[Niko06] Mes critiques en 2010

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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Niko06 » Sam 13 Fév 2010, 19:51

Ginger Snaps, c'est bien, Wolf aussi c'est intéressant, tout comme Bad Moon, qui sont des variantes vraiment pas dégueu (et Cursed je dirai rien :eheh: ) mais ce ne sont vraiment pas des classiques qui font les mythes :wink:
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Messagepar Scalp » Sam 13 Fév 2010, 19:54

Wolf j'avais trouvé ça pas fameux quand même, Nicholson me plombe bien le film.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Niko06 » Sam 13 Fév 2010, 19:57

Bah y'a des trucs intéressants dans Wolf par rapport au thème du loup-garou, après c'est pas un chef d'oeuvre hein!
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Sam 13 Fév 2010, 19:59

Me souvient juste de Nicholson qui fait pipi :eheh:
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Brothers (remake) - 8/10

Messagepar Niko06 » Lun 15 Fév 2010, 08:57

Brothers

* Réalisateur : Jim Sheridan
* Acteurs : Jake Gyllenhaal, Tobey Maguire, Natalie Portman
* Genre : Drame
* Année de production : 2009
* Pays d'origine : USA
* Durée : 1h45

8/10

Le cinéma de Sheridan, on connait, il aborde à peu près toujours le même genre depuis ses débuts, à savoir le drame. Et cela que ce soit dans ses réalisations ou dans ses productions (dont l’exceptionnel Bloody Sunday de Paul Greengrass). Et si on lui doit des chefs d’œuvres comme My Left Foot, Au Nom du Père ou In America, il avait déçu avec le catastrophique Réussir ou Mourir, sombre daube avec le rappeur 50 cent (les mauvaises langues diraient que c’est la valeur de ses « chansons ») indigne de du réalisateur. Quoi qu’il en soit, ce qui intéresse Sheridan c’est le gros drame, pesant, pas le genre à nous donner le sourire en sortant de la salle. Rien d’étonnant donc à le voir aux commande de ce remake du récent Brødre de Susanne Bier (sorti en 2004) dont le sujet colle parfaitement à ses obsessions. Et bien que l’idée même de refaire un film déjà excellent en le calibrant pour le public américain (qui ne fera jamais l’effort de se déplacer en salles pour un film étranger sous-titré!) ne soit pas forcément saine, force est de constater que dans le cas de Brothers, cette relecture est de très bon goût et s’inscrit tout à fait dans les blessures actuelles des USA. La guerre en Afghanistan, tout comme celle en Irak, fait partie de ces couacs énormes de l’administration Bush qui resteront, au même titre que le Vietnam, parmi les plus gros traumatismes impliquant l’armée américaine. Mais pourtant le film laisse de côté, volontairement sans doute car Sheridan est irlandais et non américain, tout l’aspect politique de cette guerre pour se concentrer sur ses conséquences sur un soldat ayant vécu l’enfer.

Sur cet aspect bien précis (le traumatisme du soldat) rien de bien original c’est vrai. D’autres films s’y sont intéressé par le passé, certains sont de purs chefs d’œuvres qu’il est difficile d’approcher comme Voyage au Bout de l’Enfer de Cimino ou, moins prestigieux mais tout aussi puissant, Génération Sacrifiée des Frères Hugues. C’est pour cela que Brothers ne mise pas tout là-dessus et jongle entre les thématiques, celle-ci ne venant finalement que dans le dernier acte. Et comme l’indique le titre, le sujet principal est celui de la fratrie, voir même de la famille en général, thème qu’avait déjà abordé Jim Sheridan, par exemple de façon frontale et semi-autobiographique dans In America. Sauf qu’ici il l’attaque d’une façon tout à fait inédite afin d’en faire le symbole d’une Amérique déchirée entre deuil et fierté aveugle. Cette dualité se voit personnifié dans Sam et Tommy, deux frères que tout oppose mais qui pourtant sont liés par cette puissance qu’on appelle les liens du sang.

