[nicofromtheblock] Mes critiques en 2010

[Moviewar]

CRAZY HEART
Scott Cooper - 2009
7,5/10

Pour son premier film, le réalisateur Scott Cooper nous fait partager son amour pour la musique country. A travers l'histoire de ce chanteur sur la pente descendante, il nous présente une face méconnue de l'Amérique : celle qu'on pouvait déjà voir dans The wrestler dont la comparaison est inévitable.

Que dire de l'interprétation de Jeff Bridges qui, comme Mickey Rourke dans le film précédemment cité, semble vivre à travers son personnage plutôt que de simplement l'interpréter ? Il est tout simplement parfait et mérite largement l'oscar qu'il a remporté. Par son interprétation, il porte le film sur ses épaules et lui donne une aura qu'aucun autre acteur aurait pu lui donner ! C'est véritablement le rôle de sa carrière même s'il restera Jeff Lebowski dans l'esprit de nombreux fans.
Le reste du casting est également très réussi. J'ai trouvé Maggie Gyllenhaal totalement crédible dans ce rôle de mère qui cherche un père de substitution à son fils et qui va tomber sous le charme de cet homme. De la même manière, Colin Farrell est excellent dans le rôle de ce jeune chanteur qui voue une véritable admiration pour son mentor. Il a vraiment la classe ! Enfin, Robert Duvall nous livre un bon petit second rôle en plus d'être producteur du film.

Scénaristiquement, c'est super classique mais le réalisateur arrive à insuffler une âme à son film et c'est ce qui fait la différence sur ce genre de film. Contrairement à la plupart des films du genre, on assiste pas à la déchéance totale du personnage principal. Bien sûr, on sent qu'il est complètement paumé et que c'est un alcoolique invétéré mais la musique l'aide à ne pas plonger définitivement. Quelle que soit les situations, il garde toujours un certain recul sur sa propre image et c'est cela qui fait que cette jeune journaliste va tomber sous son charme.

Côté musical, le réalisateur a fait appel à une légende de la country : T-Bone Burnett. Ce qui donne droit à d'excellents morceaux. De plus, Jeff Bridges et Colin Farrell s'en sortent vraiment bien quand il s'agit de chanter. On a donc le droit à de bien jolies scènes de concert que se soit Jeff Bridges chantant dans un bowling ou le duo chantant devant le public d'un grand festival. A chaque fois, il se dégage beaucoup d'émotions de ces interprétations.

Il faut noter également que le film évite de tomber dans le mélo et qu'on a même le droit à une fin loin d'être aussi heureuse que ce qu'on aurait pu attendre ... Bien sûr, la rédemption de Bad Blake se fait tant bien que mal mais elle semble parfaitement crédible aux vues de l'évolution du personnage tout au long du film.

Au final, ce film restera marqué dans les esprits grâce à la superbe interprétation du grand Jeff Bridges qui est enfin récompensé à sa juste valeur. Et si vous n'aimez pas la country, allez quand même voir le film car il pourrait vous aider à apprécier cette musique

[nicofromtheblock]

PRECIOUS
Lee Daniels - 2009
6,5/10

Après avoir commencé comme producteur sur des films aux thèmes déjà proches de celui-ci, Lee Daniels s'essaye à la réalisation avec cette adaptation du best-seller "Push" de Sapphire. Autant le dire tout de suite, ce film n'est pas à mettre devant les yeux de tout le monde ... Plus glauque tu meurs !

En effet, le film raconte l'histoire d'une jeune fille noire obèse qui, à 16 ans à peine, est déjà détruite par ce qu'elle a vécu. Maltraitée par sa mère, violée par son père et enceinte de son deuxième enfant, elle est totalement illettrée et pour couronner le tout, elle va apprendre qu'elle est séropositive ... Autant dire que le réalisateur n'a pas besoin d'appuyer sur le côté mélodramatique, il est déjà naturellement mis en avant.
Et de ce côté-là, on peut dire qu'il s'en sort bien puisqu'il n'en rajoute jamais et nous présente simplement les faits tels qu'ils sont vécus, ceux-ci faisant leurs effets sur le spectateur sans grande difficulté.

