Vu dans le cadre du SMIHFF 2009.
Produit par la boîte de Zemeckis Dark Castle (13 Fantômes, Le Vaisseau de l'angoisse, Gothika... quasiment que du mauvais film), avec un synopsis pas vraiment excitant et jouant dans la grande cour des slashers, genre ultra balisé où l'originalité est devenue bien rare, The Hills Run Red n'avait rien pour plaire. Le réalisateur, avant tout monteur pour de sombres direct-to-video et auteur du "scénario" de House of the Dead, la purge sans nom d'Uwe Boll, et qui avait réalisé un Les Morts Haïssent les Vivants qu'il vaut mieux oublier, non plus... On entre donc dans la salle avec une certaine appréhension, d'autant plus que c'est le second film d'une longue soirée de projection... et les premières images dissipent tous les doutes en quelques minutes, une intro montée super cut avec une scène d'auto-mutilation d'un gamin carrément dégueulasse... Dark Castle tient là son premier bon film?? Et bien oui, encore une excellente surprise!
Pourtant après ce pré-générique d'une efficacité redoutable, on s'ennuie un peu. Une longue exposition qui vient nous présenter les quelques personnages (3+1) et le film dans le film qui sera au centre de l'intrigue. En effet le film se pose comme une sorte de mélange improbable entre Massacre à la Tronçonneuse, Vendredi 13 et le Projet Blair Witch... Toujours est-il que cette exposition n'est pas super maîtrisée, en grande partie à cause des acteurs relativement mauvais. On sortira de notre torpeur à l'apparition de Sophie Monk qui interprète Alexa, fille du réalisateur du film perdu devenue stripteaseuse camée, c'est l'occasion pour Dave Parker ne nous offrir des scènes de nudité complètement gratuites (même si pas désagréables du tout).
On sent bien que le réalisateur cherche à se démarquer du genre, en particulier à travers les dialogues au ton cynique à propos des slashers, mais il faut avouer qu'il tombe exactement dans ce dont il semble se moquer... Quoiqu'il en soit c'est à l'apparition des rednecks dans les bois (THE cliché quand même!) que le film décolle vraiment car c'est le moment choisi pour faire apparaître de Babyface, le méchant boogeyman hyper réussi, à la croisée des chemins entre Leatherface et Jason Voorhees sauf qu'il porte un masque de bébé aussi effrayant que ridicule. A son arrivée, les hostilités sont véritablement lancées et les quelques plans furtifs de sauvagerie auxquels on avait droit jusque là viennent carrément remplir l'écran pour notre plus grand plaisir sadique!
Alors bien entendu, on reste dans un slasher donc tout ça ne vole pas bien haut et on voit venir à peu près tout ce qui se passe à des kilomètres. Pourtant on sent en permanence une volonté de dynamiter le genre en versant dans la cruauté extrême (des tortures bien sadiques, la chambre froide de TCSM où les carrés de viande bovine sont remplacés par des cadavres humains...) et de ne pas tomber dans la citation outrancière. Parfois ça fonctionne, parfois moins mais si on aime le genre on tient là le haut du panier, loin au-dessus du dernier gros slasher arrivé chez nous, le remake de Vendredi 13, qui a eu droit à une sortie en fanfare alors qu'il n'arrive pas à la cheville de ce Hills Run Red. En plus le réalisateur nous pose quelques clins d'oeil pour une fois discrets et bien sentis qui nous prouvent que c'est un amoureux du bon cinéma de genre, par exemple avec cette scène où Serina ressort d'un fût rempli d'hémoglobine et qui renvoie directement à The Descent.
Malheureusement on n'évite pas quelques écueils, comme Babyface qui semble dotée d'une force surhumaine (chose ouvertement critiquée dans les dialogues et incohérente quand on connaît son identité), des scènes qui tombent à plat ou qui versent dans un humour qui n'a pas sa place (le coup des fumigènes... on croirait presque un clin d'oeil à Indiana Jones et le Temple Maudit), bref quelques défauts assez majeurs qui empêchent le film d'atteindre la pure réussite. Mais à côté de ça, on a droit à un film généreux, parfois jouissif et qui en une scène réussit à nous surprendre pour de bon: quand Serina cherche à amadouer Babyface en lui chantant une berceuse, on se dit que ça va tomber dans la facilité et non, c'est avec l'intro le moment le plus jouissif!
Sur le plan de la mise en scène c'est du sérieux, efficace. Quelques beaux plans, une utilisation judicieuse de la vue subjective... on pourrait juste lui reprocher d'abuser de séquences au montage épileptique, c'est efficace sur le moment mais ça saoule vite. Un autre bon point vient de la présence de l'acteur William Sadler (vu dans The Mist) et sa folie furieuse contenue. Le final vient boucler le film de bien belle manière, après le gros carnage inévitable et attendu on termine sur un plan à la fois hyper pessimiste et qui laisse l'opportunité d'une suite.
Alors c'est vrai que The Hills Run Red ne brille pas par son originalité toute relative, mais il contient des fulgurances, de belles idées et un bon gros boogeyman bien sadique (violeur en plus) associé à une femme fatale qui nous rappellerait presque Baby Firefly. Tout cela en fait un slasher tout à fait recommandable que les amateurs sauront apprécier à sa juste valeur.