L’un a tout du fils modèle, sportif accompli, marié et père de deux enfants, ayant suivi la carrière militaire du père et qui étant jeune s’est occupé de son jeune frère après le décès de leur mère. Le cadet est au contraire en marge, instable jusqu’au délit qui l’a mené en prison. Mais qu’on ne s’y trompe pas, même si les images du film semblent montrer autre chose, c’est leur relation et cet amour si mystérieux, incompréhensible pour quiconque ne l’a jamais vécu, qui unit deux frères, qui en sera le ciment. Et Grace jouera le rôle à la fois de témoin aussi fort qu’impuissant, mais aussi et surtout de pilier, d’élément essentiel à l’évolution des deux personnages masculins qui vont littéralement changer de rôle. Ce qui s’annonçait donc comme un simple triangle amoureux va donc bien plus loin que ça, et si on ajoute en plus la présence en filigrane mais écrasante du père (immense Sam Shepard) et celle non moins importante des deux petites filles de Sam et Grace, on obtient un drame familial plutôt complexe dans les idées qu’il étale.



Pour filmer Brothers, Jim Sheridan s’efface derrière une mise en scène posée, cadre ses acteurs au plus proche afin de laisser ces personnages construire eux-même le récit et le drame qui va avec. On pourra toujours lui reprocher de sombrer dans le pathos, c’est tellement facile dès qu’un réalisateur cherche la vraie émotion. Sauf qu’ici non ce n’est pas facile, à aucun moment il ne sort les violons, on est dans du cinéma naturaliste, vrai et humain avant tout. Le film expose tout de même un cas de conscience assez terrible avec la mort présumée de Sam, qui à la fois enterre Tommy mais va également trouver une certaine paix qui lui était jusque là inaccessible. A vrai dire, on a rarement vu des personnages de cinéma dont l’évolution psychologique est aussi crédible et sincère. Et ceci grâce à un trio d’acteurs assez incroyables: Jake Gyllenhaal une fois de plus en très grande forme dans la peau d’un rebelle naturel pourtant introverti, Natalie Portman sublime dans ce rôle de femme et de mère qui lutte pour ne pas sombrer alors qu’elle aurait toutes les raisons du monde de le faire, et enfin un Tobey Maguire juste bluffant. L’acteur s’éloigne définitivement de l’image adolescente de Peter Parker, il est là un jeune adulte dont les principes se retrouvent brisés par l’expérience de la guerre et qui perd tous ses repères moraux et sociaux.

Brothers n’a rien du drame larmoyant qui prend le spectateur pour un imbécile et qui joue la course aux oscars, c’est un grand film d’une justesse assez incroyable porté par de très grands acteurs capables de nous nouer la gorge en un seul regard. On se retrouvera tous dans ces écorchés, qu’on soit père, fils, mari ou frère. Jim Sheridan réussit à capter la complexité des rapports fraternels, de la compétition familiale, du deuil et de la mort sociale. C’est tout aussi bon que le film original, c’est poignant, émouvant, humain, et si on peut émettre un certain bémol sur la présence de certaines scènes en Afghanistan qui lèvent tout mystère, c’est peut-être même le meilleur film de son réalisateur.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Lun 15 Fév 2010, 22:25

jean-michel a écrit: Vraiment une critique superbe niko!! :super: il me fait drôlement envie celui là!! :mrgreen:


:+1:

Me souvient juste de Nicholson qui fait pipi


Un peu comme la figuration de Lhermitte dans le loup garou de Paris :eheh:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Lun 15 Fév 2010, 23:26

Brothers celui là me donne envie... t'arrête niko, tu va me ruiner le portefeuille! :mrgreen:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Niko06 » Mar 16 Fév 2010, 07:15

Merci les loulous :D

Désolé jean-mimi :eheh:
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Percy Jackson le Voleur de Foudre - 4/10

Messagepar Niko06 » Mar 16 Fév 2010, 07:27

Percy Jackson le Voleur de Foudre

* Réalisateur : Chris Colombus
* Acteurs : Logan Lerman, Brandon T. Jackson, Pierce Brosnan
* Genre : Fantastique, Aventure
* Année de production : 2010
* Pays d'origine : USA
* Durée : 1h45

