[Niko06] Mes critiques en 2010

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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar kenshiro » Mar 02 Fév 2010, 14:11

si

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:mrgreen:
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Gainsbourg - (vie héroïque) - 7/10

Messagepar Niko06 » Jeu 04 Fév 2010, 08:39

Gainsbourg (Vie Héroïque)
Joann Sfar
2010
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3 ans après la Môme et son succès phénoménal en France et à l’étranger, 2 ans après Sagan, quelques semaines après Coco Chanel & Igor Stravinsky, il n’est pas étonnant de voir débarquer un nouveau film sur une autre figure mythique de la culture française, Serge Gainsbourg. Dans un pays où le biopic ne faisait pas forcément partie du paysage cinématographique… c’est un changement presque excessif. Sauf que Gainsbourg n’est pas vraiment un biopic (le film de Kounen ne l’était pas non plus d’ailleurs), et s’il est écrit un « conte » de Joann Sfar et non un « film », il y a une bonne raison. Comme cela nous l’est confirmé à l’ouverture du générique de fin, cette Vie Héroïque s’inspire avant tout de ce qu’a pu dire Gainsbourg dans sa vie, les vérités comme les mensonges. Le film est donc un mélange permanent de vraies tranches de vie et d’imaginaire débridé, dans un ensemble passionnant presque de bout en bout, presque autant que cet artiste génial et auto-destructeur qui en est le sujet. Mais c’est avant tout un film d’une ambition démesurée, sans doute trop pour le premier passage derrière une caméra du dessinateur niçois Joann Sfar qui ne peut éviter certaines maladresses, mais c’est également cette ambition qui porte le film vers des cimes qu’aucun biopic français (et que peu de films français) n’avait jusque là aperçu. Un film audacieux fait par un admirateur, qui en a rêvé d’où la mention héroïque dans le titre, à la fois assez cynique (car Gainsbourg aussi talentueux était-il, n’avait rien d’un héros) et révélatrice du fait que tout cela n’est que la vision d’un artiste sur un autre et non une biographie.

Dans la construction narrative, Gainsbourg (Vie Héroïque) flirte autant avec le très classique dans la temporalité (enfance, vie, fin de vie) qu’avec une vision plus originale qui fait apparaitre à l’écran une sorte de succession de tranches de vie plutôt qu’un récit linéaire. Quelques étapes, quelques détails, parfois authentiques, parfois imaginés et parfois métaphoriques (le flingue chargé) qui viennent construire un portrait assez fascinant de l’homme derrière l’image.

Fascinant en grande partie par la forme. Joann Sfar a fait les beaux arts et ça se voit. Même s’il n’avait jamais touché à l’image de cinéma, il est clair que c’est quelqu’un qui sait faire une belle image et donc un beau plan. Il s’amuse avec tous les outils mis à sa disposition, largement appuyé par le chef op Guillaume Schiffman (plutôt doué quand on voit l’image qu’il a sorti sur les deux OSS117) pour un résultat visuellement étonnant, presque hypnotique par sa beauté à laquelle s’ajoute une imagerie très conte de fées avec des décors resserrés, des lumières irréelles, des poses hors du temps… Et cet aspect-là, qui embrasse complètement le fantastique (et c’est bon de voir un film français ne pas en avoir peur!), permet au réalisateur de livrer parmi ses plus belles scènes. Ainsi, même si sur la longueur cela devient un gimmick qui perd peu à peu de son intérêt (sauf à la sortie de l’infarctus où il prend une autre dimension), l’idée du double est excellente. Gainsbourg l’avait cultivé de son vivant avec l’opposition Gainsbourg/Gainsbarre ou sa chanson Docteur Jekyll et Monsieur Hyde, elle se voit ici personnifiée dans ce personnage surréaliste et caricatural appelé « la Gueule » et qui suit Serge depuis son enfance, évoluant tout d’abord comme sa conscience, puis son côté obscur et enfin son doppelganger.

