[Niko06] Mes critiques en 2010

Modérateur: Dunandan

Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Ven 15 Jan 2010, 07:55

Niko06 a écrit: Y'a pas de fight scalp y comprend rien


Et toi t'es devenu un bisounours.
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Jeff Buckley » Ven 15 Jan 2010, 10:05

Tyseah a écrit: Ce qui me fout les boules c'est de vous lire et de rien pouvoir ajouter car j'ai pas vu le film et je pourrai probablement pas le voir en 3D. :(



Bois 10 pintes avant : c'est du kifkif
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Tyseah » Ven 15 Jan 2010, 11:51

Niko06 a écrit: Y'a pas un cinoche qui le passe en 3D chez tes rosbeefs?


Alors déjà si tu appelles les gallois des rosbeefs, on va pas s'entendre. :x
Ensuite faut que j'aille à Cardiff pour le voir et j'aime bien aller le soir et y a plus de train après 23 heures
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Just Another Love Story - 7/10

Messagepar Niko06 » Jeu 21 Jan 2010, 09:01

Just Another Love Story
(Kærlighed på film)

Ole Bordenal
2007
Image

Depuis qu’il s’est fait un nom avec Nightwatch (le Veilleur de Nuit, dont il a également assuré le remake avec Ewan McGregor), on n’avait plus trop de nouvelles du prometteur réalisateur danois qui s’est retrouvé avec son film précédent, The Substitute (Vikaren en VO), en direct-to-video chez Ghost House Underground… pas vraiment glorieux donc car il partageait l’affiche de la collection avec quelques nanars de bas étage. Mais son passage très remarqué cette année à Sitges et au TIFF avec son tout dernier film, Deliver Us From Evil (qui n’a toujours pas de date de sortie en France) a sans doute incité les distributeurs à jeter un oeil sur quelques uns de ses travaux, dont ce Just Another Love Story qui sortira sur nos écrans le 6 janvier 2010 et qui s’avère être une excellente surprise qui prouve une fois de plus la grande vitalité du cinéma de genre nordique. Un simple coup d’œil à la bande annonce ci-dessous permettra de souligner l’insolence et le ton ironique du titre, car si il est bien question d’une histoire « d’amour » ce n’est en rien une romance de plus, ce n’est même pas vraiment une romance mais une sorte de drame qui ne vient se glisser dans aucun genre prédéfini et joue avec les codes cinématographiques pour le plus grand bonheur du spectateur en mal de nouveauté.

D’ailleurs Ole Bordenal plonge d’entrée de jeu le spectateur dans la confusion en imposant des codes narratifs assez étranges lors de son introduction. Divisée en 3 chapitres qui nous montrent 3 histoires d’amour ou plutôt 3 visions de l’amour radicalement différentes, composée de nombreux fondus au noir avec des encarts titres à la manière d’un film d’auteur expérimental, le rythme y est plus que lent, limite amorphe, mais les images dérangent assez pour intéresser.

Mais le film ne suivra pas ce rythme apathique, car ce qui semble intéresser Bordenal dans sa narration ce sont les ruptures de ton parfois brusques et dans la mise en scène de jongler d’un genre à un autre avec une étonnante facilité et un résultat sans cesse on the edge mais qui ne tombe jamais dans le ridicule, même si c’est parfois à la limite du grotesque sur la fin. Et plutôt qu’une histoire d’amour comme le suggère le titre, c’est l’histoire d’un homme, le type tout à fait normal, la quarantaine, et qui s’est englué dans une vie de couple qui ne le passionne plus. Sa femmes, ses gosses, la routine, il n’est pas heureux mais souffre en silence, jusqu’au jour où il est témoin d’un accident de la route terrible (dans le genre il n’est pas loin d’être aussi impressionnant que celui de Boulevard de la Mort, d’autant plus qu’il est traité de la même manière) et dont la victime, quasiment aveugle et paralysée, va considérablement changer sa vie…