4/10

Voilà un film qui a un mal fou à cacher ses ambitions. La composition des affiches, la typographie, la bande annonce, tout est réuni pour faire de Percy Jackson la nouvelle franchise à succès qui prendra le relais d’un Harry Potter en fin de course (et qui n’aura été passionnant que le temps d’un troisième épisode de haute volée, continuant à sombrer par la suite jusqu’à un Prince de Sang-mêlé lamentable). Et il faut dire que la saga imaginée par Rick Riordan (dont les 5 tomes parus sont tous dans le top 50 des best-sellers cette semaine aux USA, selon USA Today) avait de quoi séduire avec une idée aussi saugrenue qu’excitante: faire entrer les dieux et personnages de la mythologie grecque dans un environnement contemporain! L’idée est géniale pour quiconque voue un culte sans limites aux histoires de Méduse, Persée, Hercule et tous leurs camarades aux pouvoirs incroyables et aux exploits ayant traversé les ages. De plus les romans sont écrits par un spécialiste qui a tout de même enseigné la mythologie grecque pendant des années, on pouvait donc s’attendre à quelque chose de sérieux à défaut d’être crédible. Et pour qui aime la fantasy, il y avait là matière à faire un gros coup. Sauf que ce n’est pas le cas. Dans les romans les personnages sont des enfants de 12 ans, dans le film se sont des ados de 17, histoire sans doute de se démarquer de ceux de J.K. Rowling ou pour leur emboîter le pas aujourd’hui c’est au choix. Le résultat immédiat est que le film se veut presque adulte alors qu’il reste très (trop) enfantin. Le public qui y sera réceptif est celui qui ne réfléchit pas tant que ça devant un film, ou pour dire les choses clairement, le spectateur adulte est un peu pris pour une buse.

Le film développe pourtant quelques très bonnes idées, qu’on n’attendait pas vraiment, mais les sabote à peu près à chaque fois. Par exemple le thème de la famille qui entoure un être supposé extraordinaire, c’est excellent, les liens qui lient Percy à sa mère et la haine envers son beau-père, on y croit. Sauf que quelques scènes plus tard, la mère de Percy meurt (ou pas), et ça ne semble pas perturber le garçon plus que ça. Il s’agit là d’un exemple parmi d’autres de ce qui ne fonctionne pas dans ce film qui veut en priorité en mettre plein la vue au public sans vraiment se soucier de la construction du récit. En fait, et même si on peut comprendre pourquoi, il est trop court et condense une quantité plutôt impressionnante de péripéties en un minimum de temps. Du coup, on ne peut pas croire une seule seconde à ce qui se passe, l’évolution des personnages (qui pouvait offrir un second niveau de lecture comme métaphore du passage à l’âge adulte, déjà vue mais toujours intéressante) est sacrifiée au profit du dieu spectacle, et pas toujours avec bonheur.

Autre énorme point noir pour un film qui cherche à marier moderne et mythologie, le placement de produits. Au départ on se dit pourquoi pas, après tout ces ados consomment sans doute de la marque. Mais là c’est presque écœurant! Percy se sort de certains problèmes grâce aux sandales d’Hermès qui sont devenues des Converses ailées, leur plan n’aurait jamais pu se faire sans un ordinateur Mac, le dos d’un iPhone est essentiel pour observer méduse comme dans un miroir et quoi de mieux qu’une Maserati pour échapper aux sirènes… on n’avait pas vu placements si visibles dans un blockbuster depuis I Robot (Converse également…).



On en vient à un autre sujet embarrassant, la présence de certaines créatures justement. Le film se déroule dans notre monde moderne, les personnages au début du film sont dans un musée où ils parlent de la mythologie grecque et des héros, dont des créatures tuées par ces héros. Sauf que non aujourd’hui Méduse et l’hydre sont bien vivants, à croire que Persée et Hercule n’ont pas bien fait leur boulot à l’époque et heureusement que Percy Jackson est passé en 2 secondes du statut de lycéen dyslexique à celui de héros pour remettre un peu d’ordre dans tout ça. On l’aura compris, on n’y croit jamais, impossible si on a dépassé les 12 ans. S’ajoutent à l’addition déjà salée des choix parfois très douteux. Le mont Olympe se situe en haut de l’empire state building, l’entrée des enfers à Hollywood (d’ailleurs le départ pour les enfers se fait sur un morceau d’AC/DC tellement cliché qu’on en taira le titre), les sirènes sont à Las Vegas (cliché encore, comme quand le petit black de service de peut s’empêcher de se croire dans un clip de rap US) et c’est du même acabit tout le long.