Image


Créant des moments d’onirisme pur, cet être imaginaire à qui le grand Doug Jones (Abe Sapien dans Hellboy) donne vie, est bien la touche en plus d’un film qui se démarque totalement de la production hexagonale car il n’hésite pas à utiliser le film de genre pour alimenter un cinéma populaire, chose qui aujourd’hui encore parait insensée au pays de la comédie potache et de la pseudo-masturbation intellectuelle du cinéma d’auteur. Mais c’est pourtant bien le ton qui convient le mieux à ce récit presque fantasmé d’un Gainsbourg bel et bien héroïque…

Héroïque car ce Gainsbourg qui nous est montré, on ne peut que l’admirer. Même si on n’a pas vraiment la réponse à cette grande énigme du XXème siècle, on a presque une piste de réponse sur le pourquoi du comment de son étonnante facilité à séduire les femmes (et pas les plus moches). Génie poète et charmeur, mais pourtant égocentrique et égoïste, il était un personnage attirant auprès duquel on se sentait sans doute élevé. D’ailleurs le film s’articule sur deux axes bien précis, certaines chansons et certaines rencontres, qui en font à la fois un film choral et un film musical. On a parfois un peu l’impression de voir un défilé d’actrices, surtout que certains de ces personnages sont traités un peu vite et pas assez en profondeur. Dans ces ratés, Mylène Jampanoï superbe dans le rôle de Bambou, Anna Mouglalis magnétique en Juliette Gréco, deux belles idées de casting mal exploitées à l’écran. Ce qui n’est pas le cas de Laeticia Casta qui impressionne vraiment dans la peau de Brigitte Bardot ou Lucy Gordon qui hérite du rôle de la personne qui a sans doute le plus compté pour le chanteur, Jane Birkin… ces deux-là sont extrêmement bien écrits (même si c’est à l’introduction du chapitre Birkin qu’on sent la première vraie baisse de rythme).

Et dans les seconds rôles on croise toute une galerie d’acteurs ou personnalités de renom comme par exemple Yolande Moreau (bourrée), Claude Chabrol, Sara Forestier (hilarante en France Gall), François Morel, Philippe Katerine en Boris Vian… ça fait un peu défilé de gala et plusieurs scène se répètent presque. C’est une des grosses maladresses du film. Puis au centre il y a quand même Eric Elmosnino qui se glisse dans la peau de Gainsbourg avec une aisance et une décontraction assez impressionnantes. Parfois la ressemblance est troublante, parfois beaucoup moins, mais dans l’ensemble c’est une sacrée performance d’acteur. La musique également est de haute volée, avec reprises bien sur de certaines chansons mais d’autres compositions plus inspirées que reprises et assez bluffantes.

Gainsbourg (Vie Héroïque) est donc un film très surprenant, par sa forme audacieuse, par son fond qui mêle fantaisie et biographie, par ses parti-pris originaux, sincères et pudiques. C’est un très beau film, qui ne s’essouffle que dans la toute dernière partie peut-être de trop, mais comme première œuvre c’est impressionnant de maitrise et c’est assez fascinant. Un film inattendu et singulier!


7/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Jeu 04 Fév 2010, 10:37

Au vu de certaines critiques j'ai peur de voir ce film et de ne pas y retrouver l'image du grand serge.
Je le verrai bien sur à sa sortie en vidéo :super:

dessinateur niçois Joann Sfar


Comme quoi on peux toujours se recycler :love:

par exemple Yolande Moreau (bourrée),

c'est a se demander si elle ne l'est pas toujours :eheh:

Laeticia Casta qui impressionne vraiment dans la peau de Brigitte Bardot

:sodo: Image
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Jeu 04 Fév 2010, 14:28

Oue enfin dessinateur pour Sfar c'est un grand mot :eheh:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar blackula » Jeu 04 Fév 2010, 15:35

