Les salauds dorment en paix de Akira Kurosawa
Tout démarre par une longue séquence de mariage qui met en place implacablement un récit qui mélange à la fois une intrigue policière habile et un drame fort au profit d'une dénonciation d'un patronna véreux tout puissant. Une introduction remarquable qui par le biais de journalistes et photographes mondains expose les différents protagonistes de l'histoire tout en distillant un suspense savamment orchestré.
La force du récit est d'offrir à chaque acteur au moins une scène permettant de nuancé le rôle à interpréter. A travers un personnage fantomatique tour à tour victime puis vengeur, Kurosawa tente d'effrayer une élite intouchable dans un pays en pleine reconstruction ou l'individu doit se plier aux ordres des grandes corporations.
Un arrangement douteux entre grands dirigeants à l'origine d'une série de meurtre engendrera une succession d'interrogatoires rythmant l'explosion d'une cellule familiale. Toshiro Mifune, acteur fétiche de Kurosawa, intériorise parfaitement un changement d'identité contre nature le poussant dans une histoire d'amour contrarié.
La mise en scène est exemplaire dans un jeu d'ombre Kurosawa utilise la moindre source de lumière pour magnifier le noir et blanc de ses images. Dans des décors destructeurs la tension est palpable alors que la musique supporte la moindre scène jusqu'au sifflement du personnage principal.
La fin surprend abrupte et sèche, elle reflète parfaitement le propos pessimiste illustré par Kurosawa : Les salauds dorment en paix.
9/10