Le casting n’est pas trop mal choisi avec des caméos très sympa (bémol pour Steve Coogan en Hadès au look de biker), les 3 rôles principaux sont assez attachants, même si Logan Lerman faisait meilleure impression dans 3h10 pour Yuma. La mise en scène de Chris Colombus est, comme on pouvait s’y attendre, très impersonnelle mais l’espace de quelques scènes il montre un certain souffle épique qui manque cruellement au reste du film. Le plus bel exemple reste quand les eaux se déchainent, assez impressionnant. Au final on se retrouve avec un produit extrêmement calibré pour le jeune public américain (pour qui le centre du monde est l’Amérique et pour qui les catastrophes n’arrivent qu’en Europe), un film sans véritable saveur, rarement impressionnant, et qui laisse un sale goût de potentiel immense mais gâché. Dommage! Mais les enfants seront sans doute aux anges.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Mar 16 Fév 2010, 12:18

c'est mieux!! :eheh: :mrgreen:
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No Country for Old Men - 10/10

Messagepar Niko06 » Dim 21 Fév 2010, 10:50

No Country for Old Men

* Réalisateur : Joel & Ethan Coen
* Acteurs : Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin
* Genre : Thriller, Drame
* Année de production : 2007
* Pays d'origine : USA
* Durée : 2h02

10/10

Au sein d’une filmographie plutôt fournie en excellents films, on trouve chez les frères Coen une poignée de véritables chefs d’œuvres: Fargo, Barton Fink, The Big Lebowski… À ceux-là il convient aujourd’hui d’ajouter le présent No Country for Old Men, pas loin d’être leur film le plus abouti depuis leurs débuts! En adaptant à leur sauce le roman éponyme de Cormac McCarthy (à qui on doit également la Route) les frangins trouvent le matériau de base idéal pour mettre fin à leur période de récréation cinématographique qui donna les sympathiques mais bien gentillets Intolérable Cruauté et Ladykillers, deux films presque indignes de leur talent… On aurait pu croire qu’ils en avaient oublié leur côté sombre pour se consacrer à temps plein à de la pure comédie, ils nous livrent avec celui-ci la preuve magistrale que non, qu’ils sont toujours parmi les réalisateurs qui comptent le plus à notre époque et que finalement ils sont tout à fait capables de s’amuser sur un film puis de livrer juste après une œuvre gigantesque… et cette fois ils disent au revoir à l’humour de bas étage, retrouvant une certaine forme d’humour noir presque inaccessible et dérangeant dans un film qui mêle habilement thriller et western au sein d’un univers crépusculaire que n’aurait pas renié Sam Peckinpah, un film sur une génération qui s’éteint, largement dépassée par les évènements qui se déroulent devant leurs yeux et qu’ils observent avec un recul qui ressemble plus à de l’impuissance qu’à une démission. En cela, il ne fait aucun doute que le personnage central de ce récit, même si ce n’est pas lui qui possède le plus de temps à l’écran, est celui interprété par Tommy Lee Jones… c’est lui le vieil homme pour qui ce pays n’est plus…

Mais ce que nous content les Coen ce n’est finalement ni une traque, ni un duel ou une enquête. Certes la trame est là, servant de base nécessaire à l’enchaînement des scènes mais ils voient beaucoup plus loin que ça, cherchant à pondre ce qui restera sans doute comme leur film ultime. Ultime dans ses thèmes qui poussent leurs réflexions passées dans leurs derniers retranchements, mais également ultime sur la forme qui n’aura jamais atteint une épure aussi totale et magnifique. Dans No Country for Old Men les frères Coen se refusent catégoriquement à l’esthétisation outrancière en vogue dans le néo-western, pas de ralentis, pas de photographie hyper travaillée aux filtres, et pas de musique mélancolique… de partition musicale il n’y en a pas de toute façon, si ce n’est furtivement lors d’un réveil mexicain ou lors du générique final, leur dernier chef d’œuvre est épuré jusqu’à ce point.

Mais image épurée ne rime pas forcément avec « moche ». Au contraire les Coen construisent leurs cadres soigneusement, ne laissant aucun élément au hasard pour un résultat qui transpire le perfectionnisme obsessionnel dans chacune des scènes du film. Esthétiquement c’est donc superbe, que ce soit lors de ces visions des étendues désertiques infinies ou de tous ces plans serrés sur les personnages, c’est d’une précision clinique dans la mise en scène, ce qui rend le film glacial et paradoxalement magnétique… car si les images sont belles comme un tableau naturaliste c’est bien ce qui se passe dans le cadre qui nous prend aux tripes sans qu’on le sente arriver. 3 hommes, 3 destins tragiques, 3 visions de la solitude de notre existence, et 3 acteurs formidables.