Scalp a écrit:Oue enfin dessinateur pour Sfar c'est un grand mot :eheh:


ah toi, t'es du genre bedonnant avec cheveux gras qui prends les vendeurs de chez album pour des dieux vivants, ou sinon tu n'es qu'un inculte :mrgreen:

ps:y a un peu de second degré dans ce message... (je dis ça au cas où)
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Jeu 04 Fév 2010, 15:44

Nop vais pas chez album et je confirme Sfar y sait pas dessiner.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar blackula » Jeu 04 Fév 2010, 16:44

je vois pourquoi tu dis ça, mais j'aime le trait foutraque et poétique. Par contre son film, je le sens pas trop, peut être à tort, mais j'ai peur de voir un film de techniciens, dans le sens où le réal impose son style par le scénar et non par sa mise en scéne, et ce sont les techniciens qui font le reste("les beaux gosses" par exemple :roll: )
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Ven 05 Fév 2010, 09:51

Ah je comprends ce que dis Scalp et le style (si on peut parler de style!) mis en place dans ses dessins, perso je suis pas fan

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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Zeek » Ven 05 Fév 2010, 13:38

zack_ a écrit:si on peut parler de style!
pas sûr....

c'est carrément laid!
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Sherlock Holmes - 7/10

Messagepar Niko06 » Sam 06 Fév 2010, 15:08

Sherlock Holmes
Guy Ritchie
2009
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Guy Ritchie, un nom qui aujourd’hui fait trembler alors qu’il y a encore quelques années il provoquait une intense excitation. Le réalisateur anglais justement taxé de jeune prodige à ses débuts en enchaînant Arnaques, Crimes et Botanique puis Snatch, deux bombes certes déjà très proches mais jubilatoires, partait pour une grande carrière. Mais une rencontre avec la Madone plus tard, ça donne Revolver, précédé d’A la Dérive. Le premier est une bouse prétentieuse et incompréhensible, le second est une bouse tout court. Il se serait soit-disant plus ou moins racheté une conduite via RocknRolla, qui ressemble tout de même beaucoup à ses deux premiers de loin, mais on le comprends aisément, c’est avec Sherlock Holmes qu’il joue gros. Et bien il faut avouer qu’il s’en sort vraiment pas mal, ce qui n’était pas gagné tant le personnage du détective de Baker Street est ancré dans les consciences collectives et correspond à des codes bien particuliers, certains authentiques et d’autres beaucoup moins. C’est donc à un grand dépoussiérage du mythe qu’on assiste, surpris, car pour qui n’a pas lu Conan Doyle, Holmes et Watson étaient deux antithèses autant sur le plan physique que spirituel, image renforcée pour toute une génération qui a suivi les aventures du détective à travers la version animée de Miyazaki. Avec un casting ultra glamour Ritchie révolutionne gentiment tout ça, livrant une relecture très moderne tout en réhabilitant certains fondamentaux tombés dans l’oubli! Il ne signe pas le film du siècle mais dans le genre du divertissement très haut de gamme il se pose là, en grande partie grâce à des acteurs formidables et son style de mise en scène qu’on aime détester mais qui reste toujours aussi percutant. En fait on se trouve à mille lieues d’une autre adaptation fort réussie des aventures de Sherlock, le Secret de la Pyramide, et c’est tant mieux!

