible citation du mafieux marseillais : « Le sang versé ne sèche jamais ». Le ton est donné et le spectateur sait directement à quoi s’attendre.
Et contre toute attente, le début du film se montre très intimiste et surtout très ennuyeux : la présentation du personnage interprété par Jean Reno est longue et sans réel intérêt : la caméra suit la voiture, valsant de virage en virage sur fond d’opéra italien. Première longueur d’une longue série.
Sans tomber dans la caricature, l’immortel se veut ridicule quand il veut émouvoir et ennuyeux quand il veut divertir. Le film ne parviendra ainsi jamais à décoller ni à accrocher le spectateur exigeant un minimum de cohérence, que ce soit dans le fond mais aussi et surtout dans la forme qui devrait être le fer de lance d’un tel récit.
Quand action rime avec fatigue
A qui la faute ? Tout d’abord, la faute à une réalisation ratée malgré quelques rares passages réussis comme la très intense fusillade du parking souterrain. Mais à part cela, le spectateur est sans cesse transporté sans suite logique et sans génie d’un endroit à l’autre de Marseille. Car pour raconter cette rocambolesque histoire, Richard Berry est tombé dans l’extrême facilité. Jean Reno se venge ici, se venge là, puis là-bas. Le tout sur un rythme très inégal car les scènes d’action ne remplissent malheureusement pas leur rôle premier, à savoir le divertissement. Au lieu d’en mettre plein la vue, ces dernières apparaissent ennuyeuses, longues, molles, fatigantes, et finalement, très pénibles.
Kad Merad: erreur fatale
Et que penser de cette grotesque erreur de casting avec la présence de Kad Merad dans le rôle d’un dangereux parrain marseillais. L’acteur n’est pas crédible une seule seconde, et son bégaiement forcé n’arrangera pas la médiocrité de sa prestation. Au contraire, Jean Reno apparaît comme la seule lueur dans ce triste panthéon de la pénibilité cinématographique. Malgré des répliques dignes d’un Sylvester Stallone au sommet de son art, le personnage reste toujours crédible grâce au charisme inégalé du talentueux acteur français.
Et comment ne pas souligner l’incroyable caricature de Marseille que le film fait. Les rues sont forcément dépravées, les marseillais sont tous des malfrats et la ville est corrompue jusqu’aux os.
Au final, L’immortel apparaît donc comme du vulgaire divertissement pervers et fatiguant. A éviter.