En fait Just Another Love Story nous permet de réaliser une sorte de fantasme qu’on a tous plus ou moins eu à un moment de notre vie, changer d’identité, se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre qui serait notre contraire absolu. Et ainsi ce qui ressemble tout d’abord à un jeu, un léger besoin d’aventure régressif, se transforme pour Jonas en une obsession et un véritable rejet de sa véritable identité, jusqu’à l’extrême. Son histoire avec Julia, qui n’a gardé que physiquement des souvenirs de ce qui s’était passé avant l’accident, va faire tendre le film dans toutes les directions: romance un peu malsaine, drame social, thriller à la lisière du film d’horreur… et si le récit ne nous surprendra jamais vraiment, y compris dans un retournement de situation final qu’on sent venir en étant un minimum attentif, la structure et le ton nous surprennent à chaque instant, le réalisateur étant plutôt doué pour changer radicalement de style en quelques secondes!

Image


Ainsi l’intro qu’on devinait prophétique prend tout son sens, dans tous les évènements de notre vie, qu’ils soient heureux ou tragique, il y a toujours une femme. Le film met le spectateur dans une position inconfortable à de nombreuses reprises, en le parachutant comme voyeur dans des scènes relativement malsaines ou lors d’un final d’une sauvagerie qui étonne presque tant il verse dans la violence graphique et réaliste en plein cadre! C’est dire à quel point le film ne suit aucune logique, sauf dans son scénario éculé, et nous surprend à de nombreuses reprises sur le plan purement sensitif.

Pour Just Another Love Story, Ole Bordenal a fait appel au directeur de la photo Dan Lausten (Mimic, le Pacte des Loups, Silent Hill… pas vraiment une tâche donc) qui livre un travail remarquable sur l’image qui tout comme le film subit des brusques changements pour un résultat vraiment très beau. Au niveau de la mise en scène, c’est dans l’ensemble excellent (comme souvent chez les nordiques…), du travail sérieux qui se permet de nombreuses fantaisies et effets de styles, peut-être trop parfois avec une tendance à tomber dans une imagerie du thriller US mais cela ne gâche rien au spectacle. Les acteurs sont tous très très bons, et en particulier le quatuor central: Anders W. Berthelsen (Mifune, Chop Chop), Rebecka Hemse (surtout connue pour la série Beck au Danemark), Nikolaj Lie Kaas (Adam’s Apples, Anges & Démons, les Idiots) et Charlotte Fich (essentiellement actrice de TV). Ils donnent corps à cette histoire absolument dramatique et très pessimiste, qui va jusqu’au bout et ne cède heureusement pas au traditionnel happy end de toute love story qui se respecte. Un point sur la musique très belle et mélancolique, et qui rappelle beaucoup les compositions de Gustavo Santaolalla.

S’il n’y avait pas cette dernière partie trop convenue et peu surprenante, on tiendrait là une franche réussite car pendant longtemps le film nous balade sans qu’on sache vraiment ce qui nous attend, passant de la chaleur humide de la Thaïlande à la grisaille et la pluie du Danemark, changeant perpétuellement d’atmosphère et de ton… Comédie noire, romance, thriller, Just Another Love Story réussit à émouvoir et à passionner sur presque tout la longueur, ce n’est définitivement pas une histoire d’amour ordinaire…


7/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Jeu 21 Jan 2010, 14:29

Depuis qu’il s’est fait un nom avec Nightwatch

Même si ca n'a rien à voir, j'espère meilleur que la bouze russe de Bekmambetov

Image
Cette image du film est remarquable et percutante :love: Ca donnerai envie presque de faire pareil (pour un film!)
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Niko06 » Jeu 21 Jan 2010, 14:33

C'est pas le même Nightwatch, vraiment aucun rapport
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Jeu 21 Jan 2010, 14:34

Oue c'est pas la même nationalité aussi.
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Mr Nobody - 7/10

