En apprenant que ce film allait être remaker par
Jim Sheridan, je me suis dépêché de me le procurer et de le voir avant d'aller voir le remake américain. Grand bien m'en a fait car je pense qu'il est préférable de voir celui-ci avant l'autre afin de remettre les lauriers à ceux qui le méritent ...
Voici donc l'un des premiers films de
Susanne Bier réalisé juste après
Open hearts. Elle y retrouve d'ailleurs son scénariste attitré
Anders Thomas Jensen. Le duo nous raconte donc l'histoire d'une famille danoise : Michael est militaire et vit tranquillement avec sa femme et ses 2 filles alors que son frère Jannik est un petit voyou tout juste sorti de prison. Lorsque Michael, parti en mission en Afghanistan, est annoncé mort, c'est Jannik qui va prendre soin de sa famille. Mais le jour où il revient bien en vie, beaucoup de choses ont changé.
Le scénario d'
Anders Thomas Jensen est particulièrement bien écrit et on suit avec grand intérêt le destin des différents personnages de façon parallèle jusqu'à leurs retrouvailles. Le spectateur sait ce qu'a enduré Michael à la guerre contrairement à sa famille à laquelle il doit se réintégrer comme si de rien n'était. Le scénariste est très doué pour rendre réaliste ces drames familiaux et il le confirme encore une fois avec celui-ci. Pour ce qui est de la mise en scène, on reconnait déjà le style de la réalisatrice mais elle n'en est qu'à ses débuts et ça n'est pas aussi maitrisé que sur
After the wedding ou
Nos souvenirs brulés mais on sent déjà qu'elle aime filmer les émotions à fleur de peau en utilisant beaucoup de gros plans. Elle n'abuse jamais de la caméra à l'épaule et ne s'en sert que de façon volontaire. On peut dire que malgré le peu d'expérience, elle montre une certaine maitrise.
Au-delà du scénario et de la mise en scène, le film tient surtout sur l'interprétation de ses acteurs. Dans le rôle de Michael,
Ulrich Thomsen joue tout en retenue. Il arrive à rendre son personnage effrayant juste par des mimiques et un regard qui en dit long sans avoir besoin d'en faire des tonnes pour faire comprendre qu'il est un peu déphasé.
Connie Nielsen est tout simplement géniale dans le rôle de la femme de Michael. Elle arrive à nous émouvoir de façon très naturelle et elle montre réellement tout son talent d'actrice ! Quant à
Nikolaj Lie Kaas, il s'en sort plutôt bien mais il joue un peu trop le beau gosse ténébreux ... Enfin, l'actrice qui joue la fille ainée est vraiment bluffante tant elle arrive à aller chercher les émotions au fond d'elle pour nous les livrer pudiquement.
Ce film prouve que le thème de la guerre et de ses séquelles est universel et arrive parfaitement à imprégner le spectateur de cet univers scandinave alors qu'il a tant l'habitude de voir ce genre d'histoire se dérouler aux États-Unis. Pas étonnant que l'idée d'un remake n'est pas attendu très longtemps avant de faire surface ... On pourra reprocher au budget d'être un peu trop juste car les passages en Afghanistan paraissent très cheap : quelques rochers, quelques hommes armés en burka, un trou improvisé en geôle et c'est à peu près tout. Après, le but était de retranscrire le traumatisme que subissait le prisonnier et cela est très bien rendu.
Au final,
Susanne Bier nous livre un drame familial filmé au plus près des émotions des personnages et servi par d'excellentes interprétations. Autrement dit, c'est une belle réussite et c'est donc avec appréhension que j'attendais le remake de
Sheridan.
P.s : Attention au référencement ! Il faut différencier l'original et le remake