Pat Garrett & Billy the Kid Sam Peckinpah - 1973
"Why don't you kill him
*why ? He's my friend"
Chef d'oeuvre ultime et intemporel de Peckinpah, qui propose ici sa vision de la rencontre entre 2 figures mythique de l'ouest.
Un western mélancolique, crépusculaire, lyrique, limite contemplatif (le film a un coté succession de tableau où le récit avance via la mort des personnages), avec une traque qui se fait sur un rythme tranquille, les 2 hommes ne sont pas pressé (ils ont 2 scènes en commun l'intro et la fin), ils prennent le temps de vivre ( le récit alternant entre les 2 personnages presque désincarné, par contre on sent bien que Peckinpah se concentre plus sur Pat, un anti héros très Peckinpien profondément torturé par la tâche qu'il doit accomplir ), tout le contraire de ce que voulait le studio MGM qui voulait un Wild Bunch 2.
La grosse originalité du film c'est qu'ici chaque affrontement (ou presque) met en scène des anciens amis, ou du moins des mecs qui à un moment donné on été du même coté.
Visuellement c'est le plus beau film de Peckinpah, filmé dans décors naturel magnifique, il livre ici ses scènes les plus touchante ( comme quoi même sous l'emprise de l'alcool Sam reste The Man, quoique on a bien l'impression que certains acteurs sont eux aussi sous l'emprise de certaines substance illicite).
Des l'introduction on est subjugué par la beauté du film, la couleur du flash foward est vraiment magnifique, puis en montage alterné on nous montre la mort de Pat et la mort de véritable poule qui se prenne des bastos dans la tête, ça annonce la couleur : des têtes vont tomber.
Le film est une merveille de bout en bout et réserve des moments de pure beauté : la scène de mort au bord de l'eau sur Knocking on Heaven's Door dans le genre c'est juste ultime avec l'homme entrain de mourir regardant sa femme sans dire un seul mot.
On y retrouve aussi la violence habituelle de ses films avec emploi des ralentis et brusque changement de caméra, du sang a chaque impact de balles : la scène de l'évasion de Billy c'est une mise en scène de génie ( le plan sur le plomb qui part ça tue dans tout les sens du termes ), la mort du gros adjoint ponctué d'une ligne de dialogue carrément génial : "He's kill me too", en 2 mouvements de caméra, Peckinpah fait comprendre à tout le monde comment ça va se passer : ""There's a buck-sixty in old Bob if you can dig it out."
Chaque scène de mort se révèlera unique, particulièrement travaillée et terriblement marquante, on sent une terrible humanité à chaque fois, car comme dit plus haut c'est des anciens amis qui doivent s'entretuer pendant tout le film.
Comme on est dans l'ouest version Peckinpah ici l'honneur on connait pas ( Billy encore moins ), même si les hommes se respectent ( un peu ), ça se tire dans le dos on a même un duel ou les 2 tireurs trichent ( l'un mieux que l'autre ), la scène qui précède ce duel est génial une fois de plus. Ca parle beaucoup avant de tirer.
Le duel final tant attendu arrive enfin, vu qu'on est chez Peckinpah on imagine quelque chose d'épique et d'ultime et là paf y te sort une scène stupéfiante de sobriété une fois de plus au rythme très lent ou les persos prennent leur temps ( voir Garrett qui s'assoit tranquillement sur la balancelle ), le silence est tétanisant, la nuit est magnifique puis arrive THE duel ( bon y a bien entendu aucune surprise ) et c'est juste la perfection avec Garrett qui se voit dans le miroir et se tue, il n'aime pas ce qu'il est devenu.
Kriss Kristofferson, bien qu'un peu vieux pour le rôle ( bein oue le kid il est mort à 21 ans et il fait bien gamin sur les photos ), est parfait, il campe un Kid loin des représentations habituel ( la dernière en date étant Emilio Estevez déchainé dans Young Guns ), il est calme, n'a pas une parole plus haute que l'autre ce qui ne l'empêche pas d'être sans pitié et de sacrifier ses camarades.
James Coburn dans le rôle de Garrett ( rôle refusé par Charlton Heston, Paul Newman, Henry Fonda et Robert Mitchum ) livre ici vraiment une des ces toutes meilleures prestations, il est parfait en Garrett désabusé par la vie qui refuse de vieillir ( voir la scène chez le barbier ou l'orgie avec les putes ), on sent vraiment l'amitié qu'il porte au Kid, mais leur 2 chemins de vie ayant pris des routes différentes, l'un ayant décidé de rentrer dans le rang de la civilisation et d'obéir aux riches fermiers, l'autre préférant sa liberté ( un anarchiste avant l'heure ) chose qu'on comprendra en une seul phrase :
"It feels like... times have changed.
-Times, maybe. Not me"
Peckinpah ou l'art de la concision.
Dans les seconds rôles on retrouve les habitués de Peckinpah : Emilio Fernandez, Jason Robards, Jorge Russek, R.G. Armstrong, mais le casting réserve une surprise de taille en la personne de Bob Dylan que Peckinpah ne voulait pas au début du tournage ( mais apres une soirée de beuverie il a été convaincu ), en plus de livrer une performance plutôt sympa (chouette charisme de ce perso mystérieux), il livre ici une PUTAIN de BO, magnifique, qui transcende le film ( vraiment avec une autre BO le film aurait surement été moins marquant, ça lui donne une touche tellement particulière ).
Un chef d'oeuvre bercé par le doux parfum omniprésent de la mort qui marque la fin d'une époque.
10/10
( seulement mon 3 eme de l'année )