Messagepar Niko06 » Jeu 21 Jan 2010, 15:20

Mr. Nobody
Jaco Van Dormael
2009
Image

Révélé avec Toto le Héros, consacré avec le Huitième Jour, on était depuis 1996 sans trop de nouvelles du réalisateur belge qui avait réussi à émouvoir son monde avec cette belle histoire d’amitié mettant en scène un trisomique dont les talents d’acteur étaient tout simplement bluffants mais qui visuellement n’avait rien de très ambitieux. C’est tout le contraire avec Mr. Nobody, film qui commençait sérieusement à ressembler à une arlésienne, projet porté par le réalisateur depuis 7 ans, nanti d’un budget pharaonique pour un film européen (33 m€), d’une ambition visuelle démesurée, avec un casting international… bref quelque chose d’assez énorme sur le papier qui est enfin visible après avoir été judicieusement récompensé par un prix technique à la Mostra de Venise. C’est aussi là l’occasion pour Jared Leto de montrer qu’il est un véritable acteur, et pas seulement un acteur impliqué (ce qui est déjà pas mal bien entendu), car il a beau partager l’affiche, c’est lui qui est tout en haut, au centre du film, et qui le porte du début à la fin, le seul et unique fil conducteur. Le film, souvent comparé à tort à l’étrange Histoire de Benjamin Button (rien à voir pourtant…), est un étrange voyage dans les rouages de la mémoire d’un vieillard de 120 ans, tout du moins au début avant que l’on s’y perde et que le voyage devienne autre. Et si Mr. Nobody porte le même prénom que le célèbre Capitaine Némo, c’est qu’il est clairement question ici d’exploration, celle de la conscience d’un homme… ou d’un enfant. Visuellement c’est la grande classe, par contre on peut regretter que le fond soit si facile une fois l’ensemble dévoilé. Car toutes les vies de Mr. Nobody ne tournent qu’autour d’un seul évènement bien anodin…

Pendant 2h17 (précisément) on est secoué un peu dans tous les sens, baladé d’une histoire à l’autre avec simplement quelques petits détails pour s’accrocher. L’expérience est grisante il faut l’avouer et malgré sa durée importante le film passe relativement vite, sans véritable temps mort faisant décliner l’attention. En particulier si on est amateur de belles images et de mise en scène travaillée car s’il y a bien un point sur lequel le film est inattaquable c’est celui-ci! Van Dormael se fait plaisir, expérimente dans tous les sens, quitte à passer pour un frimeur prétentieux (ce qui serait le cas si le film ne s’y prêtait pas, hors il convient tout à fait à cette forme de folie graphique). Le résultat c’est quelque chose de formellement parfait, chaque mouvement de caméra, chaque effet de montage, chaque effet visuel ou cadre trouve une justification dans le récit. Avec 3 trames principales se mélangent 3 styles de mise en scène bien définis, ce qui rend l’ensemble d’une cohérence graphique qui frôle la perfection.

Image


Alors bien sur, mais cela n’est pas un défaut en soit, on pense pas mal à d’autres films… en effet les références volontaires ou non sont légion. Dans la mise en scène, il est clair qu’on est là devant quelque chose de magnifique mais qui nous rappelle les travaux de David Fincher à l’époque où il tentait encore des choses ou encore de Michel Gondry. On pense beaucoup également à l’esthétique générale de certains spots publicitaires ou clips musicaux de la décennie passée… Sur la construction du récit, ce serait du côté d’Aronofsky qu’il faudrait chercher (Mr. Nobody s’approche parfois étrangement du chef d’œuvre The Foutain), tandis que sur le fond, on pense plusieurs fois à cette vague passionnante du cinéma de science-fiction qui compte dans ses rangs des films tels que l’Effet Papillon, the Truman Show ou Dark City… et qui sont tous des références prestigieuses. Donc sur la forme et le fond, c’est ambitieux oui mais finalement pas si original que ça pour peu que l’on ait vu les films pré-cités.

