Imagine John Lennon 2005
John Lennon est un personnage fascinant luttant internement de manière farouche tout le long de sa vie afin de transformer un contenu interne hyper violent en lui associant un concept pacifiste, la paix, nécessaire dans un premier temps à être porteur de son image tout en utilisant les masses qui ensuite comme une thérapie renvoie en sa direction cette force apaisante comme un miroir.
La période Beatles est antinomique, elle permet certes d’accéder au succès avec tous les privilèges qui sont bien souvent synonymes de débordements tolérés par cette définition mais impose en parallèle un véritable chemin de croix.
Le visage dépressif et halluciné de John Lennon chantant (Help) « Au secours » pendant un concert new-yorkais ou l’on entend à peine leur musique noyée sous l’hystérie de cris effrayants est le parfait exemple d’une époque ou le groupe est robotisé, cette foule nécessaire aux premières années adore ou lapide les disques de ces personnages qui eux-mêmes par les contraintes du système ont attisés par certaines déclarations l’amour ou la fureur d’une foule dans les deux cas incontrôlable et versatile.
Les bons mots de Ringo agrémentés de l’humour féroce et incompris de John déchaînent les médias. Cette supériorité verbale certes maladroite des Beatles par rapport à Jésus Christ dévoile une société coincée qui ne sait pas déceler dans ces propos un humour de réflexion.
Le cheminent gentillet des premières mélodies du groupe dissimule un phénomène dangereux , un potentiel de bombe à retardement qui une fois amorcée apporte les dérives inévitables d’un groupe cloisonné dans une production débile ou il ne faut qu’avoir l’air gentil avec l’uniformité d’un même costume.
La période Sergent Peppers est une deuxième naissance, Le cheveux et les barbes poussent, le groupe livre par certains titres leurs dépendances avec la drogue qui leur permet de claquer la porte sur toute une période de contraintes. Le groupe se libère par un texte enfin adulte et responsable.
Malgré cela, la lente auto destruction est en marche avec un ingrédient déterminant « Yoko Ono » véritable parasite programmé pour tout faire sauter.
Le gâchis de l’album « Let it be » associé à l’idée pourtant novatrice et géniale d'un concert sur un toit est significatif. La musique surgit de nulle part stoppe les passants cherchant d’où peut bien venir ces sons qui n’ont plus de consistances matérielles.
La fin est brutale « Le week-End perdu » qui dura 18 mois ou John ne fut que festif lui permet de retrouver avant l'épreuve suprême une jeunesse corrosive, capricieuse et insouciante.
Le Karma final que John avait prédit dans une interview ressemble à une exécution. Ce personnage Mark David Chapman déterminé à tuer n’est-il pas simplement l’autre visage de John celui qui considère que le côté du personnage en rédemption depuis tant d’années à perdu la partie.
La scène de l'intrusion du fan dans la propriété de John est prémonitoire, elle cache par la passivité du personnage la curiosité d'une approche douce et mystique de l'idole. L'assaut final du second fan meurtrier est un visage qui applique une sanction. La boucle est faite.
John eut pourtant des comportements encourageants par la volonté de combler d’attention Sean son deuxième fils par rapport à Julian premier né terrorisé par les colères et l’indifférence de ce père célèbre.
Le parcours de John n'est qu'un déchirement continuel entre la grâce et la rigueur ou le juste milieu ne fut qu'un eldorado inconnu.
8/10
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.