9/10
J.S.A de Park Chan-Wook - 2000
C'est le premier film coréen que j'ai vu à une époque où c'était loin d'être la mode et où ça se limitait assez vite à Kim Ki-Duk et son ciné un peu chiant, et il fait parti avec Shiri (nettement moins bon et carrément oubliable) du renouveau de ce cinéma. Park Chan-Wook quand j'ai vu ce film c'était personne et aujourd'hui il est considéré comme le meilleur réal coréen, un truc qui est très discutable, par contre ce qui n'est pas discutable c'est que ce premier film reste son meilleur. Il ne faisait pas encore dans l'esbroufe gratuite ou dans le coté je veux disserter la violence et la vengeance car je suis intelligent comme sur sa trilogie, même si j'aime bien Thirst et même Stoker, Old Boy étant surcoté de ouf, je trouve que c'est sur ce film qu'il trouve son équilibre le plus parfait car la réal est quand même super chiadée (y a des enchainements de plans super classes) et c'est émotionnellement c'est son film où ça fonctionne le mieux car rien ne fait forcé ou gratuit.
La construction narrative fait évidemment penser à un Rashomon ou plus près de nous Basic avec qu'il il a des points communs avec cette enquête qui a une construction en flashback et où la vérité est caché par tous et quand le film se termine on se rend compte qu'il n'y a pas de vérité, ça a merdé et personne ne dira la vérité, ils veulent juste que ça merde pas plus et ça va assez loin avec un final vraiment glaçant, et Park Chan-Wook nous fait comprendre que c'est pas important de savoir qui a tiré en premier et sur qui, le propos n'est pas là. Tout ça est vraiment bien amené car pendant 30 minutes on croit qu'on est devant un film d'enquête puis pendant presque une heure on se retrouve devant une histoire d'amitié et le film fait preuve d'un humanisme pessimiste très touchant, avec des ennemis "diplomatiques" qui deviendront des frères de sang et qui vont s'amuser comme des gosses ( voir notamment la scène assez surréaliste ou il se crache dessus ), cette amitié est amenée avec finesse et on a presque envie de devenir pote avec eux. Ce qui renforce évidemment la fin.
On remarquera qu'il refera ce procédé dans Mademoiselle mais que ça fonctionnera pas car le film est très mal équilibré avec des parties beaucoup plus intéressantes que d'autres.
La mise en scène est inventive par moment avec notamment la scène de la chute de la fenêtre et plusieurs enchainements de plans vraiment réussis et y pas mal de travelling circulaire vraiment maitrisés, des plans aériens toujours judicieusement utilisés. Et pis j'adore son plan final avec la photo des 4 amis qui termine le film sur tout de même une touche d'espoir (faut dire que la scène d'avant elle fout bien le cafard.
Niveau acteur c'est la crème de Corée avec Song Kang-ho quand il acceptait pas tout et n'importe quoi comme rôle, ici il est impeccable en soldat nord coréen patriote mais pas extrémiste, Lee Byung-hun restera pour moi l'homme d'un grand rôle mais c'est toujours un plaisir de le voir dans un film et ici il a le rôle le plus compliqué du film, Shin Ha-kyun complète avec brio ce duo déjà réuni dans
Le Bon La Brute et Le Cinglé (que j'ai pas revu depuis 10 ans), par contre Lee Yeong-Ae est moyennement convaincante ( elle était meilleur dans le très mauvais
Lady Vengeance et les 2 acteurs européen nous rappellent les heures de gloires des prod HK des 80's.
Un grand thriller en plus d'être une belle histoire d'amitié, ce Park Chan-Wook me manque, maintenant son cinéma m'emmerde profondément.