Le film est servi par une belle interprétation de Gabourey Sidibe qui semble presque avoir puisé dans sa propre expérience pour interpréter ce personnage. Dans un premier temps, elle ne rend pas du tout son personnage attachant : c'est une jeune fille qui a vécu tellement de malheur qu'elle s'est construit une carapace et qui semble comme spectatrice de sa propre vie. Elle est renfermée sur elle-même et ne dégage aucune émotion. Mais au contact de sa prof, elle va progressivement s'ouvrir offrant de belles scènes d'émotion.
A ses côtés, Mo'Nique s'en sort pas mal non plus mais personnellement, j'ai trouvé qu'elle surjouait un peu de temps en temps ... mais rien que pour sa dernière scène chez l'assistante sociale, elle méritait sa nomination aux Oscars (sa victoire, c'est autre chose). Mais l'actrice dont on ne parle pas et que j'ai vraiment trouvé remarquable, c'est Paula Patton. Habituée aux rôles de "belles plantes", elle a enfin un rôle qui lui permet d'exprimer son talent. Dans le rôle d'une prof lesbienne qui pratique son métier comme un véritable sacerdoce, elle est incroyablement touchante !
On notera également les seconds rôles de Mariah Carey dans le rôle de l'assistance sociale et de Lenny Kravitz dans le rôle d'un infirmier "so cute". Les 2 s'en sortent pas trop mal.

Le gros défaut du film reste la mise en scène. Lee Daniels semble dénué de talent et ça s'en ressent tout au long du film Surfant sur la vague du cinéma indépendant, il filme caméra à l'épaule abusant des zooms/dézooms particulièrement insupportables (surtout dans la première demie-heure). Et lorsqu'il se calme, c'est pour passer à une mise en scène extrêmement plate ... De même, l'idée des rêves était intéressante mais elle est très mal exploitée : le réalisateur utilise de pauvres transitions en fondu enchainé pour passer de la réalité aux rêves. Et la représentation des rêves, même si on se doute que c'est volontaire, est beaucoup trop kitch pour ne pas nous faire esquisser un sourire ! Des rêves sous forme de clip, pourquoi pas mais il y a des limites.

L'un des gros points positifs du film, c'est sa musique. Plutôt que d'abuser d'une musique d'ambiance mélodramatique qui viendrait appuyer la gravité des images, le réalisateur opte pour une BO soul de grande qualité : Bobby Brown, Mahalia Jackson, LaBelle, Mary J. Blidge, ...
Et on a même droit à un très joli titre de Ghostface Killah et Ne-Yo pour le générique de fin !

Au final, même si je n'ai pas été aussi ému que j'aurais pu m'y attendre par cette histoire, il y a quand même 2 scènes qui m'ont mis la larme à l'œil et j'ai trouvé le casting d'excellente facture. Dommage que la mise en scène ne suive pas car le film avait un énorme potentiel. Voici donc un film plutôt sympa mais qui possède quelques défauts gênants ...

[nicofromtheblock]

VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU
Milos Forman - 1975
8/10

Encore un classique du 7e art que j'ai eu la chance de revoir sur grand écran grâce à cette réédition !
Le film est classé 8ème au classement d'IMDb et il faut admettre qu'il est vraiment très réussi.

Milos Forman signe son premier grand film avec un Jack Nicholson encore assez méconnu à l'époque (il n'avait joué que dans quelques Monte Hellman et dans Easy rider). Cette adaptation du roman de Ken Kesey qui avait d'abord été joué au théâtre reste une référence des films sur la folie et l'hôpital psychiatrique (avec Shock corridor). En effet, on a affaire à un scénario qui semble particulièrement bien documenté sur le sujet qu'il traite et toutes les situations paraissent totalement crédibles.