Les frères Coen nous ont souvent montré des solitaires, thème qu’il explorent ici à l’extrême avec un flic dont le métier l’empêche d’avoir une vie de famille normale alors que c’est pourtant ce à quoi il aspire profondément, un tueur impitoyable, froid, méthodique, cruel, le genre de pitbull qui ne lâche jamais, et un type tout à fait normal qui fait juste les mauvais choix, qui est au mauvais endroit au mauvais moment et qui s’isole pour écarter le danger de ceux qu’il aime (à sa façon toute texane bien sur). Ces 3 là ne se croiseront finalement que très peu, voir pas du tout, et passeront la totalité du film complètement isolés, soit en fuite perpétuelle, soit en chasse… Étrange, noir, violent, le film est à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre des frangins qui livrent leur vision pessimiste du pouvoir du destin sur nos vies. Crépusculaire jusque dans les dialogues, rares et finement écrits, où les protagonistes semblent peser chaque mot comme si c’était le dernier, No Country for Old Men a tout du film somme, comme si les deux réalisateurs atteignaient enfin leur zénith d’artistes, ré-inventant leur cinéma tout en s’affranchissant de la plupart des codes en vigueur. Ce qui fait que ce film ne peut appartenir à aucun style en particulier alors qu’il en aborde plusieurs (thriller et western donc mais aussi survival).

Un scénario inventif et intelligent, une mise en scène fabuleuse, ne manquaient que de grands acteurs pour accéder au firmament. C’est le cas avec un Tommy Lee Jones vieillissant, taciturne, absolument parfait dans le rôle du shérif qui a perdu sa foi en l’homme. Mais aussi et surtout Javier Bardem en tueur psychopathe, presque grotesque avec ses cheveux longs mais terrifiant à chacune de ses apparitions. Et pour compléter le trio un immense Josh Brolin revenu d’entre les morts et qui trouve enfin (et la même année que Planète Terreur) un grand rôle à la hauteur de son talent, dans la peau du mec qui lutte pour sa survie… on peut bien sur ajouter une galerie de seconds rôles tous excellents sans qu’on retrouve les habitués du cinéma des frères Coen, chose presque révolutionnaire! Une scène finale aussi abstraite que mélancolique finit d’enfoncer le clou d’une œuvre précieuse, le retour en grâce des frères surdoués du 7ème art qui nous livrent un des quelques chefs d’œuvres des années 2000, stupéfiant d’inventivité et virtuose à tous les niveaux.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Dim 21 Fév 2010, 14:46

Je mettrais pas 10 mais c'est clairement un des meilleurs films des Coen.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Niko06 » Dim 21 Fév 2010, 15:33

Je lui trouve aucun défaut
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Dim 21 Fév 2010, 18:07

Je suis moins passionné par la storyline de Tommy Lee Jones, et comme je le considère moins bon que The Big Lebowski ( même si c'est pas le même genre ) je peut pas mettre 10.
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Crazy Heart - 8,5/10

Messagepar Niko06 » Ven 05 Mar 2010, 12:06

Crazy Heart

* Réalisateur : Scott Cooper
* Acteurs : Maggie Gyllenhaal, Jeff Bridges, Robert Duvall
* Genre : Drame, Musical
* Année de production : 2009
* Pays d'origine : USA
* Durée : 1h51

8.5/10

En homme de goût, le réalisateur choisit d’ouvrir son film sur Jeff Bridges devant l’entrée d’un bowling, clin d’œil ou pas à ce qui restera comme le seul véritable premier rôle d’un acteur extraordinaire et longtemps sous-exploité, rangé dans le grand tiroir des seconds rôles toujours exceptionnels mais auxquels il est difficile d’accorder une tête d’affiche. En cela, et un peu à la manière de the Wrestler l’an dernier, toutes proportions gardées, Crazy Heart ressemble à toute une cohorte de petits films dramatiques calibrés pour collecter des récompenses. Une idée vérifiée à la remise des Golden Globes et qui se confirmera sans doute aux Oscars en mars. Que ça soit bien clair, Jeff Bridges mérite toutes les récompenses du monde pour sa composition dans ce film, il est exceptionnel! Mais plus que la consécration d’un acteur qui la méritait depuis des années déjà, Crazy Heart est juste un très grand film, qui navigue à vue dans les courants dangereux du classicisme pour les transcender à l’aide d’un scénario d’une belle finesse. C’est assez fou car on a l’impression d’avoir vu cent fois cette histoire de rédemption d’un type qui touche le fond, mais en même temps on n’y a rarement autant cru! Comme quoi il est toujours possible, avec un minimum de talent, de réussir à transformer un sujet au premier abord assez bateau en franche réussite. Car si en apparence, et étant donné le sujet, tout est très classique jusque dans la mise en scène, Scott Cooper se permet tout de même dans la première partie de véritables audaces, discrètes mais efficaces!