Mr. Nobody en fait, est un film très artificiel. Le genre de film aussi passionnant qu’ennuyeux car il aborde des thèmes majeurs tout le long pour finalement n’exister qu’autour d’un thème mineur. A partir du moment où le spectateur a saisi le mécanisme, il peut soit continuer à jouer le jeu avec le film pour savoir exactement de quoi il en retourne, soit carrément s’en désintéresser car il n’est plus certain de l’importance des séquences qui défilent les unes après les autres… pour en arriver à cette conclusion un poil décevante il faut l’avouer. Mêler réel et imaginaire donne lieu à des séquences fascinantes, ici mélangées dans un chaos apparent mais très maitrisé qui risque de déranger les cartésiens. Car oui en apparence Mr. Nobody est un film bien bordélique,
sauf que si on se met en tête que toutes ces belles images aux allures irréelles et aux décors kafkaiens ne sont que des visions de l’esprit d’un enfant mis devant un choix impossible
il ne l’est pas vraiment.

Alors le film qui tournait autour des thèmes fascinants et inépuisables que sont l’amour et les choix que l’on fait tout le long de notre vie se voit diminué, d’autant plus qu’il souffre d’un défaut énorme, un manque d’émotion flagrant qui rend l’implication impossible. Sans doute trop travaillé sur la forme et pas assez puissant sur le fond, on ne perd jamais de vue qu’il s’agit d’un spectacle et on n’est jamais ému par la vie de Nemo Nobody, alors qu’on aurait vraiment voulu l’être. Et c’est vraiment une question de forme car l’ensemble du casting, et un incroyable Jared Leto en tête, est hyper crédible et fait preuve d’un talent sans limite. Trop froid, trop aseptisé, Mr. Nobody est un objet étrange, formellement parfait mais qui oublie d’impliquer le spectateur…


7/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar zack_ » Jeu 21 Jan 2010, 20:50

J'ai pas dit le contraire Niko et Scalp!



Sinon je suis mort de rire de voir le pull et la couverture sur la photo de Mr.Nobody :eheh: Je l'aime déjà ce film! :bluespit:

un manque d’émotion flagrant qui rend l’implication impossible.


Tu es pas humain c'est pour ça :chut:
zack_
 

Tetro - 8,5/10

Messagepar Niko06 » Mer 27 Jan 2010, 08:33

Tetro
Francis Ford Coppola
2009
Image

Il fait partie de la légende, il n’avait plus rien réalisé pendant 10 ans suite à l’idéaliste, film mineur pour le grand Francis. Il est revenu il y a 2 ans avec un Homme sans Âge accueilli plus que froidement, et le voilà qui remet le couvert avec un film qui symbolise à lui tout seul son désir d’indépendance qu’il a si longtemps cherché à protéger, se mettant les studios à dos. Et pour cela rien de tel qu’un tournage une fois de plus loin d’Hollywood, en Argentine, presque à l’ancienne, presque un film de jeune réalisateur dans le style… mais une maîtrise incroyable qui nous rappelle que ce mythe fondateur du nouvel Hollywood reste l’un des plus grands réalisateurs américains de notre époque, et même un des plus grands de l’histoire du cinéma tout simplement. Il signe avec Tetro une de ses plus belles réussites, un film éblouissant qui revisite le thème de la famille si cher à Coppola et qu’il avait déjà sublimé dans le faste de la trilogie du Parrain. Sauf qu’il l’aborde ici d’une manière totalement différente, sous une certaine forme de dépouillement qui tranche avec l’immensité de ses fresques passées. La forme parlons-en, Coppola opte pour un noir & blanc magnifique, qui rend Buenos Aires anonyme et souligne la moindre part d’ombre des personnage, il s’agit là moins d’un effet de style que d’un choix esthétique nécessaire à ce drame familial. Ajoutons à cela un subtil mélange d’anglais et d’espagnol dans les dialogues, deux des langues les plus élégantes au monde et on tient là un objet filmique au pouvoir de séduction immédiat.

