LA ROUTE Le film commence par une vue magnifique d'une vie passée. Maison, verdure, jolie petit bout de femme. Vision idyllique d'une vie paisible : Viggo tête contre tête avec son cheval, clin d'oeil à sa propre vie Un des hors champ les plus frustrant du cinéma : le mari et la femme entendent des sons étranges, lourds, on voit à travers les vitres (mais de façon très indistinctes) des flammes et les regards apeurés des deux protagonistes.On ne voit pas ce qui se passe. On sait pas ce qui se passe. Et on le saura jamais.
Charlize Theron, discret, peu présente, met bien en jeu la froideur. Atteinte par le désespoir le plus toi et ne souhaitant pas vivre dans un tel monde elle partira dans la nuit, envahit par les ténèbres empoussièrées et léchée par le feu. Elle ne s'en cachait pas et en parlait au mari, pas très loin du gosse.
L'homme se réveille. Le visage marqué, maigre, barbe épaisse, cheveux mi-longs, crasseux, sous une capuche pitoyable d'une doudoune usée par le temps et les intempéries. Un enfant dort près de lui. Le sien. Une grotte les accueillent près d'une cataracte immortelle.
Le film démarre ainsi. Le livre était très fort ; très introspectif via le père et je trouve que le film rend justice à l'essence même du livre. Rien n'est oublié et l'ambiance dépressive du livre est bien présente à l'écran sous toute les formes possibles. Que ce soit au niveau des décors détruits, les maisons, bâtiments, voitures abandonnés ou encore la photographie grisâtre plombant (à coté les Fils de l'Homme c'est du beau gris..) , la contemplation portée sur deux êtres "portant le feu", avançant inlassablement vers le Sud sans espoir de survie véritable (c'est d'ailleurs ça qui bouffe le père : le pistolet et les deux balles qu'il réserve pour lui et son fils au cas où ils seraient sur le point de se faire prendre). Affamés, misérables, poussant leur charriot de matériels...
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Les musiques de Nick Cave se font déprimantes par moment , jouant seulement sur quelques notes de piano. A la fois, triste et beau. Désespéré et portant le feu. Le thème du fils, représentant la nouvelle génération, l'évolution du père qui l'éduque de manière à ne pas franchir la limité entre humanité et bestialité comme l'on fait d'autres survivants devenus cannibales pour survivre oubliant ainsi leur humanité, leur espèce, pour seulement survivre sans difficultés. Ou moindre.
Comme dit le fils "les gentils meurent de faims".
Certains passages très simples mais touchant révèlent le père dans des ultimes pensées, réprésentées par sa voix-off. Sera t-il prêt à tuer son fils au moment voulu? Y at-il un espoir? Dois-je le préparer à mon départ?...
Le père qui jette par dessus le pont son alliance et la seule photo qu'i la de sa femme. Brisant ainsi ce qui le rattache à un souvenir qui le hante la nuit, et qui, quelques minutes avant commençait à atteindre son fils.
Comme si cette nostalgie ne pouvait amener qu'à se morfondre, à chercher la mort même pour rejoindre la femme. Son fils est sa raison d'être. Son feu à lui.
L'univers visuel est poussièreux, funèbre, et les sons jaillisant d'on ne sait ou prolongent l'effet d'enfer sur Terre. Une sorte de "Mordor" (le Seigneur des anneaux) avec des bruits sourds au loin comme des arbres s'écroulant, sans flide de vie, ou des feux se déclarant ic ou là comme si le Diable lui-même avait un plan.
Face à toute cette ambiance plombante il y a les "méchants" : survivants cannibales. On ne les voit que 2-3 fois et c'est terrible. Quasiment pas de dialogues de leur part, mais ils font peur.
Le film possède à ce niveau-là (violence du film) des hors champs poignant comme les cannibales qui attrapent une fille et sa petite gosse ou encore dans la maison quand on entend les cris d'un type qui est sans doute entrain de se faire "cuir"? ou dépecer ou frapper ou que sais-je...
Le bon en arrière pour l'humain. Retour à la barbarie. Plus d'animaux, plus de cultures, les arbres tombent. Que faire? L'instinct de survie amènera de toute façon à se poser la question du cannibalisme mais l'étincelle au fond de ceetains hommes leur fera suivre une autre voie. Le peu d'humanité qu'ils gardent en eux les sauvent.