Après tout il semble relativement logique de retrouver le détective fictif (contrairement à ce que beaucoup pensent il n’a jamais existé) aujourd’hui sur grand écran. En effet il était depuis quelques temps largement passé de mode, tombant peu à peu dans l’oubli même si son nom est toujours synonyme de déduction scientifique. Il n’y a qu’à voir une série aussi reconnue que les Experts, leurs méthodes d’investigation font à chaque fois penser à ce soucis du détail qui fait l’âme des enquêtes de Holmes! Réciproquement Sherlock Holmes version Ritchie, avec son approche très mainstream et « jeune » peut parfois faire penser à un long épisode de ladite série mais en costumes et avec de vrais bons acteurs charismatiques. Car il ne faut pas se leurrer, la véritable réussite du film vient de son casting plus qu’autre chose, car point important il s’agit avant toute chose d’un film de commande passé par la Warner à Guy Ritchie, et non une œuvre personnelle (ce qui en soit est sans doute une bonne chose mais c’est de là que vient ce côté souvent impersonnel du film). Donc oui bien sur le casting c’est que du bonheur. Ne serait-ce que les seconds rôles: Mark Strong en bad guy qui imite super bien Andy Garcia, Rachel McAdams plutôt très craquante, Eddie Marsan en policier légèrement dépassé… c’est du tout bon, ça fonctionne sans problème. Mais quelles têtes d’affiche!! Le film n’existe que pour eux, et sans doute grâce à eux, Robert Downey Jr. et Jude Law, soit tout de même, soyons honnête, deux des acteurs les plus sexys d’Hollywood, en plus d’être des acteurs de talent.

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Et si Jude Law est légèrement en retrait, car il est le bras droit de Holmes, prend une toute autre dimension que celle qu’on connait en devenant presque son égal à de nombreuses reprises, Robert Downey Jr. trouve par contre un nouveau rôle à sa démesure. Et comme cela était déjà le cas sur Iron Man il élève le film d’un niveau honorable mais moyen à un bon niveau.

Sherlock Holmes c’est un peu le grand festival de Robert qui enclenche le mode cabotin du début à la fin, en fait des tonnes à chaque scène pour livrer sa vision toute personnelle et irrévérencieuse du personnage. Ainsi avec son jeu outrancier et celui beaucoup plus rigide pour Watson, l’alchimie qui veut que les contraires s’attirent fonctionne à plein régime et la relation Holmes/Watson prend une belle ampleur assez délicieuse. Fonctionnant sur le mode d’un vieux couple, plus que d’un duo, leurs petites querelles et leur complicité ne laisse jamais la place au doute. Par contre si à chaque fois qu’on trouve un duo masculin dans un récit on peut en creusant un peu y voir une forme d’homosexualité latente, ici Guy Ritchie sort un peu ses gros sabots et dépasse largement le stade des sous-entendus. Ca laisse tout de même place à quelques passages plutôt drôles.

Le récit est relativement bien construit, même si l’enquête policière laisse régulièrement sa place à de l’action et de l’aventure. On regrettera le recours systématique aux même artifices à chaque résolution d’énigme, tout comme plusieurs répétitions qui viennent encombrer le déroulement de la chose assez inutilement. Mais comme on est dans du cinéma tous public de chez tous public, il n’y avait pas de place pour un manque d’explication rationnelle ou pour une quelconque réflexion du spectateur. Niveau mise en scène, c’est bien simple, c’est du Guy Ritchie. Donc c’est plutôt classe dans l’ensemble, très soigné malgré quelques décors en CGI pas géniaux, de beaux mouvements de caméra déplacée souvent à l’énergie, ponctuellement agrémentés de ces ralentis et accélérés qui font de toute façon partie intégrante de son style et qui peuvent vite énerver par leur aspect tape à l’œil. Bon point également pour la partition très travaillée d’Hans Zimmer. Malgré sa fin qui appelle trop à une suite, Sherlock Holmes est un film dont la seule ambition est de divertir sans forcément marquer les mémoires, sur ce point le contrat de Guy Ritchie est honoré, on ne s’ennuie pas et on passe même un bon moment.


7/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Heatmann » Sam 06 Fév 2010, 15:48

:super: pareil , meme note et la flemme de pondre un truc !! j kiffe bien aussi le score de Zimmer :wink:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Sam 06 Fév 2010, 15:52

Moi ça me fait un peu peur quand même, j'ai peur de voir un numéro d'acteur noyé dans l'incompétence de Ritchie :mrgreen:
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Sam 06 Fév 2010, 20:59