Le Buenos Aires de Tetro nous rappelle celui d’Happy Together, il est le refuge lointain d’âmes en peine, le nouveau départ d’hommes perdus et détruits par leurs sentiments… c’est également, et surtout même, pour le réalisateur qui a passé les vingt dernières années à s’occuper de sa famille avant tout, l’occasion de livrer son film le plus personnel, sans doute depuis Rusty James qui contenait déjà des éléments autobiographiques. Car dans Tetro, Francis Ford Coppola nous parle de lui, de sa personne réelle et de celle fantasmée, avec une humilité qu’on ne lui connaissait pas, à lui ce grand narcissique limite mégalomane pleinement conscient de son talent et de son statut d’icône du cinéma…

Ainsi au centre de Tetro il y a une tragédie familiale, une grande et destructrice, qui se révèle lentement devant les yeux du frère cadet Bennie, surprenant Alden Ehrenreich dans son premier rôle, qui mène son enquête pour reconquérir son frère perdu de vue depuis des années alors qu’il avait promis de revenir le chercher pour s’échapper du joug d’un père tyrannique… chef d’orchestre renommé (tiens tiens, comme Carmine Coppola, père de Francis, qui avait lui aussi demandé à son frère de changer de nom pour une composition afin de ne pas « salir » le leur…). Au fond l’histoire de Tetro rejoint sans hésitation celle du Parrain, il s’agit d’une famille qui explose, de frères qui se déchirent pour le pouvoir ou la gloire, d’une famille puissante qui représente le mal et dont on cherche à s’enfuir sans jamais y parvenir…

Image


Le film est construit sur des oppositions permanentes et des jeux de miroirs, entre les deux frères, entre le réel et la fiction, entre le père et le fils… c’est virtuose, on retrouve enfin le Coppola immense conteur, capable des plus beaux scénarios. Et même si celui-ci tourne autour d’une révélation qu’on peut deviner assez facilement et assez tôt, peu importe, elle est tellement bien emmenée, dramatique et crédible que même si on s’y attendait elle nous prend aux tripes! Mais s’il parle de famille, et il est sans doute le plus grand spécialiste de cette thématique au cinéma (pitié, oubliez Spielberg!), il n’y a pas que ça non plus dans Tetro…

Il nous parle d’art au sens très large, de musique, de littérature et de cinéma, par le chef d’orchestre bien entendu mais surtout par Angelo (qui se fait appeler Tetro, « triste » en italien), un artiste sans œuvre terrassé par des souvenirs bien trop lourds à porter, comme la mort de sa mère ou la perte de sa petite amie volée par son père. Mais c’est un érudit, qui éclaire des spectacles mais maîtrise les techniques d’écritures tout en citant les Chaussons Rouges et les Contes d’Hoffman de Michael Powell et Emeric Pressburger, références plus que pointues! Il a écrit son chef d’œuvre en codes et dans un miroir, une biographie dans la biographie… Tetro sent la mise en abîme de son auteur. Le père Coppola est devenu lucide, ou alors il l’était déjà mais le cachait bien… car une bonne fois pour toutes il règle ses comptes avec la critique par le biais d’un personnage tout puissant (magnifique Carmen Maura) et ouvre les yeux sur le succès. « Ne regarde pas la lumière » dit Tetro à son jeune frère qui tente de suivre la même voie que lui, le message ne pouvait être plus clair… et les lumières aveuglantes sont nombreuses.

Tragédie à l’ancienne mise en scène avec un classicisme moderne presque déroutant, Tetro marque le retour d’un géant qui déclare son amour à ses deux passions, l’art et sa famille. Il livre un film qui nous attrape d’entrée de jeu pour nous relâcher qu’une fois les lumières rallumées, joue avec les formats d’image et les couleurs, brouille les pistes d’un scénario complexe à plusieurs niveaux de lectures, trouve en Vincent Gallo le talent immense nécessaire pour vivre ce personnage, termine son film dans la grandiloquence de l’opéra… c’est un très grand film qu’il nous a pondu là sous ses allures de petit exercice pour se remettre en selle… Bravo et welcome back Maestro!!!


