NO COUNTRY FOR OLD MENVu à sa sortie en divx fr canadienne , j'avais trouvé le film bidon. Faut dire aussi que tout le tapage autour m'avait bien gavé.
Pourtant je l'attendais cette adaptation du Cormac MacCarthy , j'avais même créé le topic du film sur rama.
Hier, pas confiant du tout, je me le retapes en dvd avec vostfr et écran TV upsale du lecteur br etc... Bonnes conditions.
Bah putain de film.
On sent que l'ambiance a été ultra travaillée et recherchée par les Cohen : pas de musiques, lent, ultra violent, peu de dialogues, mélange de genre (thriller, western, survival) auxquels il prend quelques codes et pose son scénario. Son fond.
Toute l'intro est déjà sublime avec ces grands espaces sur la voix-off bourrée de nostalgie de Tommy Lee Jones, shérif désabusé, mélancolique, fantasmant une époque qu'il n'a pas connut ou une autre qu'il idéalisait... Comme d'habitude excellent dans son rôle, la gueule marquée, le regard triste, ailleurs...C'est profond, littéraire, c'est déjà un chef d'oeuvre.
[youtube]<object width="425" height="344"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/9mx52S8ZkUg&hl=fr_FR&fs=1&"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowscriptaccess" value="always"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/9mx52S8ZkUg&hl=fr_FR&fs=1&" type="application/x-shockwave-flash" allowscriptaccess="always" allowfullscreen="true" width="425" height="344"></embed></object>[/youtube]
La violence des Frères Cohen et de MacCarthy est partout : omniprésente car rurale, urbaine et présente en no man's land. Personne n'est ) l'abri et il n'y a donc de paix nulle part.
Comme on peut le voir avec l'entrée en scène de Brolin, parfait en brun ténébreux, ancien du Viet-nam, un dur solitaire et taciturne, entrain de chasser au fusil à lunettes.
Même dans cet espace vierge, immense, aride, il y a quelques gibiers. Au loin un homme vise un des leurs et tire. En descendant son promontoire rocheux, cet âme solitaire se retrouve à l'affut de la moindre trace et aperçoit donc une trainée de sang : au loin, c'est un chien qu'il voit aux jumelles...
Le sang..la violence...No country for old men. Pas n'importe quel chien : un chien blessé, un chien de combat (pit-bull) et enfin ,comme il le découvrira plus tard, un chien rescapé d'une fusillade entre Mexicains. Le lieu du carnage : des morts gisants sur le sol sec, un chien mort, des voitures en vrac, pétées d'impacts de balles de flingue, uzi etc.. La violence est là.
Après avoir fouillé un peu l'endroit du carnage et laissé un des survivants sans eau et la porte ouverte (on comprend de suite que le perso de Brolin est sans remord. Froid, et de toute façon il comprend très bien à qui il fait face..Il n'a donc aucune sorte de pitié) il va marché afin de tomber sur le dernier survivant, adossé à un arbre, mort.
C'est donc ici que Brolin fait son choix : prendre la mallette. La cupidité. Aucune trace de la moindre remise en question, d'un raisonnement honnête, fiable, logique. Il sait ce qu'il fait pourtant. Trop tentant pour un américain moyen de voir 2 millions qui se ballade. Pour n'importe qui. Alors on découvre sa vie : caravane, relation vraiment pas top avec sa femme, en gros une petite vie minable. on comprend aisément pourquoi il a prit la mallette. Seulement maintenant , il doit retourner sur le lieu de la fusillade pour brûler le tout mais c'est oublier qu'il n'est pas le seul que l'endroit intéresse. Des Mexicains veulent reprendre la mallette et la poursuite qui suit est vraiment intéressante niveau photo/ambiance et ya même un plan qui tue : Brolin court dos à la caméra et au loin on voit un orage, un éclair dans le ciel très sombre et ça dure 3 sec ça tue mais j'arrive pas à capturer le truc alors je prend ce qu'on voit sur l'affiche parce que c'est artistiquement superbe :
Que dire de la poursuite dans la rivière entre Brolin et le pit-bull : d'un réalisme bluffant, une bonne tension on y croit à mort.
Avant cette intro, on percevait déjà le personnage de Bardem dans deux scènes qui le montrent directement comme un fou placide inquiétant et puissant avec une scène violente qui arrache : Un étranglement avec des menottes qui finissent par trancher la gorge du flic et ses pieds qui laissent pleins de traces sur le sol...Bardem et le regard totalement "fou". Puis on découvre quelques secondes plus tard sa fameuse "arme" avec laquelle il peut tuer comme il pourrait le faire avec un flingue mais ici ça ne laisse pas de poudre ni de douille...Un fantôme...Non. Une bombonne d'oxygène.
bref, le tueur parfait : psychopathe, d'ailleurs, puissant, invisible, que l'innocence ne ralentit pas (il tue quelques personnes qui n'ont rien à voir avec l'histoire du fric tel un slasher). Tueur atypique aux armes iconoclastes.