Faux classicisme car dans cette partie on nous montre un vieux chanteur de country un peu has-been mais qui bizarrement n’en a pas du tout conscience. D’habitude dans ce genre de mélo le personnage pose sur sa vie un regard désabusé et triste, comme s’il avait tout raté, mais pas ici. Pour Bad Blake, sillonner les routes dans son break en fin de vie de bar en salle de bowling, jouer dans des salles ridiculement petites, culbuter des vieilles filles groupies éternelles, passer son temps libre à vider des bouteilles de bourbon et quitter ses concerts en plein milieu pour aller vomir dans une poubelle (et accessoirement sur sa chemise), ne sont pas les signes d’un quelconque échec. C’est sa vie et il la vit plutôt bien, sans se morfondre sur son sort, au pire sent-on une pointe d’amertume vis-à-vis d’un certain Tommy dont il était le mentor. Cette partie fait la part-belle à la musique, élément au cœur du film indissociable de cette histoire. Car la country c’est l’Amérique, et si en Europe le style n’a jamais vraiment passionné il en est tout autrement chez l’oncle Sam.

Au milieu de ce véritable drame à taille humaine, Scott Cooper livre un portrait sans fard de la musique country actuelle en opposant la légende, le maître (Bad Blake) et l’élève au succès démentiel (Tommy Sweet). Il résume la situation dans une scène aussi drôle que déprimante, quand un fan vient demander un autographe à Tommy qui ensuite le renvoie vers Bad, mais le fan n’a pas la moindre idée de qui est cette légende. Aujourd’hui de jeunes loups remplissent des stades entiers mais le public qui se dit amateur de cette musique ne connait pas Johnny Cash. Sacré paradoxe. Cet aspect ajoute un sous-texte au film qui devient presque symbolique d’une génération arrivant en fin de parcours, et c’est poignant comme témoignage. Mais le sujet principal c’est bien Bad Blake, et même si toute une galerie de personnages gravite autour, il s’agit avant tout d’un portrait.



Portrait d’une finesse remarquable d’ailleurs, qui devient iconique lors des séquences chantées. On tient la preuve qu’il n’y a pas que Scorsese qui soit capable de filmer des concerts, Scott Cooper baladant sa caméra entre les musiciens pour nous faire vibrer aux sons de cette musique fondamentale. Très franchement on avait rarement vu des scènes de concert aussi bien mises en scènes, que ce soient celles dans les petites salles ou celles plus impressionnantes dans les stades, la caméra est en mouvement permanent allant au plus proche des acteurs. C’est vraiment réussi. On sent que c’est sur scène que Bad Blake se sent vivant, à l’image de tous les véritables artistes de la chanson. Mais ces scènes ne sont que d’habiles bouffées d’air au sein d’un portrait finalement assez noir d’un homme en pleine déchéance. Car le personnage aussi légendaire soit-il qu’incarne Jeff Bridges est un type qui n’a jamais réussi à maintenir une relation, qu’on devine rapidement père démissionnaire, c’est un alcoolique à tendance misanthrope… on est bien loin de la cool attitude du Dude, même si l’apparence y est.

Et si le film, dans sa seconde partie, tombe parfois dans les lieux communs pas très réjouissants (au moins deux évènements ressemblent à des passages obligés du genre pour appuyer le pathos), il n’en reste pas moins un portrait d’une puissance émotionnelle rare accompagné d’une bande originale juste magnifique. Les seconds rôles savoureux (Robert Duvall, Maggie Gyllenhaal et un Colin Farrell une fois de plus impeccable) viennent étoffer un peu plus la performance incroyable de Jeff Bridges. Il est tout simplement immense et donne tout son sens à l’expression « le rôle d’une vie », enfin la consécration pour cet acteur aussi attachant que talentueux c’est un moment très émouvant. S’il n’évite pas quelques rares écueils dans sa construction, Crazy Heart est un portrait tout simplement bouleversant d’un homme sur le chemin de la rédemption dans une Amérique qui a évolué trop vite pour lui, et c’est magnifique.
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