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Bad Lieutenant (1992) - 9,5/10

Messagepar Niko06 » Lun 01 Fév 2010, 08:12

Bad Lieutenant
Abel Ferrara
1992
Image

Il y en a eu dans l’histoire du cinéma des films qui dérangent, il y en a eu énormément, mais jamais sujet ne pose plus problème que la religion. Et en cela finalement le septième art rejoint notre réalité. On se souvient, même si on ne l’a pas vécu car le simple récit de ces évènement est effrayant, des cinémas projetant la Dernière Tentation du Christ de Scorsese, film brillantissime mais pas du tout de bon goût selon les cathos, en proie aux flammes des fanatiques… en bref toucher à la religion au cinéma, sauf si on ne s’écarte pas d’un millimètre de ce que raconte l’église, est souvent synonyme de sanction directe. Aucune idée des évènements qui ont accompagné la sortie en salles de Bad Lieutenant mais il a sans doute fait réfléchir pas mal de monde. Pas blasphématoire pour un sou malgré les apparences sulfureuses, il est une de ces œuvres rares, d’une puissance visuelle et réflective qui n’ont pas vraiment d’égal. Le film de Ferrara est un film qui balance une grosse gifle à tout spectateur normalement constitué car il le pose face à des démons perfides, ceux des paradis artificiels, ou comment cette fausse envolée vers les cieux n’est en fait qu’une descente aux enfers déguisée… Allier religion et drogue, il fallait oser, et pourtant la logique de ce récit hors du commun ne peut pas être remise en cause, à aucun moment. Bad Lieutenant fait partie des plus grands films de Ferrara, des plus grands rôles d’Harvey Keitel, et forcément des plus grands films jamais réalisés tout court. La cause? Une réunion de talents tous investis corps et âme dans un projet, et ça se sent du début à la fin…

Abel Ferrara est un provocateur, c’est un fait. Mais pas que, c’est un réalisateur qui a des choses à dire, un artiste torturé, meurtri dans sa chair par les excès, et qui est capable des plus grandes choses (Nos Funérailles… quel film!!). Et la religion fait partie des sujets qui le passionnent, il l’a encore montré il n’y a pas si longtemps avec l’excellent Mary qui proposait des réflexions très intéressantes sur le sujet, en plus du reste. Avec Bad Lieutenant, il est impossible de ne pas y voir un récit semi-autobiographique… Ferrara ne s’en est jamais caché, il en porte de toute façon les traces, les excès de la drogue ça le connait. Il en est de même pour la co-scénariste du film, le mannequin Zoë Lund, qui laissera sa vie dans des grammes de dope quelques années plus tard. Elle sera tellement impliquée sur ce film qu’elle y interprétera même un rôle inoubliable, celui de l’infirmière qui accompagne le lieutenant de police dans ses voyages hallucinés et lui fournit ses doses… Et puis il y a Harvey Keitel…

Image


Si l’acteur avait déjà tout prouvé chez Scorsese (entre autres), il atteint là les frontières du jeu d’acteur, poussant l’immersion vers des limites presque malsaines. Au moment du tournage en pleine reconstruction sentimentale, il va jusqu’à faire jouer sa nouvelle compagne et sa propre fille dans le film… Mais le pire, et c’est là qu’on peut rapprocher Bad Lieutenant d’un autre chef d’œuvre dont le tournage est aussi mythique que le film lui-même, Apocalypse Now, c’est que dans un soucis d’authenticité toutes les prises de drogue sont réelles!! Harvey Keitel ne joue pas le type stone, il l’est, et pas qu’un peu…

Avec le recul, et malgré le danger que cela peut représenter (l’air de rien il s’en balance des doses et pas que du léger: coke, héro, crack, cachetons… plus l’alcool), il semble qu’il n’y avait pas vraiment d’autre solution pour faire passer ce désastre à l’écran. Car Bad Lieutenant, dans sa première heure, est un véritable cauchemar. le lieutenant, dont on ne saura jamais le nom, sombre lentement mais surement à cause du jeu, de l’alcool, et de la drogue. Il devient un fantôme pour sa famille, n’a plus le moindre lien avec la réalité (voir comment il traite l’affaire dans l’épicerie!). C’est une vraie descente aux enfers à laquelle on assiste, de celles qui font mal à voir car on ne nous épargne rien de cet homme qui perd pied en même temps que la tête… Et contrairement par exemple à un film comme Requiem for a Dream, souvent cité comme LE film choc sur les ravages de la toxicomanie, on ne ressent pas le moindre raccourci artificiel. Tout simplement car Ferrara n’est pas à la recherche de l’effet choc mais de la sincérité des images.