:+1:
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In the air - 8,5/10

Messagepar Niko06 » Mar 09 Fév 2010, 13:46

In the Air
Jason Reitman
2009
Image

L’air de rien, en 3 films (plus ce qu’il a produit, dont Chloe le dernier Egoyan), le « petit » Reitman est en train de se faire un nom parmi ceux qui comptent à Hollywood. Sa recette? Plus ou moins toujours la même, faire du cinéma faussement indépendant, à savoir avoir accès à des stars, donc des budgets, tout en gardant cet état d’esprit et ce style qui font le charme des productions indie. Mais ce qui constitue le petit plus de Jason Reitman, c’est sa façon de traiter avec un cynisme qui peut en énerver certains des sujets importants (pour ne pas dire graves). C’était le cas de son premier film Thank You for Smoking, c’était sans doute un peu moins le cas sur Juno (que l’auteur de ces lignes n’a toujours pas daigné regarder), mais ça l’est définitivement sur In the Air. Un film qui aborde avec détachement et décalage LE sujet contemporain qui fâche, la fameuse crise économique et la vague de licenciements conséquente. Mais Jason Reitman attaque son sujet sur un ton inédit qui lui évite de tomber dans le documentaire politique ou la vile morale, préférant s’intéresser à un personnage unique aussi attachant que foncièrement désagréable, une sorte d’électron libre complètement détaché de toute vie sociale au sens où nous l’entendons habituellement. Une sorte de misanthrope cool, capable de nous faire avaler la plus grosse des couleuvres par son bagout mais qui refuse d’être considéré comme tel, vivant dans sa bulle qu’il s’est construit méthodiquement.

Et qui d’autre que le Mister Cool d’Hollywood pour incarner pareil personnage? On sent bien là le rôle taillé sur mesure pour George Clooney, qui nous rappelle, même si ce n’était pas nécessaire, qu’il est bien plus qu’un vendeur de machines à café. Il est l’un des acteurs les plus doués de sa génération et il l’a déjà prouvé à maintes reprises, et c’est dans ces rôles de cyniques qu’il est toujours exceptionnel car il est capable d’installer une distance incroyable entre ce qu’il dit et ce qu’il est. Bien entendu sa performance doit énormément à l’écriture de son personnage mais il est une fois de plus terriblement séduisant, une sorte de diable au sourire sincère. En fait il y a un parallèle évident entre Ryan Bingham et le Nick Naylor interprété par Aaron Eckhart dans le premier film du réalisateur, à croire que ce genre d’homme follement manipulateur passionne Jason Reitman.

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Mais concrètement, de quoi ça parle In the Air? Tout simplement d’un type dont le boulot est de licencier des personnes dans d’autres entreprises que la sienne. Un type qui ignore sa famille, qui passe sa vie dans les aéroports, les avions et les chambres d’hôtel, et qui porte sur la vie un regard à la fois pessimiste et révélateur de notre société égoïste. Faussement cool donc le Bingham, faussement excentrique aussi. Et à la critique évidente de la société consumériste (qui au passage emprunte 2-3 idées à Fight Club), Reitman ajoute un propos pas vraiment anarchiste mais plutôt désabusé qui finit par rendre le personnage de Clooney carrément pathétique.

Il faut dire que Ryan Bingham gagne sa vie en virant des gens pour le compte de chefs d’entreprise ayant oublié d’en avoir dans le caleçon, mais qu’en plus il tient des séminaires de motivation dans lesquels il réussit à convaincre tout le monde que son mode de vie, c’est à dire n’avoir aucune attache matérielle ou familiale, est tout à fait logique. Et l’espace de quelques scènes il réussirait presque à convaincre le spectateur. La faut à une construction extrêmement habile du récit qui joue avec les conventions de la comédie américaine basique pour tenter de faire passer un message totalement différent. Ainsi aux scènes classiques et passages obligés viennent s’ajouter des éléments perturbateurs qui viennent faire valser les faux idéaux. Jason Reitman évolue en permanence sur un fil, il laisse son film tomber dans une forme de morale bien trop hollywoodienne (culpabilité, désir d’un retour à la normale, illumination…) dans le troisième quart, quitte à agacer le spectateur, mais revient tout dynamiter dans le dernier acte, laissant son personnage sur les rotules.