Il faut dire que Jack Nicholson est vraiment parfait dans le rôle principal. Ça doit d'ailleurs être son meilleur rôle. Il arrive à jouer sur l'ambiguïté de son personnage et on ne sait jamais quel est son degré de folie : est-ce qu'il a vraiment un déséquilibre psychologique ou est-ce qu'il joue un jeu car il se sent bien dans ce microcosme ? On ne le saura jamais vraiment et c'est ça qui est traumatisant quand on sait comment finit le personnage ...
A ses côtés, on retrouve quelques acteurs inconnus à l'époque et qui s'en sortent tous très bien : Danny De Vito, Christopher Lloyd, Brad Dourif et Vincent Schiavelli. On a le droit à une jolie galerie de personnages plus ou moins dérangés mais toujours attachants. Et Louise Fletcher est toujours énigmatique dans le rôle de la chef-infirmière : elle semble très protectrice avec ses patients et voit Nicholson comme un élément perturbateur.

La mise en scène de Milos Forman est assez discrète mais c'est normal vu que cette histoire est très théâtrale et tient avant tout sur les interprétations. Tout comme Shock corridor 10 ans auparavant, le film remet en question le traitement de la folie et en particulier l'utilisation des électrochocs pour soigner les patients. A travers ce personnage marginal qui semble simplement profiter pleinement de ce que lui donne la vie, le film pointe du doigt un problème du système médical qui considère la différence comme une maladie. Et en même temps, les conséquences des agissements du personnage montre à quel point il est égoïste sous ses apparences d'homme au grand cœur ... il est intéressant de suivre l'évolution d'un personnage si complexe.

Au final, le film reste un classique du genre même si on ne peut pas non plus crier au chef d'œuvre. D'autres films ont essayé d'aborder le même sujet depuis (Une vie volée, La vie à la folie) mais sans jamais atteindre une telle maitrise. Je conseille donc à tous ceux qui ne l'ont pas encore vu de le découvrir

[Heatmann]

ah bah la oui moi je crie au chef d'oeuvre tin vol au dessus d'un nid de coucou c'est un veritable bijou pour moi , j'aime ce film au plus haut point . c'est bien simple je ne lui trouve aucune point negatif .

[nicofromtheblock]

NINE
Rob Marshall - 2009
3/10

Wow ! Je ne m'attendais pas à grand chose de la part de Rob Marshall mais là, il bat tous les records ! Il ferait presque passer Sweeney Todd et Chicago pour des bons films ... Pourtant, je suis assez fan des comédies musicales mais y'a vraiment rien à sauver de ce film !

Commençons par ce scénario tout nase d'un metteur en scène de renom en manque d'inspiration qui se retrouve déstabilisé au milieu de toutes ces femmes : femme, maitresse, collègue de travail, mère, journaliste, ... le mec semble avoir un sérieux problème psychologique tant il semble perturbé par la moindre présence féminine
Mais surtout la grosse déception du film, c'est d'avoir situé l'action en Italie sur les plateaux de la Cinecita alors que ça aurait pu se passer n'importe où tant le contexte n'est absolument pas exploité ! Si le réalisateur connaissait ses classiques du cinéma italien sur le bout des doigts et leur rendait hommage à travers son film, ça aurait pu avoir un minimum d'intérêt mais là, il n'en est rien.

Côté casting, ça ne vole pas très haut non plus ... Comment réussir à rendre mauvais l'un des meilleurs acteurs de sa génération ? Daniel Day-Lewis signe certainement son plus mauvais rôle et n'est absolument pas crédible surtout avec son pauvre accent italien ! A ses côtés, on a l'impression que toutes les actrices font de la figuration tant leurs personnages sont abordés de façon furtive et donc stéréotypée. Celles qui s'en sortent le mieux sont Marion Cotillard et Judi Dench. Penelope Cruz n'est pas mal non plus mais je n'aime pas cette actrice donc ça n'aide pas ... Quant aux autres, Nicole Kidman et Kate Hudson sont bien fades et Fergie ne fait qu'une apparition furtive le temps d'une chanson.