Le shérif débarque, parlant souvent du passé, de son père, et grand-père, et se basant sur son fantasme du passé.
Tel un western : L'enquête commence, calmement et continuera de la même façon. Les scènes de Tommy Lee Jones sont posées, calmes, tel l'homme lui-même. Sage et serein mais troublé par le présent et ça se sent à chaque parole qu'il prononçe. le travail sur les personnages est fantastique : tous bien fouillés, charismatiques et sans que des informations relatives à leur vie n'interviennent en masse dans le récit.
La nostalgie d'une époque révolue...mais était-elle si différente du présent?Alors la poursuite continue avec des bons moments de tension, de suspens. Ya une sacré ambiance, les noirs sont profonds ,la photo prend tout son sens. Sans musiques au début du film, ça rend la vision déjà terrible et ça continue ensuite : on a l'impression que rien n'a commencé et que tout est déjà bel et bien terminé. Le film est lourd, doué d'une violence sourde (c'est le cas de le dire) et une autre prononcée, bien présente.
On pourrait reprocher quoi au film : un scénario banal? Plutôt un "synopsis" banal parce que le scénario en lui-même (l'écriture, la narration, le ton, c'est original). Ensuite, comme le disait Spike, ya un côté Terminator sur Bardem : le mec invincible qui sait tout et voit tout mais je pense que c'est bie njoué : je pense que les tueurs à gages doivent être malins, débrouillards etc...Quand on voit dans notre vie, notre monde, les histoires qu'il y a parfois eues, ça m'étonne pas. Et puis Barde mest vraiment flippant. C'est un putain de mélange ce Cohen. Et ya des métaphores, thèmes et niveau de lecture effroyablement riches.
Cette scène de Bardem se soignant tout seul est vraiment encrée dans le genre survival façon Predator par exempel et c'est excellent car ça souligne encore plus les traits du perso de Bardem. Le mec est autonome, fantomatique. Sans stresser, on le voit jamais courir ni s'énerver. Il est parfait.
Toute cette partie est énorme de maitrise d'écriture, de photo et de mise en scène.
Après ya le coup de Brolin très mal en point qui achète une veste à des jeunes. Direct. La vision pessimiste de l'altruisme. A la fin c'est Bardem qui achète une chemise à un petit gars qui lui dit qu'il l'aurait aider sans l'argent. Là on se dit que ya de l'espoir..Bardem s'éloigne et hors champ les deux gamins s'embrouillent par rapport au fric...
Vraiment sombre et pessimiste, ce Cohen explore vraiment plusieurs thèmes , les lient et de manière intelligente.
Finalement le personne principal se fera tuer par des Mexicains. On ne voit pas la scène. On l'entend avec Tommy Lee Jones dans son 4X4. Bardem retrouve quand même la femme de Brolin et lui propose d"annoncer". Elle refuse. Elle ne joue pas avec lui. Meurt-elle? Évidemment. Bardem- et ses principes sortant d'un autre monde - a du mal prendre ce refus de lui obéir, de se soumettre à ses règles (comme on l'entend dire à Woody Harrelson : "On m'apportera cette valise et on la déposera à mes pieds"). Encore un film (le 4ème) où je m'identifie clairement à un personnage joué par Tommy Lee Jones.
L'impact qu'a eu There will be blood sur ma cinéphilie trouve ici son écho. No country m'a marqué profondément.
Tout se passe d'une façon que je n'ai jamais vu avant : le "héros" meurt, sa femme aussi supposet-on, le meurtrier s'en sort. Après un accident de voiture qui l'abime bien, il repart, tranquille. Tommy Lee Jones, tel un damné, reste en vie, et, à la retraite, il raconte un rêve à sa femme...
[youtube]<object width="425" height="344"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/lrC7KRDy3w8&hl=fr_FR&fs=1&"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowscriptaccess" value="always"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/lrC7KRDy3w8&hl=fr_FR&fs=1&" type="application/x-shockwave-flash" allowscriptaccess="always" allowfullscreen="true" width="425" height="344"></embed></object>[/youtube]
and I wake up...
La musique qu'avait composée Carter Burwell pour le film :
[youtube]<object width="480" height="385"><param name="movie" value="http://www.youtube.com/v/vwGnW5L_Zrw&hl=fr_FR&fs=1&"></param><param name="allowFullScreen" value="true"></param><param name="allowscriptaccess" value="always"></param><embed src="http://www.youtube.com/v/vwGnW5L_Zrw&hl=fr_FR&fs=1&" type="application/x-shockwave-flash" allowscriptaccess="always" allowfullscreen="true" width="480" height="385"></embed></object>[/youtube]
9.5/10.