Le 2nd chef d'oeuvre de Mann après Heat?
Les 25 premières minutes sont digne en tout cas : présentation du personnage via un montage anachronique de sa vie, son état d'esprit et son entourage. Lui s'entrainant, gros plans de profil , lui faisant son jogging la nuit dans la rue, lui petit montant dans le bus avec la partie tout au fond "réservée aux Noirs" ou le journal que le vieux lit et Ali qui voit l'article "Lynchage etc..." ou encore sa présence dans une assemblée avec Malcom X au podium déblatérant sa colère etc...etc...tout ça bien évidemment avec une richesse cinématographique ahurissante (150 plans différents (je dis ça au pif hein), beaucoup de mouvements de caméra à l'épaule) et puis là boum t'enchaine sur son combat pour le titre (qu'il gagne forcément) : alors les combats du film sincèrement ils arrachent : C'est MAnn aussi en même temps : Gros plans (que ce soit d'un visage, d'un mollet, d'un ventre essoufflé en sueur, d'une épaule vu de dos avec l'adversaire de face, les prises de vues caméra accrochée à un des acteurs ; les ralentis qui "achèvent" littéralement le spectateur, la sueur qui voltige... on peut dire que ce sont presque les 25 premières minutes d'un film les plus jouissantes avec Saving private Ryan (dans un total autre registre).
Une fois ce punch dans la gueule, l'histoire commence et vu ce que j'ai lu sur Ali, honnêtement, ça me parait très très fidèle. Le boxeur le plus atypique de l'époque, faisant ses propres "promotions" , se vantant lui-même partout, genre de grand animateur pour lui-même ou encore sa grande indépendance dont il se vante tant qu'on pourra remettre en question à cause de son affiliation avec Nation of Islam. Bien sûr par la suite il abandonnera peu à peu ce groupe mais surtout à cause de la mort de Malcom X avec qui il entretenait de bons rapports. Ses rencontres amoureuses désastreuses...Dans le film il aura 2 femmes, 1 conquête finale, mais après un texte stipule qu'il divorcera de celle-ci pour une autre...
L'histoire aussi d'un homme qui refuse son nom d'esclave et préfère accepter un nom musulman venant de Nation of Islam. UN homme qui refusa le Vietnam par principe : "Je n'ai jamais tué de canards ou d'oies..." "Les Vietnamiens ne m'ont jamais insultés de sale Nègre". Cette dernière phrase lui aurait été soufflé par le chef de Nation of Islam...pour le coup ça me déçoit un peu. Mais c'est énorme ça : Le gouvernement qui n'aide pas les minorités, qui s'en fout des Blacks, qui les parquent etc...et quand il y a une guerre hop! on t'appelle et faut y aller. Ali lui dit juste "Non". Même ne dis rien finalement quand on l'appelle pour être incorporé et c'est ce qui le foutra dans la merde un sacré moment.
A l'inverse de Public ennemies qui était creux, vide et qui faisait un peu trop l'apologie d'un gangster, ce "Ali" trace une vie sans jamais dépasser les bornes et trahir la réalité à outrance. Mann montre Ali se faire réprimander par ses proches quand il délaisse la sublime Jade Pinkett à cause de Nation of Islam; on saisit bien que c'était (ça devait) être ambiguë ses relations avec Elijah. Ici, ya du perosnnage exploité et surtout (surtout) bien joué. Smith totalement ahurissant : que ce soit le jeu et la transformation physique de fou ou encore Jamie Foxx vraiment barré,drôle, attachant. Jon Voight dans le film il est introuvable
Ya des séquences touchantes (Ali au Zaïre qui retrouve les racines de son continent, son peuple, qui court avec les gamins et se voit finalement entouré et suivit par une 50aine de personnes : vieux,enfants, ados sur fond de musique Salif Keita, au ralentit, Smith troublé et ému :
Lisa Gerrard ( Dead can dance)à la BOF moi je signe direct :
La fin est vraiment prenante : ce combat où on voit et sent la fatigue des deux combattants ; Ali qui se fait bien dézinguer et à 3m36 sursaut de vigueur , retournement de situation et reconquête du titre de Champion du monde.
Un film sur l'icône sportive : Là où les Noirs se sentent rejetés, sans espoir, il y a le sport et un champion qui refuse d'aller au Vietnam, qui ose tout et dit tout. Les politiques de couleurs assassinés ; les liens entre Blancs et Nation of Islam ; ou encore au Zaïre où tout est pire là bas sans la présence des Blancs pourtant. Une sorte de héros venant du même pays qu'eux mais riche, aimé, dans un autre univers. Quand tout espoir est perdu ailleurs, le sport devient le seul moment de rassemblement, de victoire, de joie, de cris etc...
Bref, caméra à l'épaule HD, passages de nuit granuleux, combats intenses, 25 premières minutes d'anthologie, montage riche en plans et mouvements de caméras, une interprétation en or...Voilà.
9/10.