Ensuite, il faut parler de la mise en scène (si on peut appeler ça comme ça). Rob Marshall n'a définitivement aucun talent pour la comédie musicale ! Sur Chicago, c'était déjà très moyen mais là, c'est carrément mauvais : il est totalement incapable de mettre ses actrices et leurs chorégraphies en valeur. Pour le reste du film, ça n'est pas mieux : utilisant des filtres hideux à tout va, passant de la couleur au noir et blanc granuleux, on atteint des sommets de mauvais goût qui ne cache pas la pauvreté de son talent. La mise en scène de Mémoires d'une geisha était hyper académique mais ça passait bien mieux.

Enfin pour un film musical, il est important que les chansons soient un minimum réussies or ici, c'est clairement le point le plus faible du film ! Les paroles sont d'une niaiserie sans nom ! La palme revient à la chanson de Kate Hudson qui est carrément risible. Reste une Marion Cotillard qui tire son épingle du jeu avec 2 chansons bien interprétées.

Au final, je crois que c'est la pire comédie musicale que j'ai vu et pourtant, en tant qu'adepte du genre, j'en ai vu un paquet ! Y'a vraiment pas grand chose à sauver de ce film et ma note est bien généreuse en fin de compte ...

[Heatmann]

bon ce nine a vraiment l'air naze , par contre decidement on est pas tres d'accord en ce moment , moi j'aime bcp sweney todd

[nicofromtheblock]

Bah moi, je l'avais apprécié à la première vision mais à la seconde, on ne voit plus que les défauts et ils sont nombreux.

[zack_]

J'aime pas les comédies musicales mais sweeney todd est génial

ah bah la oui moi je crie au chef d'oeuvre tin vol au dessus d'un nid de coucou c'est un veritable bijou pour moi , j'aime ce film au plus haut point . c'est bien simple je ne lui trouve aucune point negatif .

Je le voyais plus fou ce film! J'ai été déçu de ce coté là

[Riton]

Wow Je ne m'attendais pas à grand chose de la part de Rob Marshall mais là, il bat tous les records ! Il ferait presque passer Sweeney Todd et Chicago pour des bons films ... Pourtant, je suis assez fan des comédies musicales mais y'a vraiment rien à sauver de ce film !

Ah ouais quand même.

Bah ce sera définitivement sans moi pour le voir au ciné

[Eikichi Onizuka]

mais Sweeney Todd est un bon film voyons

[Scalp]

Oue si on est aveugle et sourd ( surtout sourd d'ailleurs ).

[zack_]

Oh Johannaaaaaaaaaaaaaaaaaaa!

[nicofromtheblock]

LIBERTÉ
Tony Gatlif - 2009
6,5/10

Après Gadjo Dilo, Swing et Transylvania, le réalisateur Tony Gatlif continue à nous faire découvrir la vie des gitans. Cette fois-ci, il se consacre aux tsiganes, peuple nomade parcourant la France pendant la seconde guerre mondiale. Et qui d'autre que lui peut aborder ce sujet assez méconnu ?

On retrouve donc ici la patte du réalisateur avec un film très rythmé où la musique a une grande importance. Il faut dire que la musique est un élément indissociable de la culture tzigane et c'est un vrai plaisir de profiter de ces rythmes endiablés dont ils ont le secret. De la même manière, la mise en scène est bien rythmée et Tony Gatlif maitrise plutôt bien la caméra à l'épaule.

Niveau scénario, ça reste très classique mais l'important c'est que le film nous fait découvrir des évènements assez méconnus de la seconde guerre mondiale. En effet, pendant celle-ci les gens du voyage étaient recherchés par la police française pour être envoyés dans des camps car il était interdit de se déplacer librement sur les routes de France durant l'occupation. On suit donc le maire et l'institutrice d'un petit village qui décident d'aider une famille d'une quinzaine de gitans en leur proposant de rester sur leur terrain. Ils vont bien avoir du mal à les convaincre et leur mode de vie va vite reprendre le dessus causant quelques problèmes au sein de la communauté ...
Le réalisateur garde toujours un ton très positif tout au long de son film bien que le sujet abordé soit grave et que la fin soit loin d'être joyeuse. Ça fait du bien de voir un film qui ne joue pas à fond la carte du pathos afin d'émouvoir le spectateur (c'est un peu l'anti-La rafle).