Le filme st tourné dans l’urgence, caméra au poing, et ne se pose que lors des séquences de shoot. Séquences qui elles abandonnent les plans séquences en mouvement pour du plan fixe interminable qui vient inévitablement créer un véritable malaise chez le spectateur. Dans les scènes les plus mémorables, Keitel qui danse nu dans la position de la croix, sorte de pantin désarticulé et habité par autre chose… et on en vient au thème de la religion, omniprésent et qui s’élève dans la dernière partie. Agression et viol d’une nonne, visions du christ, pardon… Bad Lieutenant est un film qui parle avant toute chose de rédemption mais d’une façon bien cavalière puisque chez Ferrara la véritable rédemption passe par le passage obligé au fond du gouffre. L’homme ne serait capable de l’atteindre qu’en ayant tout perdu, absolument tout… c’est un propos courageux, et finement amené et défendu. Il n’y a qu’à voir cette scène en écho à l’ouverture du film, quand le lieutenant pardonne aux violeurs, et qui sonne également comme le souvenir de ce monologue de Zoë Lund… Jusqu’au-boutiste, noir comme la mort, sincère et froidement réaliste, porté par une musique inoubliable et mélancolique de Johnny Ace, Bad Lieutenant est une plongée extrême et éprouvante dans l’enfer de la drogue, et la plus belle illustration qui soit de l’idée d’une rédemption par l’anéantissement… Chef d’œuvre!


9.5/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Val » Lun 01 Fév 2010, 18:12

Je n'avais pas accroché à celui-là malgré des qualités évidentes. :|

Mais quelle scène dans l'église ! Absolument bouleversante.
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Livre d'Éli (Le) - 9/10

Messagepar Niko06 » Mar 02 Fév 2010, 11:10

Le Livre d'Eli
Albert et Allen Hugues
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On avait quitté les frères Hugues sur une note pas vraiment réjouissante, From Hell, un film visuellement superbe mais une adaptation assez pitoyable d’une des œuvres majeurs d’Alan Moore. Déception après les deux bombes que furent Menace II Society et Génération sacrifiée. Depuis nous étions sans trop de nouvelles, mis à part leur implication dans la série TV Touching Evil. Et les voilà qui nous reviennent enfin, et en très grande forme! Après avoir trusté les pelloches italiennes des années 80, cette branche de la science-fiction justement appelée « post-apocalyptique » (ou post-nuke pour les initiés) est revenue étrangement à la mode, comme faisant écho à une prise de conscience soudaine de par le monde de l’état dans lequel nous avons mis la planète. Récemment cela a donné lieu à plusieurs films de qualité, dont on retiendra particulièrement le jouissif Doomsday de Neil Marshall et le dépressif la Route de John Hillcoat. Dès les premières images c’est d’ailleurs de ce dernier que l’on peut rapprocher le Livre d’Eli, graphiquement parlant. En effet on retrouve avec bonheur cette patine visuelle aux couleurs désaturées à mort et qui flirte en permanence avec les tons monochromes. C’est bien là le seul trait d’union possible avec l’adaptation de McCarthy car les deux films s’engagent sur des chemins tout à fait opposés. Quand le premier s’intéressait avant tout à la notion d’éducation de la génération future et à la relation père/fils dans un climat de fin du monde, le second n’offre finalement que peu d’introspection. Les frères Hugues livrent avant toute chose une série B post-nuke qui vient certes brasser quelques thèmes majeurs comme on le verra mais qui est surtout un grand moment de sauvagerie et d’action.