Il y a des plans marquants comme Viggo et son fils cachés derrière un vestige sylvestre : le père tient son fils dans les bras mais avec sa main droite il pointe le pistolet sur le crâne de son fils pendant que les cannibales sont à leur recherche avec des torches, sous un ciel crépusculaire....Geste désespéré de sauver son fils d'une mort atroce.
Le monde n'a plus d'espoir. Le monde est gris, sans vie, sans personnes. Le peu de rencontre se fait dans la peur, la paranoïa, l'asociabilité; chacun cherchant à survivre par lui-même, sans l'aide que quiconque pourrait le trahir.
Tout au long du film le père devient presque ce qu'il rejetait tant. Il perd son humanité avec le vieillard, le black vers la fin...personnage touchant dont la solitude n'égale que la pauvreté et le désespoir comme on le voit soulevé son couterau de manière malhabile , face à un flingue. Bavant même par la suite et geignant, le protagoniste bouleverse. ON en veut au père de le faire se déshabiller et ne rien lui donner. Heureusement le gamin intervient. Nouvelles notions de vie que le père accepte finalement.
L'intérêt porté à la vie, à l'autre (quand le gosse aperçoit l'autre gami net veut à tout prix lui courir après, le voir, lui parler) et l'usure , la force, le père, fermé , parano, ne souhaitant que sauver sa peau et celle de son fils.
C'est le gamin qui porte désormais le feu. Le père est trop vieux, usé, désabusé, sec comme un coup de trique, et malade. Très malade. Avec le temps il s'est forgé une paranoïa et un instinct de survie propre non pas à l'homme ni à l'animal mais à l'égoïsme purement personnifié. Un tel instinct le ferait survivre 1000ans mais combien de personne n'aurait-il pas aidé en retour sur son chemin?...
Niveau cadrages on a le strict minimum sans tomber dans les effets de styles à deux balles. Ici on reste sobre, comme le style du roman. C'est au niveau de la photographie (ambiance, éclairage) et au niveau costumes, décors puis musical que le film prend sa patte, son essence.
Pour les acteurs, je pense qu'on peut dire que c'est le second meilleur rôle de Viggo Mortensen après The Indian Runner mais avant Aragorn. Le physique il l'a pour un tel film, un tel personnage.
Le gamin est excellent aussi.
Voilà enfin le film post-apocalyptique que l'on, attendait depuis des décennies. C'est ce qu'aurait du être "I am legend". Avec Children of Men on a là deux chef d'oeuvres du genre.
The Road porte le feu, l'étincelle d'espoir et on peut dire que la fin baigne sous une douce lumière. Rien ne change certes. Le gris est toujours là. Les animaux sont toujours morts. Le feu dévore encore tout de temps en temps. Mais le garçon est une évolution du père. Une autre génération d'homme "humain" qui trouve une famille qui avait les mêmes principes que le père. Le scarabée vivant peut aussi connoter un probable changement qui aura lieu plus tard.
Le film se complait dans une lenteur qui la rapproche de celle de "The assassination of Jesse James" (surtout grâce à la bo de Nick Cave sur les deux films) et une plombance porche d'un 1984 par moment.
On ne peut pas reprocher ces facteurs au film. Déjà parce que ça respecte le roman (le film ne livre rien de "plus" que le bouquin mais le retranscrit quasiment ) et aussi parce ça colle à l'univers, aux personnages, leurs psychologies du moment. C'est très rare de voir un film de ce genre sans clichés, sans dialogues bidons, héroïsme Ici tout est ultra réaliste, moche, sombre, gris, désespéré et les cannibales sont de simples hommes. On atteint un degré totalement nouveau en matière de cinéma post-apocalyptique.
C'est du détail mais ya une scène que j'adore parce que c'est réaliste à mort : Viggo fait bouillir de l'eau et la verse dans une demi bouteille d'eau en plastique dans lequel i la mis un chiffon. Ca va filtrer l'eau. C'est comme ça qu'on la purifie si on a pas de pastilles.
Bref, la fin porte le feu, l'espoir, l'étincelle.
C'est bourré de séquences émouvantes (dont la seule du film où on est content pour les personnages : la cave avec la bouffe, le tabac, l'alcool, le bain.. ou celle de la canette de coca).
Le film est désormais dans mon top 10.
9.5/10.