Le casting est également réussi. Outre Marc Lavoine et Marie-Josée Croze qui s'en sortent plutôt pas mal, c'est surtout James Thiérrée dans le rôle de Taloche qui crève l'écran. Son côté extraverti et totalement déjanté apporte un réel charme au film. Et le jeune Mathias Laliberté est très attachant dans le rôle de ce jeune orphelin qui s'accroche à ce groupe de tziganes contre vents et marées.

Au final, malgré quelques histoires secondaires un peu moins passionnantes, ce nouveau film de Tony Gatlif est une belle réussite. il aborde la seconde guerre mondiale sous un nouvel angle et nous entraine dans ces coutumes avec toujours autant d'enthousiasme !

[Dunandan]

ACHILLE ET LA TORTUE
Takeshi Kitano - 2008
7/10

Après les très (trop ?) expérimentaux Takeshis' et Glory to the filmmaker, Takeshi Kitano conclut sa trilogie sur la création artistique avec un film beaucoup plus abordable. En effet, son nouveau film se rapproche plus de L'été de Kikujiro que de ses 2 derniers films par son aspect poétique qu'il semblait avoir mis de côté ces derniers temps.

On continue ici à disséquer le métier d'artiste et le rapport que celui-ci a avec son œuvre. On suit donc la vie d'un peintre sur 3 périodes de son existence : son enfance, son entrée dans l'âge adulte, sa vie d'adulte. Le réalisateur se met lui-même en scène dans ce récit aux accents autobiographiques. Il en profite également pour nous montrer son talent de peintre puisque toutes les peintures du film sont de lui.

Pour ce film, il opte pour un ton humoristique proche du burlesque comme il nous y avait habitué par le passé. Le héros expérimente une multitude de technique de peinture de la plus simple à la plus saugrenue et ça donne droit à ses scènes bien marrantes. L'esprit de Jacques Tati n'est pas très loin.
Niveau scénario, on nous montre bien l'évolution de ce personnage qui se trouve être un enfant surdoué issu d'une famille fortunée mais qui va rapidement découvrir la dure réalité du monde suite à la faillite et au suicide de son père. On va ensuite le retrouver à la fac entouré d'une bande d'artistes "hippies" qui aborde l'art de façon très expérimentale ... Enfin, c'est à l'âge adulte qu'on le sent s'enfermer dans sa fixation de créer l'œuvre qui le rendra célèbre. Seule sa femme restera une passerelle entre lui et cette société dont il semble totalement détaché.

Le réalisateur crée un personnage à la limite de l'autisme qu'il interprète lui-même avec beaucoup de conviction. Ce portrait caricatural est marrant mais tourne progressivement au tragique tant il semble déconnecté du monde qui l'entoure ... même sa fille lui semble être une étrangère ! Alors que le début du film est réellement drôle, on a tendance par la suite à rire jaune (sans mauvais jeu de mot) :

Comme cette scène où on lui demande de reconnaitre le corps de sa fille à la morgue et qu'il lui met du rouge à lèvres avant de lui passer un mouchoir sur le visage pour essayer d'en tirer une œuvre ou quand il est témoin d'un accident de voiture et qu'au lieu d'appeler les secours, il s'installe pour peindre la victime agonisante.

Plagiant dans un premier temps les tableaux de peintres connus, il va ensuite suivre les conseils de son agent mais il a tendance à les suivre un peu trop au pied de la lettre. Enfin, il va petit à petit s'orienter vers un art plus viscéral pensant que s'il met sa vie en danger, il se rapprochera de l'inspiration qu'il a besoin. Mais tous ces efforts resteront vains et ne feront que l'éloigner un peu plus de ce monde qui lui sert juste d'inspiration. Cette fixation causera la mort de nombreuses personnes dans son entourage et ça ira jusqu'à causer le départ de sa femme qui semblait pourtant être la seule personne à le comprendre ... Il est clair que l'aspect comique et poétique s'estompe au fur et à mesure du film laissant place à une véritable réflexion sur l'art et ce qu'il apporte aux artistes.