Car il ne faut pas se leurrer, on a droit à un faux happy end qui stigmatise à lui tout seul les maux de notre temps. In the Air en devient extrêmement ludique et séduisant car il joue avec le public et ses attentes. Ni véritable satire, ni comédie, ni drame social, il s’agit là encore une fois d’un film qui navigue entre plusieurs eaux et prend même le risque de déstabiliser. Lumineux dans la forme mais amer et noir en creusant dans les différents niveaux de lecture, il confirme que Jason Reitman possède un véritable talent pour ce genre de comédie cynique et de chronique douce-amère d’une société déjà bien avancée dans la déshumanisation. Et si George Clooney est tout simplement parfait, il ne faut pas omettre la performance délicate d’une Vera Farmiga en femme fatale. Moins convaincu par Anna Kendrick, bien trop coincée dans son rôle malgré de belles choses, et c’est toujours un plaisir de retrouver les habitués Jason Bateman, J.K. Simmons et Sam Elliott.

In the Air ne nous fera jamais rire aux éclats, simplement sourire, mais en laissant un goût amer au vu du constat lucide sur notre société actuelle. Un film intelligemment sarcastique et planant.


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Lovely Bones - 6/10

Messagepar Niko06 » Mar 09 Fév 2010, 20:38

Lovely Bones
Peter Jackson
2009
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Peter Jackson a changé, il n’y a aucun doute là-dessus. Il est bien loin celui qui faisait hurler de plaisir les geeks bisseux avec ces chefs d’œuvre déviants qu’étaient Bad Taste et Braindead. Le succès extraordinaire de son adaptation pharaonique et géniale du Seigneur des Anneaux a modifié la donne, même si le réalisateur n’a jamais véritablement suivi une ligne toute tracée dans sa carrière. Il fait aujourd’hui partie des metteurs en scène les plus influents de la planète, des plus bankables aussi, il est devenu le roi du grand spectacle. Il y a quatre ans, il a impressionné avec sa relecture mégalo de King Kong, mais il a en même temps déçu, le film souffrant de très gros défauts alors qu’il partait dans sa première partie sur des bases extraordinaires. Dans sa seconde partie, il s’engageait sur une voie qui rend parfaitement justifiable l’existence de Lovely Bones, celle du mélodrame. Et d’ailleurs, quiconque a suivi la carrière du réalisateur kiwi s’est sans doute rappelé, lors de la campagne promo de son dernier bébé, du film qui restera comme son grand chef d’œuvre, Créatures Célestes. La filiation saute aux yeux dès les premières images, à savoir un véritable drame aux résonances parfois graves qui se voit contaminé par le fantastique. Sauf que ce qui fonctionnait à merveille dans le film qui révéla Kate Winslet manque ici de charme, Peter Jackson passant d’un petit budget l’obligeant à trouver des solutions techniques inédites (5M$) à un confort de grosse production US (65M$) qui rend l’ensemble sans grande saveur. Au final, malgré de très belles choses et malgré toute l’affection portée à ce cinéaste si talentueux, Lovely Bones constitue une déception.

Premier problème quasiment rédhibitoire, la durée du film. Peter Jackson est en train de prendre la sale habitude de dépasser à chaque fois les deux heures, suivant la tendance générale au cinéma (c’est malheureux mais les films d’1h30 se font de plus en plus rares!), et très franchement ce n’est pas une bonne idée. Faire un film de 2h10 quand il y a un scénario riche derrière, c’est très bien, quand on sent le remplissage, c’est énervant. Concrètement Lovely Bones dure 30 minutes de trop, et cela se ressent particulièrement dans la dernière partie, et d’autant plus que le réalisateur nous refait le coup du Retour du Roi avec ses multi-climax, ici inutiles. On ne peut passer outre des facilités de scénario indignes de ce genre de production (sans spoiler, comment Monsieur Harvey a t’il pu mettre le coffre-fort tout seul dans son pick-up?) ou ce sentiment étrange d’être très en avance sur les personnages dans la première partie du film. La faute à une campagne promo qui dévoilait le visage du tueur, rendant ses premières apparitions pas vraiment effrayantes mais paradoxalement plus malsaines, le spectateur se sentant vraiment dans une position de voyeur inconfortable.

