Crying Freeman Christophe Gans - 1995
Un film qui se revoit avec toujours autant de plaisir et largement la meilleur adaptation ( un peu édulcoré quand même, moins de sexe, moins de violence ) du manga de Kazuo Koike ( même si j'aime bien l'anime ), le film Dragon from Russia par contre ça c'est de la purge de compète, le genre de truc qui ferait passer Jupiter Ascending pour un grand space opera.
Bien entendu avec Gans le film se transforme en hommage a tout les réalisateurs qu'il adule mais bon vu qu'il adule pas des tacherons (sauf Fulci) et qu'il cite plutôt bien ça donne un bon film, il cite évident les films de Woo ( gunfight stylisé avec ralenti à outrance mais aussi l'esprit chevaleresque du perso principal ), les films de Yakusa ( plus ceux de Gosha que de Fukasaku ) et bien entendu un peu de giallo, les films de sabre et lors de la seconde partie du film on a vraiment l'impression d'être au japon ( alors que le film a été entièrement tourné au Canada ).
Dès la première scène tu sens un mec qui veut faire du cinéma, en 4 plans il enchaine un zoom, un ralenti, un plan aérien, un plan de grue (en champ contre champ même), un gros plan, une exécution en plan séquence où il joue avec la focale,, et un plan métaphorique à base de champagne, on sent le mec qui met tout car il fait ptet son seul film.
A noter que la seconde équipe était dirigé par William Gereghty qui a notamment collaboré avec le grand Peckinpah (et ça Gans en était pas peur fier).
Bon le script se révèle assez simple mais c'est du film d'action avec des perso intéressants (on croit au duo principal), par contre dommage que la rivalité Yakusa/Dragon ne soit pas plus développée. Le film aurait put durer 15 minutes de plus là. Gans choisi de raconter l'histoire du point de vu de la nana, ce qui amène un peu de romantisme et d'érotisme (léger) à une histoire de tueur très premier degré, c'est ce qui fait que le film se démarque de la concurrence et se revoit car outre le fait d'être un bon film d'action c'est surtout une histoire bien raconté et jamais chiante (y a pas de bouts de gras). C'est sur que c'est linéaire et pas original (en gros c'est The Killer le truc) mais c'est plaisant car jamais ça prend le spectateur pour un débile et quand çà doit livrer la marchandise ça le fait avec générosité ET talent (non parce que générosité le Hobbit est un film généreux parait il, enfin c'est le truc mis en avant).
Gans s'en sort donc très bien lors des scènes d'action bien aidé par le montage du grand David Wu monteur attitré de Woo ( et qui retravaillera avec Gans sur
Le Pacte des Loups ) monteur aussi du dont on reconnait la touche assez facilement ( surtout dans le gunfight ou le Freeman va éliminer Blade, Freeman tire sans viser et y a pas trop de champ : tire et contre champ : le gars qui tombe ), le combat final au sabre est assez impressionnant et met particulièrement bien en valeurs les capacités physiques de Dacascos ( qui s'est lui même chorégraphié ), le travelling latéral en quasi plan séquence a bien de la gueule.
Alors bien entendu Gans n'est pas Woo, il ne renouvelle pas les gunfight du maitre mais il fait quand même du bon boulot ( il a tout chorégraphié lui même ) et il a quand même l'art du jolie plan et ça donne lieu a un flinguage très stylé et il a beau sens du découpage ( bien aidé par Wu qui décuple le nombre d'adversaire avec sa science du montage notamment la scène de l'explosion filmé par 7 caméra et qui donne l'impression de voir une vingtaine d'ennemi tomber alors qu'ils sont 5 ) et une belle gestion de l'espace (quand Megaton voit ce genre de film, il se dit pas que c'est un gros tocard qui s'est trompé de métier ?), la meilleur scène du film est clairement le passage où le Freeman monte sur la porte et va tuer les 2 yakusa puis l'arrivée très stylé de Blade suivi d'un putain d'enchainement de Dacascos.
Et j'aime bien l'esthétique des scènes dans l'antre des Dragons avec la vieille sorcière. Même les stock shot aérien font pas toc et s'intègre parfaitement dans le film.
Le budget de film qui représente le budget cantine ( 8 millions de Dollars a peu près ) de l'Effaceur ( pour comparer avec un film de la même période, je pourrais aussi comparer à Taken 3 et ses 4 explosions et 4 voitures CGI pété ) donne un film beaucoup beau visuellement et qui vieillit bien mieux que le film de Schwarzy.
Le choix de Dacascos pour jouer Freeman est vraiment le meilleur choix possible, il a la classe, la beauté et les capacités martial du héros ( c'est un bien meilleur choix que l'acteur choisit en premier : Jason Scott Lee ) et il a le coté impassible du Freeman (et quand on le revoit chez Gans sa carrière reste une énigme, comment un gars comme ça n'a t'il pas réussit à avoir plus de vrai premier rôle), Tcheky Karyo reprend son rôle de Doberman en un peu moins facho quand même ainsi ici son perso reste quand même un flic un peu pourri mais avec certaines valeurs ( voir la scène ou il essaye de sauver sa coéquipière qui veut le dénoncer ) et heureusement il part pas en roue libre comme il en a l'habitude, Julie Condra ( doublé par Debora Kara Unger d'ailleurs ) apporte son physique très agréable et apporte toute sa fragilité au personnage et elle campe un personnage féminin loin d'être boulet ( d'ailleurs dans le manga son personne devient carrément une warrior dans la suite des aventures ) le meilleur perso féminin ( et ptet même meilleur perso du film ) est sans aucun doute Yoko Shimada excellente en matrone belle et dangereuse, Gans la met particulièrement bien en valeur ( on la dirait tout droit sorti d'un film de Gosha )
Mako a un petit rôle (toujours dispo quand il y a besoin d'un vieux japonais celui là de toute façon), Kato Masaya ( qu'on a vu récemment dans le dernier
Derek Yee ) est excellent en Blade.
Et pis ça fait plaisir de voir que les nationalité sont respecté, les japonais sont joué par des japonais et les chinois par des chinois et bien entendu les langues sont elles aussi respectées, ce qui est une norme est malheureusement une exception (vivement le prochain Tom Hardy où ils parlent tous anglais avec l'accent russe).
A l'heure où on aujourd'hui une scène d'action c'est soit des enchainements de plans sans queue ni tête, soit du boum boum masquant l'inspiration par du bruit ou des couleurs, ça fait du bien revoir ce genre de film qui ne vieillit absolument pas.
Se dire que c'est le film du réal de la Belle et la Bête c'est tout drôle ^^, bon à part celui là mine de rien la carrière de Gans bien que très light est sympathique.
7,5/10