par Niko06 » Mer 30 Sep 2009, 09:56
Lu sur le Monde, excellent article d'Alexandre Tylski:
Ne jugez pas Polanski à l'emporte-pièce !
Cinéastes, acteurs et producteurs français, polonais, italiens, espagnols et américains soutiennent d'une seule voix le doyen Roman Polanski, et son demi-siècle de carrière comme acteur et metteur en scène. Il ne s'agirait pourtant pas que cette émotion, si légitime, sincère et unanime soit-elle, fasse croire à un homme privilégié et immunisé de tout par sa notoriété et par son génie reconnu. Car c'est le contraire qui se produit hélas !
On ne peut ainsi que déplorer de lire et d'entendre dans les témoignages et les médias, en France et à l'étranger, un certain nombre de jugements à l'emporte-pièce faisant passer Polanski pour une star au-dessus des lois. On entend parler d'"inégalité", mais aussi de "viol" et de "fuite devant ses responsabilités", alors que l'homme a été condamné pour "relation illégale" et a purgé sa peine de prison. Il quitta les Etats-Unis face à la menace d'un deuxième procès mené par le seul juge Rittenband, ensuite démis de l'affaire à cause de ses dérives et excès de pouvoir.
ACHARNEMENT KAFKAÏEN
Tout le débat réside dans ces seuls constats. Or, dans le brouhaha médiatique, il est toujours difficile de garder la tête froide et d'évoquer simplement les faits. C'est une des vraies batailles concernant cette affaire. Rappelons donc ici deux constats qui se suffisent chacun.
D'abord, Samantha Geimer, l'ex-mannequin avec qui Polanski a eu une relation sexuelle en 1977 (alors qu'elle était âgée de 13 ans), a réclamé plusieurs fois, en vain, l'arrêt des poursuites contre lui. Ainsi, en dépit même de ces tentatives répétées, la machine à broyer ne s'éteint pas, tel un robot géant devenu incontrôlable. Qui plus est, et ce n'est pas rien, des vices de procédure ont été reconnus.
Ces deux seuls faits auraient dû mettre un terme à cette affaire qui perdure depuis trois décennies. Polanski a reconnu les faits, accepté de faire de la prison et a payé une amende de trente et un ans d'exil et d'humiliations publiques et médiatiques. Une sentence largement plus lourde que prévu. Que leur faut-il de plus ? Mais rien n'y fait, cet acharnement kafkaïen dont Polanski fait l'objet depuis les années 1960 se poursuit plus que jamais aujourd'hui avec la propagation massive de propos et d'actes déraisonnables, qui causent des dégâts et troublent la raison et le bon sens.
Le dernier long métrage de Roman Polanski, The Ghost, en salles en 2010, explore justement la recherche d'exactitude des faits, la résurgence des fantômes, mais aussi les coulisses et le pouvoir absolu de certaines administrations. Alors, lorsque quelques-uns réclament un énième procès, il faudrait d'abord leur parler simplement des faits et des procédés.
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