Image


Ce qui nous amène au problème de la structure du film. Prévisible, beaucoup trop pour atteindre son but. L’effet de tension recherché ne se fera sentir que l’espace de quelques scènes à tendance hitchcockiennes. C’est peu, même si c’est très efficace pour ne pas dire virtuose. On retiendra un passage en particulier, dans l’appartement d’Harvey, où explose à l’écran le talent de Peter Jackson pour créer le suspense. Pour le reste, on nage dans les eaux connues du mélodrame classique, malgré l’aspect fantastique inhérent au scénario. Et c’est sans doute sur ce point que le film va décevoir, alors que les 4 derniers films du réalisateur sont extrêmement classiques. On l’a vu il y a peu avec Avatar, on le voit à chaque nouveau film de Clint Eastwood, faire du cinéma classique ne constitue en rien un défaut, quand c’est bien fait. Alors oui Lovely Bones n’est pas très original, oui le film tombe parfois dans le mielleux, dans le convenu, le vu et revu, mais c’est le genre dans lequel il évolue qui veut ça.

Le gros point faible de Lovely Bones, celui qui risque de dégoûter une grosse partie du public, se situe ailleurs. Et malheureusement il se trouve dans ce qui faisait toute l’originalité de cette histoire, le côté fantastique. Là où l’aspect « bricolage » donnait un charme aux scènes imaginaires de Créatures Célestes, celui bien trop artificiel car dopé aux CGI pas toujours réussis du petit dernier l’enfonce. Trop coloré, trop kitch, trop enfantin, trop décalé avec la noirceur d’autres séquences, tout ce qui se situe dans l’entre-deux-mondes peut séduire mais peut surtout paraitre ridicule. Et cela tombe même dans le cliché publicitaire, à la manière de certaines scènes de Mr. Nobody, recyclant une imagerie et une musique certes magnifiques mais avec un air de déjà vu. Chose improbable pour un mélodrame, Lovely Bones rejoint également le film de Van Dormael dans son plus gros ratage, un cruel manque d’émotions. C’est rageant car avec ce récit il y avait matière à faire quelque chose de véritablement poignant. Le résultat imparable est qu’on ne s’attache pas aux personnages.

Sensation renforcée par des acteurs décevants. Mark Wahlberg, pourtant capable de belles choses (en particulier chez P.T. Anderson et James Gray), surjoue au point qu’on ne croit pas à sa souffrance et Rachel Weisz fait de la pure figuration. Heureusement Susan Sarandon apporte de belles nuances, et la jeune Saoirse Ronan est tout à fait crédible et Stanley Tucci est carrément impressionnant en tueur d’enfant. Ce dernier signe là une superbe performance! On peut y voir un bilan totalement négatif, mais ce n’est pourtant pas le cas. Lovely Bones vient toucher des thèmes universels et en particulier celui de la frustration terrible induite par l’impuissance qu’on peut ressentir face à certains évènements. Peter Jackson évite également, et heureusement, le happy end commun qu’on pouvait craindre et préfère développer un pessimisme permanent jusque dans sa conclusion, qui nous dit en gros qu’il faut apprendre à vivre avec l’intolérable.

Il est clair que Lovely Bones constitue une déception, mais ce n’est pas la purge que certains ont vu (ni le chef d’œuvre que d’autres ont aveuglément pointé). La mise en scène exceptionnelle de Peter Jackson qui renoue avec ses tics de réalisation de ses débuts élève le tout, mais ne parvient pas à masquer les trop nombreux défauts. Même si cela fait presque mal au cœur à dire, Lovely Bones est le film le plus mineur du réalisateur.


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