Au final, Takeshi Kitano va enfin pouvoir renouer avec son public avec ce film introspectif qui reste accessible au plus grand nombre. Malgré son côté bien barré, le personnage est attachant et c'est en cela qu'il arrive à retrouver le ton qui avait fait la réussite de ses premiers films. Une belle œuvre qui allie parfaitement réflexion et divertissement !

[Alegas]

LE GUERRIER SILENCIEUX
Nicolas Winding Refn - 2009
8/10

Film après film, le réalisateur danois Nicolas Winding Refn se constitue une filmographie des plus remarquable ! Après sa trilogie Pusher et son dernier film qui avait déjà fait débat Bronson, il nous revient avec un film de viking loin de références du genre. Ce film contemplatif aux sursauts de violence m'a un peu fait penser à 2 autres films récents : Vynian et Antichrist (pas étonnant que Niko ait kiffé ce film !)

Voici donc un film à ne pas mettre entre toutes les mains sous peine de rester totalement réfractaire. Ce film m'a beaucoup fait penser au cinéma de Tarkovsky : on a affaire à du cinéma sensoriel où il ne faut pas essayer de tout analyser mais se laisser porter par les images et les sons. On le compare aussi souvent à Aguirre de Werner Herzog. Du coup, ça me donne vraiment envie de découvrir ce film !

Le film n'est vraiment pas facile d'accès : dés le début, on a affaire à une narration très elliptique qui a tendance à égarer le spectateur. Il faut donc un temps d'adaptation avant de se laisser embarquer dans cette histoire racontée comme un long chemin de croix vers une terre inconnue qui semble maudite. Plus que le destin des personnages, c'est le parcours chaotique auquel ils vont devoir faire face qui est intéressant. Le scénario est à la fois super simple et à la fois complexe car il y a énormément de niveau de lecture ... Comme pour Antichrist, je ne pense avoir tout cerner dés la première vision mais ça donne vraiment envie de le revoir.

Niveau mise en scène, on alterne entre le contemplatif à la Terrence Malick avec de long plans-séquences en plan fixe ou avec de légers mouvements panoramiques et une mise en scène caméra à l'épaule plus ou moins énergique qui suit les personnages pas à pas. Quant les personnages sont en mouvement, la mise en scène est en mouvement et quand les personnages sont immobiles, elle l'est également. Mais pour peu qu'on entre dans le film, on ne s'ennuie jamais tant on est envouté par ces images. De la même manière, il y a un gros travail sur la photographie et il y a pas mal de filtres qui ajoutent un degré supplémentaire à l'esthétique du film. Enfin, le travail sur le son est très important et participe en grande partie à cette ambiance envoutante. On ne peut pas réellement parler de musique mais plutôt de sons d'ambiance.

Côté interprétation, Mads Mikkelsen est toujours aussi génial ! Sans prononcer la moindre phrase, il arrive à dégager un charisme impressionnant. Voici un acteur vraiment remarquable qui est capable de porter n'importe quel film sur ses épaules. C'est encore le cas cette fois-ci. Les autres acteurs semblent faire de la figuration à ses côtés ... Son personnage reste très mystérieux mais on n'a pas besoin d'en savoir plus pour comprendre son rôle dans l'histoire.

Le film repose sur une mythologie viking assez mise en avant. Chacun trouvera son degré de lecture mais il est clair qu'il est question ici de religion et que cette expédition ressemble à une traversée du purgatoire jusqu'à l'arrivée en enfer. La séquence où ils arrivent sur cette "terre promise" est d'ailleurs bien barrée et on a l'impression d'être plongé dans un trip dont on ne comprend pas grand chose ... comme si les personnages devenaient possédés par cette terre. Et pourtant, ça ne gène pas car on est dans une expérience sensorielle qui va au-delà de la compréhension cartésienne.

Au final, voici un film envoutant qui risque d'en laisser plus d'un sur le bord de la route mais personnellement, j'ai bien kiffé et je suis impatient de le revoir. De même, ce film m'a donné envie de laisser une seconde chance à Vynian auquel je n'avais pas vraiment accroché mais qui semble dans la même veine.