Cela n’aura échappé à personne, alors qu’elle était relativement absente du film d’Hillcoat (sauf au détour d’un plan assez furtif), la religion s’invite ici dans cette histoire de fin du monde. Le choix du nom d’Eli, prophète mythique présent dans les 3 livres sacrés, n’est pas le fruit du hasard, car il s’agit également d’une variante du nom de Dieu en arabe ou en hébreux. Dès lors, il est difficile de taxer le film de pro-catho, ce que confirment un propos qui va bien plus loin que ça et des idées qui ne concordent pas du tout avec la doctrine chrétienne. Et il n’est pas nécessaire d’être expert en théologie pour s’en rendre compte. Alors oui Eli transporte et protège une bible, on l’aura compris dès le début, mais non l’idée générale du film ne tourne pas autour de ces écrits, on est plus dans une réflexion humaine que religieuse! En fait, et très justement, les frères Hugues, au milieu de leur trip post-apocalyptique, viennent l’air de rien poser LA question quand vient le temps d’aborder le principe même de croyance au moment de (re)construire un modèle de société: où se positionne l’homme vis-à-vis de ce pouvoir gigantesque que peut devenir la religion? Et à cette interrogation il n’y a que 2 réponses: soit il est idéaliste et cela ne représente pour lui qu’un guide dans son cheminement spirituel soit il est un homme avide de pouvoir et qui trouve là l’instrument ultime pour assouvir ses besoins… Notre histoire ne laisse aucune place au doute, c’est ce dernier qui l’a souvent emporté.

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Le Livre d’Eli oppose donc ces deux visions qui se personnifient en Eli (Denzel Washington) et Carnegie (Gary Oldman). Mais pourtant, si le thème central pousse à la réflexion, très lucide d’ailleurs et que résume bien un monologue de Gary Oldman sur la manipulation des faibles par l’utilisation des textes de la bible, le film n’a rien d’intello. En fait c’est l’exemple même du gros film d’action qui oublie d’être con, chose bien trop rare à Hollywood.

Car pour l’amateur de série B, c’est un régal! Les frères Hugues en profitent pour étaler leur culture ciné des plus respectables, qui va de l’actionner bourrin à la science-fiction la plus crade. Ainsi ils accumulent les références réjouissantes aux post-nukes ritals, aux westerns spaghettis, aux chambaras japonais et Wu Xia Pian hongkongais, et même l’espace d’une scène à Old Boy de PCW. Mais plus que des citations, ce sont des réminiscences d’images qui ont construit leur cinéma. Ainsi pendant près de deux heures on assiste à une succession de scènes contemplatives sur des déserts de fin du monde, de poses iconiques à mort sur Denzel Washigton nouveau et dernier prophète, mais qui à intervalles réguliers se voient troublées par des scènes d’action démentes. Des gros combats au sabre, à la hache ou au revolver, des joutes verbales superbement écrites, chorégraphiées avec précision, un gunfight où se mêlent réalisme sec à la Heat et une certaine dose de fantastique mystique. Et dans le dernier acte, une scène assez monstrueuse, un long plan séquence complexe qui restera sans doute dans les mémoire de par sa construction.

Les acteurs en font souvent des tonnes, Denzel Washington toujours posé, calme, peu éloquent, est parfait dans ce rôle d’icône. Gary Oldman se lâche comme à la bonne époque et cabotine en bad guy. A leurs côtés c’est la grande classe également: Mila Kunis, Ray Stevenson, Jennifer Beals, Michael Gambon et même Tom Waits (et on sait que lui il ne joue pas dans n’importe quoi!). C’est mis en scène avec un vrai sens du cadre et un amour de la belle image, qui doit également beaucoup à la photo de Don Burgess, magnifique! Et s’il cède à la tentation du twist final, il est pour une fois crédible et justifié (mieux vaut être très attentif pour le deviner!). S’il n’évite pas quelques écarts de conduite avec un humour parfois inadéquat et une toute fin un poil trop « hollywoodienne » dans sa démesure, le Livre d’Eli marque le grand retour des frères Hugues dans un cinéma auquel ils manquaient, un retour par la petite porte de la série B c’est vrai, mais quelle série B!!!


9/10
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar jean-michel » Mar 02 Fév 2010, 11:12

ouah! excellente critique! un film sur mes tablettes!
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Re: [Niko06] Mes critiques en 2010

Messagepar Scalp » Mar 02 Fév 2010, 14:08

Non c'est pas pour les bisounours.
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